Les Argonautes éditeur, c'est une jeune maison d'édition indépendante consactrée à la littérature européenne. Quelques titres déjà à son catalogue, à découvrir ici.
Une particularité pour cet éditeur. Il ne publie pas seulement de nouveaux titres, il recommande également des titres européens publiés chez d'autres éditeurs. En cette rentrée littéraire, il propose ainsi 8 titres parus ou à paraître.
Bulgarie au début du XXe siècle, une société pétrie de traditions, de superstitions et de conventions ancestrales. La jeune Miriam, fantasque, indépendante, un peu sorcière, aime Ahmed envers et contre tout. Elle décide de vivre avec lui, puis de le suivre à Istanbul au risque d'en payer le prix fort. Miriam doit se battre à chaque instant pour garder sa liberté : celle d'être une enfant libre et s'épanouir comme elle l'entend, puis comme femme, comme amoureuse et épouser qui elle entend - un homme aussi libre qu'elle -, enfin, comme mère. Mais, rattrapée par les préjugés, elle est confrontée à un choix impossible.
L'histoire racontée par Maria Kassimova-Moisset est celle de sa grand-mère et de son père, telle qu'elle lui a été racontée, telle qu'elle s'en souvient. La narration, qui s'attarde tour à tour sur les différents personnages, est entrecoupée par des dialogues dans lesquels l'autrice interpelle et questionne leurs actes. Créant ainsi un pont avec le lecteur du XXIe siècle
« OÙ EST TA SOEUR ? ».
Depuis que Greta montre des signes de sénilité, Tom découvre chez sa mère une douceur inhabituelle : elle lui raconte son enfance en Prusse orientale, sa fuite vers l'ouest à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et son premier grand amour avec un soldat afro-américain.
Mais quand elle lui pose des questions sur une soeur dont il n'a jamais entendu parler, Tom se rend compte qu'il ne connaît qu'une infime partie de la vie de celle qui l'a élevé.
Avec une tension narrative haletante et une plume tout en émotion, Susanne Abel lève le voile sur le sort des bébés biraciaux nés de l'occupation américaine en Allemagne.
Chaque matin, en allant au marché des Carmélites où il travaille comme journalier, dans un faubourg populaire de Vienne, Robert Simon scrute l'intérieur du café poussiéreux dont il rêve de reprendre la gérance. Encouragé par l'effervescence qui s'est emparée de la ville, en pleine reconstruction vingt ans après la chute du nazisme, il décide, la trentaine venue, de se lancer dans une nouvelle vie. Comme le lui dit sa logeuse, une veuve de guerre : « il faut toujours que l'espoir l'emporte un peu sur le souci. Le contraire serait vraiment idiot, non ? ».
En cette fin d'été 1966, c'est avec un sentiment d'exaltation qu'il remet à neuf le lieu qui va devenir le sien. Homme modeste, de peu de mots, il trouverait prétentieux de lui donner son propre patronyme : ce sera donc le « Café sans nom », où va bientôt se retrouver un petit monde d'habitués. Le succès est tel que Robert ne tarde pas à proposer à Mila, une jeune couturière juste licenciée par son usine, de venir le seconder.
En quelques traits, en quelques images saisissantes, l'écrivain rend terriblement attachantes les figures du quotidien qui viennent, le temps d'un café, d'une bière ou d'un punch, partager leurs espoirs ou leurs vieilles blessures. Et si, au fil des saisons et des années, des histoires d'amour se nouent, bagarres et drames ne sont jamais loin, battant le pouls de la ville.
Robert Seethaler puise en effet l'inspiration de son nouveau et magnifique roman dans l'endroit qui l'a vu naître : ses descriptions de Vienne émergeant des décombres, à l'ombre tutélaire de la Grande Roue du Prater, confèrent aux personnages du Café sans nom, et notamment à celui qui en est l'âme, une tendresse et une saveur bien particulières.
Une jeune artiste retourne dans la petite ville de B., au pied des Carpates, où elle avait passé les étés de son enfance sous le régime communiste. Ces temps ne sont plus, mais le présent n'en est pas plus riant : ses anciennes fréquentations sont tous partis à l'Ouest, et l'usine textile abandonnée. Lorsqu'un corps mutilé est découvert dans la crypte familiale, le lien est vite établi avec Vlad l'Empaleur, alias Dracula.
Tandis que les anciens cadres de B. s'affairent pour tirer profit de cette histoire de vampire, la jeune peintre fait des rencontres nocturnes avec le comte en personne.
Vous n'avez jamais lu un texte comme celui-là !
Une vieille dame enregistre sur un petit magnétophone le journal d'une année de vie en maison de retraite. Sa fille, l'écrivaine Lídia Jorge, retranscrit les textes et leur rend leur force littéraire en suivant les pas de ce personnage extraordinaire qui a gardé une mémoire intacte, une imagination fertile, une curiosité pour les autres et une attention réelle à la beauté du monde, en dialoguant avec la mort comme avec un adversaire légitime.
Ce texte constitue un condensé incroyable de force vitale, de dérision, de révolte et de foi dans la vie. Avec des instants mémorables de la relation entre une mère et sa fille. Tout cela transforme ce récit en un témoignage admirable sur la condition humaine.
Misericordia est une véritable prouesse littéraire. Un récit à la fois brutal, ironique et aimable, un mélange de larmes et de rires qu'on n'oublie pas. Il nous montre une femme exceptionnelle portée par l'immortalité de l'espoir.
Dans les années 1920, en URSS, la famine fait rage dans la région de la Volga. Le gouvernement soviétique met sur pied des convois d'évacuation pour sauver les enfants. C'est l'un de ces trains que l'officier de l'Armée rouge Deïev prend en charge, avec à son bord cinq cents enfants, qu'il doit acheminer de Kazan, la capitale du Tatarstan, jusqu'à Samarcande. Pour atteindre le Turkestan, terre d'abondance épargnée par la famine, il faut faire un long voyage de milliers de kilomètres à travers les forêts de la Volga, les steppes de l'Oural, puis les déserts d'Asie centrale.
Au cours de ce périple, Deïev et ses passagers rencontrent des femmes et des hommes qui les aident et les nourrissent - héros du quotidien, bandits ou fonctionnaires au double visage. Avec la commissaire Blanche et l'infirmier Boug, il tente de protéger les enfants de la faim, de la soif, de la peur et du choléra. Deïev devra faire face aux fantômes de son passé, aux crimes commis au nom du pouvoir soviétique, et à la cruauté de son pays, pour lequel la vie humaine a si peu de valeur. Par son courage et sa bonté, cet homme sauve des centaines de vies ; en s'élevant contre les crimes de l'État soviétique, il montre un chemin possible vers la rédemption.
Dans la lignée des Frères Lehman, Manhattan Project raconte l'invention de l'arme la plus effrayante jamais créée sur terre. Une ballade au coeur d'un réacteur humain où l'adrénaline du compte à rebours alterne avec des tourbillons d'humanité profonde et des éclairs d'ironie typiquement yiddish.
L'histoire commence en 1938 lorsqu'un groupe de jeunes et brillants physiciens juifs hongrois fuient l'Europe de Hitler pour se réfugier aux États-Unis. Effrayés par l'idée que Hitler, qui prépare alors l'Allemagne nazie à la guerre, puisse mettre au point une arme ultime, ils s'unissent pour être les premiers à concevoir la bombe nucléaire tandis que retentissent en Europe les cris des ghettos en flammes.
Lamento est une histoire d'engouement sauvage.
Une complainte hypnotique sur le fait de tomber amoureux.
Mais pour ne pas rester qu'un feu de paille, comment transformer le coup de foudre en un amour durable, en un amour quotidien ?
Vingt ans après la fin de son mariage, une femme écrit pour sa fille l'histoire d'amour dont elle est le fruit, et lui adresse son Lamento, la lamentation sublime d'un désir qui refuse la domestication, d'un coup de foudre trop pétri d'absolu pour résister aux déceptions du temps.
Nous lisons ce roman dans un état proche de la transe et oublions pendant quelques heures le monde qui nous entoure. La transformation de l'amour a rarement été décrite de manière aussi impitoyablement brutale et en même temps aussi lyriquement belle que dans Lamento.
Madame Nielsen est une artiste totale, romancière, performeuse, compositrice, chanteuse multigenrée. Née sous le nom de Claus Beck-Nielsen en 1963 à Aarhus, au Danemark, elle est morte sous cette identité en 2001, et a organisé ses obsèques, pour renaître sous les traits de Madame Nielsen en 2013. Elle a été nominée trois fois pour le Prix de littérature du Conseil nordique, son oeuvre littéraire est traduite en neuf langues.
Pionnière du biographisme performatif et de l'autofiction scandinave, elle nous entraine, dans son sublime Lamento, avec l'absolu et l'audace qui la caractérisent, dans un jeu ouvertement mensonger avec la réalité en imaginant ce que c'était que d'être mariée à l'homme qu'elle était.