Jon Fosse, Prix Nobel de littérature 2023
Qui est Jon Fosse, cet écrivain norvégien qui vient d'obtenir le Prix Nobel ?
Essayiste, romancier, nouvelliste, poète, auteur de livres pour enfants, c'est essentiellemnt comme dramaturge qu'il est connu. Il a été traduit en 45 langues. En français, on le trouve précisément chez L'Arche éditeur, dont le catalogue est très riche en oeuvres théâtrales. Quant à ses romans, parmi une oeuvre importante, quelques titres sont disponibles, ou en réimpression, aux éditions Circé, aux éditions P.O.L., et chez Christian Bourgois éditeur où son roman L'autre nom, premier volume d'une septologie, sera suivi de Je est un autre, à paraître au printemps 2024.
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L'autre nom : septologie I-II
Jon Fosse
- Christian bourgois
- Litterature Etrangere
- 30 Septembre 2021
- 9782267044713
Nous sommes sur la côte sud-ouest de la Norvège, quelques jours avant Noël. Asle, un peintre veuf, mène une vie recluse ; ses deux amis sont un voisin, Åsleik, un pêcheur traditionnel, et Beyer, son galeriste. À Bjørgvin, la grande ville d'à côté, habite un autre homme du nom de Asle. Lui aussi est peintre, mais vit dans la solitude la plus complète et est alcoolique au point d'y perdre la santé. Pour une raison ou pour une autre, Asle entend ramener son homonyme du côté des vivants.
L'Autre Nom se déroule sur quelques heures de la vie d'un homme confronté aux grandes questions de l'existence : le deuil, la mort, les silences qui nous lient ou nous éloignent les uns des autres. Écrit dans une langue hypnotique et musicale capable d'exprimer les fluctuations les plus subtiles de la conscience, c'est un grand roman qui explore la façon dont nous luttons tous pour garder l'espoir et la foi dans un monde sans transcendance.
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Et la nuit chante ; un jour en été ; variations sur la mort ; hiver
Jon Fosse
- L'arche
- Scene Ouverte
- 3 Décembre 2021
- 9782381980263
Au centre de Et la nuit chante, un couple : lui passe son temps à lire, allongé sur un canapé et voit passer sa carrière d'écrivain qui s'effiloche ; elle désire une autre vie et cherche à s'évader de cette médiocrité du quotidien. Ils ont un bébé et les parents du jeune homme viennent voir leur petit-fils, mais disparaissent aussitôt arrivés. Une nuit, alors qu'elle est sortie en ville, le jeune homme regarde par la fenêtre et attend son retour. L'aurait-elle quitté pour de bon ? La pièce a été adaptée à l'écran par Romuald Karmakar en 2004
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Rêve d'automne : Dors mon petit enfant ; Et jamais nous ne serons séparés ; visites
Jon Fosse
- L'arche
- Scene Ouverte
- 3 Décembre 2021
- 9782381980249
Un cimetière à la fin de l'automne. Un homme et une femme se croisent sur un banc. On devine une relation amoureuse passée - ou à venir ? Autour d'eux tout le monde s'affaire, s'agite, le temps semble s'accélérer, toujours en suspens. Que s'est-il passé ? Des fantômes ou flottements de présences nichés dans les souvenirs, qui évoquent ces « voix des limbes » dont parlait Jacques Lassalle.
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Dans Jeune fille sur un canapé, présent et passé se confondent. Une femme peint un portrait d'elle-même plus jeune, assise sur un canapé. De là surgit un cortège de figures hantées par leurs souvenirs. Des scènes de jalousie et de défiance se succèdent, entre mère et soeurs. Cette toile, miroir illusoire d'une jeunesse éternelle ou exutoire d'une enfance meurtrie, revêt une étrange puissance.
Dans un espace onirique habité par des voix, Ces yeux de´vide l'écheveau de souvenirs d'un Homme et d'une Femme, invités par une ombre, devenus vieux, à la rejoindre dans son royaume. Présence sonore obsédante, ces voix habitent le monde sans jamais le quitter. -
Kristoffer a huit ans. Le soir au coucher, il reste souvent éveillé, préoccupé par l'univers. Celui-ci a-t-il une fin ? S'il n'y a rien, qu'y a-t-il pour autant ? Tout ne peut pas continuer comme ça à l'infini, et rien ne peut pas être rien. L'univers a-t-il ou non un bord ? Ce soir-là, son père lui vient en aide. Il lui parle de Kant, ce philosophe qui l'a aidé à comprendre pourquoi on ne peut pas tout comprendre. Kant, ou « bord » en norvégien...
Outre l'histoire de Kristoffer, ce volume rassemble trois autres textes de Jon Fosse pour la jeunesse. Chaque histoire raconte avec une voix d'enfant des péripéties que les adultes ne sont plus à même de comprendre : le chapardage d'une banane, une expédition à la cave, le franchissement des barrières du jardin.
Ce recueil est composé des textes suivants :
Si lentement (Uendeleg seint, traduction Terje Sinding).
Kant (Kant, traduction Terje Sinding).
Noir et humide (Vått og svart, traduction Terje Sinding).
Petite Soeur (Søster, traduction Terje Sinding).
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Au tomber de la nuit se présente comme une suite d'Insomnie et des Rêves d'Olav. Nous y découvrons la vieille Ales, fille d'Alida. À travers elle, nous apprenons ce qu'il est advenu d'Alida et d'Asle, le couple qui a sacrifié sa conscience à son amour. Asle a été pendu à Bjørgvin. Alida a suivi son compatriote Åsleik ; avec son jeune fils Sigvald, elle est retournée à Dylgja, le village qu'Asle et elle avait fui autrefois.
Insomnie, Les Rêves d'Olaf et Au tomber de la nuit forment un triptyque qui a en tant que tel obtenu le grand prix de littérature du Conseil nordique en 2015.
Dans les trois romans on rencontre une écriture très épurée, minimale, répétitive avec d'infimes variations. La langue est banale, l'intrigue est pauvre, quasiment absente, l'ensemble paraît très simple.
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Je suis le vent ; les jours s'en vont
Jon Fosse
- L'arche
- Scene Ouverte
- 26 Novembre 2010
- 9782851817327
L'Un et L'Autre sont à bord d'un bateau imaginaire. On devine en filigrane Homère, les îles grecques, la Méditerranée. Cette mer toujours présente dans Je suis le vent est à l'image de la vie et de la mort, complices inséparables. Sur le pont, les personnages bégaient, s'essoufflent, s'interrogent et nous interrogent. Comment parler de l'absence sinon sur le mode de l'ellipse ?
Les jours s'en vont évoque cet instant ténu qui succède au sommeil et précède la conscience. Entre passé et présent, entre la vie et la mort, notre existence serait-elle différente si nous avions suivi une autre option ? Sur scène, une déambulation de couples multiplie les possibilités, les équations. Un landau passe. Improbable ballet. Les héros sont réduits à l'essentiel : l'écoulement du temps. Jon Fosse sait donner à ses textes une étrange tonalité qui n'appartient qu'à lui. Ces deux pièces se construisent sur un enchaînement musical de relations, elles sont dans la vie : le présent y est traversé par le passé et le futur, dans le flux et le reflux de la parole. Ses pièces ont été représentées dans plus de neuf cent mises en scène à travers le monde et sont traduites, de l'albanais au tibétain, dans une quarantaine de langues.
Les jours s'en vont a reçu le prix du théâtre nordique en 2006 et Je suis le vent sera créé en avril 2011 au Théâtre de la Ville (Paris), en partenariat avec le Young Vic de Londres, dans une mise en scène de Patrice Chéreau.
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Les pièces de Jon Fosse dégagent une lumière très particulière qui rappelle celle des peintres scandinaves. Une lumière blafarde, comme à l'occasion d'une éclipse de soleil qui, néanmoins, fait clairement apparaître les contours des personnages et des objets.
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Un jeune homme marche dans les rues d'une ville, avec une couverture sous le bras. Envers et contre tout, il tente de conserver sa dignité. Fantasmes, souvenirs, projections, réalité et rêves s'enchevêtrent. Lorsqu'il rencontre " Ylajali ", une jeune femme mystérieuse, son existence prend un virage : il voit en elle une sorte d'amour idéal et de lumière. Entre eux se met en place un drame souterrain, une danse lancinante.
Texte contemporain et objet poétique, fruit de la rencontre entre deux écrivains norvégiens, Jon Fosse et Knut Hamsun, Ylajali est une oeuvre forte et originale. Faim, roman populaire et emblématique de Hamsun, dont la pièce est issue, date de 1890. Il a marqué des générations entières. Il s'intéresse aux déboires d'un jeune homme en colère contre la misère et l'environnement urbain, luttant contre la faim et les troubles intellectuels qui en résultent. Jon Fosse extrait le noyau du roman pour en faire une odyssée intérieure dans laquelle les ombres de Beckett, Bernhard, Kafka ou Dostoïevski sont convoquées. Qui est Ylajali ? La faim elle-même ? Et d'où vient notre faim ?
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Le fou de bassan, c'est le nom du bateau, et lui il est chien de bateau.
Oui c'est lui, le célèbre chien de bateau du caboteur le fou de bassan, c'est lui et personne d'autre, se dit avec satisfaction le chien de bateau haktor, et il frappe doucement le plancher avec sa queue, alors qu'il est couché aux pieds du capitaine phosphore dans la timonerie du caboteur qui navigue tranquillement de villes en villages sur un fjord quelconque avec sa cargaison de sable et gravier.
Le capitaine déjà un peu fatigué et las du train-train quotidien sur son bateau aimerait un peu de distraction. un deuxième chien n'interromprait-il pas la monotonie des vagues qui se soulèvent et s'abaissent à l'horizon ? et puis, pense-t-il, quand il y a deux chiens à bord, un mâle et une femelle, ils finissent en général par faire des chiots, et des chiots ça peut se vendre ! haktor n'en croit pas ses oreilles.
Encore un capitaine qui pense pouvoir régler l'addition sans se soucier de l'avis de son chien.
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Dans Insomnie, Alida et Asle arrivent à Bjørgvin, où Alida donne naissance à un enfant. Dans les Rêves d'Olav, ils quittent la ville. Asle, qui préfère maintenant s'appeler Olav, veut cependant retourner à Bjørgvin pour acheter un cadeau à Alida. Mais les choses vont se passer autrement qu'il ne l'avait rêvé. Les Rêves d'Olav est un récit onirique, inquiétant et claustrophobe, rappelant les paraboles bibliques. C'est aussi une magnifique histoire d'amour entre deux jeunes gens. Une histoire où tout est à la fois simple et grandiose.
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« Un thriller aux échos bibliques. Une magnifique histoire d'amour aux résonances terribles. (.) Un couple marche dans les rues. Étrangers, ils viennent d'arriver en ville. Tout ce qu'ils possèdent tient dans deux ballots. Ils sont jeunes. Elle est enceinte. Bientôt, elle va accoucher.
Ils n'ont nulle part où loger. Personne ne veut les accueillir. Il fait froid et il pleut. (.) Le récit est bâti autour de quelques péripéties qui sont autant de faits marquants dans la vie du jeune couple. Mais, soudain, quelque chose nous est caché. Quelque chose qui vient de se passer. Le lecteur n'y fait pas attention, mais dans sa tête une dissonance continue de vibrer. Jusqu'au moment où cela se reproduit et qu'il comprend. L'effet est saisissant ; il porte la marque d'un écrivain maître de son art. Et le non-dit nous fait deviner une autre histoire : l'émouvant roman d'amour de deux jeunes réprouvés se teinte soudain d'une noirceur que nous ne faisons qu'entrevoir. » Andreas Wiese, Dagbladet.
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"...
Et à côté du poisson il y a le tableau que Lars a peint, un homme à cheval, et puis quelque collines, et tout est peint en jaune et en marron, et un jour Lars lui a couru après et il lui a donné ce tableau, et elle ne lui a peut-être même pas dit merci, se dit Oline, et d'ailleurs elle a dû penser que ce n'était grand-chose, ce tableau, ce n'était que des gribouillages, a-t-elle dû penser, mais elle l'a quand même pris et elle l'a accroché là, au petit coin, et il est resté là pendant toutes ces années, se dit Oline, et petit à petit elle a fini par le trouver beau, et elle croit même qu'elle comprend ce que Lars a voulu exprimer avec ce tableau, oui elle le comprend, mais de là à le dire ! de là à dire ce qu'il a voulu exprimer ! ça elle n'y arrivera pas, et de toute façon elle aurait tort de vouloir le dire, car si elle pouvait le dire ça n'aurait servi à rien que Lars ait peint ce tableau, bien sûr, se dit Oline, mais le tableau il est beau, même si ce n'est que du gribouillage, le tableau est beau, parce que c'est Lars qui l'a peint, c'est un beau tableau, voilà ce qu'elle pense, et si quelqu'un d'autre que Lars l'avait peint, elle ne l'aurait sûrement pas trouvé beau, se dit Oline, mais maintenant elle le trouve si beau, ce tableau, qu'elle a presque les larmes aux yeux quand elle le regarde...
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Le héros de ce roman, Lars Hertervig (1830-1902), est aujourd'hui considéré comme un des plus grands noms de la peinture nordique. Très tôt, dès ses études à Düsseldorf, il fut victime de troubles nerveux. Après un séjour en asile, brisé, il vécut jusqu'à sa mort de charité publique. Comme s'il tentait de capter cette lumière qui illumine les toiles du peintre, avec une grande économie de moyens, une sorte de minimalisme emporté, Jon Fosse fait revivre le martyre d'Hertervig en deux monologues intérieurs où une écriture enveloppante, répétitive, rythmée, développe jusqu'à l'angoisse l'obsession amoureuse et la tresse cruellement à la volonté créatrice.