Le coup d'Etat du 11 septembre 1973 ajoutait le Chili aux dictatures militaires qui ont sévi en Amérique latine au XXe siècle. Quelques ouvrages permettent de revenir, avec recul, sur cette sombre période,un "état de peur" qu'a aussi vécue l'Argentine, ou ces "années de plomb" (Chumbo) du Brésil.
La collection Quarto (Gallimard) édite à l'occasion de cet anniversaire, un recueil du poète Pablo Neruda, disparu au même moment dans des circonstances obscures.
Cinquante ans après sa mort, Pablo Neruda (1904-1973), Prix Nobel de littérature en 1971, s'impose encore en mythe monumental, en «témoin ardent» des événements politiques qui ont traversé le siècle : guerre d'Espagne, espoir (puis crise) communiste, lutte contre l'impérialisme nord-américain en Amérique latine, arrivée au pouvoir de Salvador Allende... Chaque fois présent, il a donné à entendre sa voix, tant par sa poésie - le Chant général en particulier - que par ses discours devenus célèbres. En faisant de Résidence sur la terre le pivot central d'une oeuvre foisonnante, cette édition propose de retracer la trajectoire poétique et intellectuelle de ce géant, au-delà de la légende, lui qui a participé aux principales mutations artistiques du XX? siècle - avant-gardiste de la première heure, compagnon de route des poètes espagnols de la Génération de 27 et précurseur de la poésie engagée. Son écriture originelle, d'une expression dense et sensuelle, célébrant la matière, basculera vers une simplicité marquée par une vision plus grave et ironique. À travers sa collaboration avec de nombreux artistes (Sergio Larrain, Antonio Quintana, Federico Garcia Lorca, José Venturelli), qu'on découvrira ici, cette écriture se dote encore d'une autre facette, méconnue, tel un miroir tendu par l'auteur, refl étant sa façon d'habiter le monde, de résider sur la terre.
Fille d'exilés politiques chiliens, Verónica n'a jamais connu la répression ou la torture, pourtant elle les ressent jusque dans sa chair. Elle n'a pas grandi dans son pays, pourtant il lui manque cruellement.
Condamnée à vivre des émotions par rebond, nostalgique d'un passé qu'elle n'a pas vécu, c'est une exilée de l'exil. Fille de victimes, elle est aussi la nièce d'un des bourreaux et traîtres les plus connus de la répression chilienne, Miguel Estay, dit El Fanta.
Comment réconcilier ces deux hérédités ?
Dans un essai qui conjugue harmonieusement récit personnel et réflexions, Verónica Estay Stange s'interroge : comment l'héritage de la mémoire affecte ceux qui en sont les dépositaires ? Elle tente de se réapproprier son passé dans une quête passionnante, parfois drôle, souvent émouvante.
Verónica Estay Stange mène une enquête personnelle, philosophique et littéraire aussi intimequ'universelle.
Un hommage aux militants qui ont dû affronter, le 11 septembre 1973, le coup militaire sanglant du Général Pinochet et de ses troupes. Ni livre d'histoire, ni essai théorique, ce récit politique romancé relate cette séquence historique en épousant le point de vue d'acteurs et actrices de la gauche chilienne de l'époque. Parmi eux, celui qui a refusé de capituler jusqu'à son dernier souffle : Salvador Allende. Ce docu-fiction signé par deux figures importantes de la gauche contemporaine est basé sur une solide enquête. 50 ans du coup d'État de Pinochet au Chili le 11 septembre 2023.
Il y a 50 ans, en pleine guerre froide, l'espoir d'une transformation démocratique de la société chilienne, non armée et révolutionnaire, était écrasée dans le sang par la botte militaire du général Pinochet, avec le soutien du gouvernement des États-Unis. Par-delà la cordillère des Andes, (re)découvrir aujourd'hui le gouvernement de Salvador Allende, la « voie chilienne vers le socialisme », la force du mouvement ouvrier, la réforme agraire, les Cordons industriels, le « pouvoir populaire » ou encore la mécanique infernale de la contre-révolution est riche d'enseignements pour comprendre le XXème siècle, mais aussi les défis du monde actuel. Franck Gaudichaud est professeur en histoire et études de l'Amérique latine contemporaine à l'université Toulouse 2. Il a publié de nombreux articles et plusieurs ouvrages sur le Chili et l'Amérique latine contemporaine. Il est collaborateur du Monde Diplomatique, co-président de l'association France Amérique Latine et membre de Contretemps
Depuis la première édition de cet ouvrage, il y a dix ans, à l'occasion de la commémoration des quarante ans de l'assassinat de Salvador Allende, la société chilienne a vécu une période d'intenses bouleversements. L'estadillo, une révolte populaire exceptionnelle qui a commencé à l'automne 2019, a radicalement modifié les rapports de forces régissant le pays depuis la fin de la dictature pinochetiste.
La mise en mouvement de millions de Chiliennes et de Chiliens ravivait le souvenir de la période de l'Unité populaire (1970-1973) qui avait signifié, pour Hernán Ortega, président de la coordination des Cordons industriels de Santiago, « l'aspiration à une société différente, plus démocratique, plus égalitaire, permettant aux travailleurs d'atteindre un développement plein et entier, pas seulement du point de vue économique, mais aussi de celui de l'épanouissement intégral de l'être humain ».
Une page récente de l'histoire du Chili qui permet de (re)lire Venceremos ! sous un nouveau jour. Coordonné par Franck Gaudichaud, Venceremos ! raconte L'Unité populaire vue d'en bas, du point de vue de ceux qui la construisirent et la défendirent, au quotidien. Dans les quartiers pauvres et les usines, dans les organisations de ravitaillement, les comités de voisins, dans les cordons industriels et les commandos communaux, un mot d'ordre résonnait avec toujours plus de force : « Pouvoir populaire ». Et ce pouvoir populaire se construisait, soutenant et critiquant tout à la fois le gouvernement de l'Unité populaire. Quels furent les projets politiques, leurs acquis et leurs faiblesses, les débats et les mythes, leur organisation et leur ampleur ? Que nous disent, cinquante ans plus tard, ces évènement qui firent rêver la gauche internationale ? C'est à ces questions que ce livre s'efforce de répondre en republiant toute une série de documents relatifs à ce pouvoir populaire.
Pour cette seconde édition, deux acteurs du soulèvement de 2019, Karina Nohales, militante anticapitaliste et animatrice de la Coordination féministe du 8 Mars, et Pablo Abufom, éditeur et cofondateur du Centre social de Santiago, font le récit de cette période d'ébullition de 2019. Cet élan renouvelé du peuple chilien a conduit en l'espace de trois années à la défaite du président Piñera, nouvel avatar d'une droite autoritaire et décomplexée n'ayant jamais réellement rompu avec la violence de la dictature ; à l'accession au pouvoir d'une jeune génération militante, dont Gabriel Boric, dirigeant étudiant durant lors du mouvement de 2011 ; à un processus constituant qui se conclura violemment par le rejet des propositions issues du mouvement social en quête d'une sortie institutionnelle. Si le présent ne se fait jamais sans le passé, l'histoire des luttes populaires est toujours un nouveau voyage, s'alimentant sans cesse de la créativité et du dynamisme de celles et ceux qui se battent pour un horizon émancipateur.
11 septembre 1973, Santiago du Chili.
Le coup d'État des Forces Armées chiliennes renverse le président socialiste Salvador Allende. La dominicaine française Nadine Loubet (soeur Odile) prend la plume pour témoigner de l'horreur de la situation depuis les poblaciones de la capitale chilienne.
Fruit d'une longue enquête menée dans les quartiers populaires de Santiago, ce livre retrace l'histoire méconnue de la religieuse française et des femmes engagées à ses côtés contre la dictature civilo militaire (1973 1990). De son arrivée en Amérique latine après la Seconde Guerre mondiale à son engagement dans la résistance anti Pinochet, nous plongeons dans le quotidien de soeur Odile et des réseaux souterrains qui ont fait le choix de défendre les persécutés malgré les risques encourus. Par la désobéissance civile et les actions clandestines, de nombreuses femmes chrétiennes ont combattu sans relâche, pendant dix sept années, l'autoritarisme, la torture et les disparitions forcées. Ces actrices de premier plan n'ont pourtant jamais été entendues et ont même parfois été réduites au silence au sein de leur propre Église. En leur donnant la parole, souvent pour la première fois, ce livre offre une perspective inédite sur un aspect méconnu de la dictature chilienne et rend hommage au courage de ces soeurs de l'ombre.
Pendant une décennie effrayante, Andrew Graham-Yooll fut le rédacteur en chef du Buenos Aires Herald, le réputé quotidien anglophone de la capitale argentine. Autour de lui, régulièrement, amis et connaissances «disparaissaient» sans laisser de traces.
Bien que le moindre faux-pas eût scellé son sort, il ne se démonta pas et s'acharna à rendre compte quotidiennement, dans son journal, de la terreur ambiante. Il assista à des conférences de presse clandestines de la guérilla, dénonça assassinats et intimidations, aida des proches sans nouvelles de l'un des leurs et rencontra même un tortionnaire qui lui fit de sombres confidences.
Un récit édifiant sur la vie quotidienne en Argentine sous la dictature militaire des années 1970, la période la plus noire de l'histoire récente du pays. Une lecture plus que jamais d'actualité en 2022, à l'aune de nos démocraties défiées.
En Argentine, de 1976 à 1983, sous la dictature militaire, 500 bébés ont été arrachés à leurs mères pour être placés dans des familles plus ou moins proches du régime. Plusieurs années après cette tragédie, les grands-mères de ces enfants ne cessent de se battre pour les retrouver. Interpellé par ce drame largement médiatisé, Mario, un jeune homme de 20 ans qui s'interroge sur sa filiation décide d'aller à la rencontre de ses grands-mères accompagné de son ami Santiago et décide de faire un test ADN, Les résultats bouleverseront les vies des deux jeunes gens et de leur entourage. À travers leur quête, on s'interroge sur l'identité, la filiation, la capacité de chacun à se confronter à ses propres bourreaux, à surmonter une trahison et parvenir à envisager un nouvel avenir.