Dans ce texte fulgurant, Friederich rétablit les origines de la doctrine transhumaniste au sein de l'histoire des idées, afin de désamorcer la "coupure historique" que celle-ci tente d'initier. Ce faisant, il dénonce cette idéologie nouvelle qui tente d'améliorer grâce aux sciences la condition humaine mais ne fait que relever à ses yeux d'une profonde inhumanité. Il débusque notamment les procédés invisibles auxquels les "technoprophètes", comme il les qualifie, ont recours pour parvenir à leur fin. Sa critique se double par conséquent d'une dénonciation du capitalisme, dont le transhumanisme est entièrement tributaire. En s'attachant au corps seul, en niant l'esprit, le transhumanisme apparaît comme une dégénérescence du projet philosophique d'émancipation de l'homme.
Alexandre Friederich a vécu vingt ans à l'étranger avant d'entreprendre des études de philosophie à l'université de Genève. Colleur d'affiches et cycliste, il vit actuellement entre Fribourg, l'Italie, l'Espagne et Mexico. Il a publié aux éditions Allia easyJet en 2014 puis Fordetroiten 2015.
Écrire, c'est d'abord s'asseoir. Plutôt que de s'asseoir devant un bureau, l'auteur a choisi de s'asseoir dans un avion.Cinquante millions de personnes sont transportées chaque année par la compagnie low cost easyJet. Vacances ou travail, toutes entreprennent le voyage dans un but donné. Pour l'auteur au contraire, le transport lui-même a pris le pas sur la destination. Alexandre Friederich a décidé de rejoindre en vingt jours dix-sept destinations, ainsi reliées de façon arbitraire. Son objectif : passer le plus de temps possible à bord des avions. Avec l'acuité du sociologue et la verve réjouissante de l'ironiste, il relate dans easyJet cette expérience, met en évidence le caractère aberrant d'un système qui infantilise l'homme, le transforme en marchandise ou l'humilie au nom de sa sécurité.Lire easyJet, c'est peut-être se prémunir mais c'est aussi entrevoir la fin d'un modèle, celui du low cost et, avec lui, du voyage.
Autrefois métropole trépidante, Détroit forme aujourd'hui un décor de carton-pâte. Entièrement dévastée, elle répond désormais aux besoins de l'industrie du cinéma, ou bien de photographes néo-romantiques, en arrêt devant ces splendides ruines postindustrielles. Alexandre Friederich a choisi, lui, de pénétrer, par la petite porte, si désertée soit-elle, de s'y installer momentanément, de se laisser absorber par cette ville anthropophage. Détroit lui a inspiré un texte fulgurant, mi-récit d'aventure mi-reportage, forme qui lui permet, insidieusement, d'écrire un véritable roman d'anticipation. Puisque la fin du monde a déjà eu lieu ici, tentons de voir dans cet espace-laboratoire ce qu'il en reste. Quelle forme de vie est encore possible après la faillite d'une cité entière, autrefois théâtre d''un essor économique sans précédent ? La débrouille à petite échelle, l'autogestion localisée. L'auteur décrit avec humour ces menus bricolages, ces petits potagers, ces traces aussi insignifiantes que significatives d'une vie en devenir. Enfourchant son Roadster (d'occasion), il recherche moins les vestiges du passé que la présence. La fascination pour la ville-fantôme cède devant celle de ses habitants en chair et en os, âmes égarées, voyous, buveurs, ouvriers, chômeurs et autres éclopés du Henry Ford Hospital. À la grandiloquence des images de dévastation, il préfère la trivialité d'instants ou de conversations volés, sauvés de l'oubli - une mère ébahie devant son enfant, soi-disant précoce, les recommandations littéraires d'un ancien pousse-caddie ou Lee et sa sombre histoire de lapins. Détroit forme une maquette à grande échelle du monde à venir. Ce livre en est la parabole.