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Jean Cau
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Pendant quelques mois, Jean Cau a suivi les principales vedettes de la tauromachie dans leur campagne 1960, en Espagne et en France. Le récit qu'il nous donne tient, selon lui, du 'reportage', de la 'chronique' et de la 'conversation libre'.
Un des aspects de ce récit, qui a fait date dans la vision et l'histoire de la tauromachie, consiste dans la relation des 'corridas' de Dominguin, Ordoñez, Camino, Ostos, etc., à Séville, Madrid, Barcelone, Pampelune, Salamanque, Mont-de-Marsan, Bayonne, Béziers, etc. Il s'agit là, tout à la fois, d'un reportage, d'une chronique, de notations prises sur le vif, de réflexions, d'un miroir de la tauromachie en lequel se reflètent ses ombres parfois grises et ses lumières toujours éclatantes. Et l'autre titre du livre pourrait être : 'Voyage à l'intérieur du monde de la tauromachie', monde grouillant et complice où le courage se mêle au picaresque, les rivalités aux combinaisons, le désordre 'à l'espagnole' aux rites les plus stricts. Mais, toujours, la passion de l'auteur reste intacte à l'égard de la Fiesta qui consiste, selon lui, 'à croire au Père Noël et, chaque après-midi, vers les cinq heures, à aller à ses rendez-vous'. -
'Trois terroristes ont pris neuf personnes en otage, sept hommes et deux femmes, et les ont parquées dans un bureau.
En vérité, ce livre, que j'ai écrit à l'écoute angoissée de notre époque, est une fable, une allégorie ou, si l'on veut, un mystère. D'où viennent ces trois terroristes implacables? Qui sont-ils? Que veulent-ils? Je ne le sais pas. Mon unique certitude c'est qu'ils sont là, prêts à tuer, et que j'ai écrit ce livre sous leurs regards et la menace de leurs armes.
Et, à la fin, qui - dans ce monde et dans l'autre - est terroriste et qui est otage? Qui terrorise et qui est terrorisé? Qui nous séquestre dans le royaume de la terreur? Comment s'en évader - et pour aller où? Je me le demande dans ce livre clos. Je vous le demande.'
Jean Cau. -
Les Culottes courtes
Jean Cau
- FeniXX réédition numérique (Le Pré aux Clercs)
- 24 Mars 2016
- 9782402050869
«... Le tambour roule, chante, crie, pleure, se calme, s'amuse, caresse, se met en colère, rit. Il est magique sous les baguettes de Joseph. Et les enfants le suivent, durant toute sa tournée. Il y a là les plus fidèles : Pépé, Gégé, Dédé, Titi, Jojo et Dine. Dine, c'est une fille. Les garçons n'en voulaient pas dans leur bande et, au début, ont tout inventé pour la décourager. Ils lui ont tiré les cheveux, marché sur les pieds, ils l'ont pincée et traitée de « fille » et de tout, mais elle a tenu bon, pour rester avec eux, et maintenant ils l'ont adoptée, comme si elle était un garçon. Elle a le nez en l'air, des cheveux noirs, et elle court vite. Toute la bande, chaque jour, suit Joseph jouant du tambour comme s'il était leur chef et le Simplet se prend pour leur général. Il leur crie : « Garde à vous ! En avant marche ! » et tous obéissent. Joseph, c'est le Bon Dieu qui joue du tambour... »
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Ce que le lecteur, s'il existe, lira dans cet amas de signes est, et n'est pas, un essai éclaté, est et n'est pas un journal mais, mises à bout, rien que des rêveries d'écritures Or si, ici ou là, il a entendu, roulant, un collier brisé, le bruit de quelques perles, s'il a entendu quelques notes égrenées sur un piano qui, tel jour, à telle page, était par hasard accordé, s'il a, collant son oreille contre une phrase - une seule phrase peut-être et qui, d'apparence, était de bavardage entendu une voix, qu'il sache que, là, le temps fragile d'un frisson, se cachait mon aveu.
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Tropicanas - de la dictature et de la revolution sous les tropiques
Jean Cau
- Gallimard
- Hors série Littérature
- 1 Avril 2018
- 9782072174209
Jean Cau dans ce récit fait une satire cruelle, truculente et pleine de verve d'une île imaginaire des Caraïbes, de langue espagnole, peuplée d'Indiens, de Noirs et de métis. Son président pèse cent vingt-huit kilos ; il entretient avec soin son adiposité, vénérée par les 'foutus Indiens' et les 'foutus Négros', squelettiques, sur qui il exerce une extravagante dictature. Mais il ne survit pas à la terreur de la Révolution qui le hante et disparaît en se faisant fondre dans un sauna.
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Qui d'entre nous n'a pas la sienne ? Avouée ou dissimulée, rafraîchissante ou lancinante, inattendue ou prévisible, elle se love en nous selon ce que nous sommes et nous exprime en nous rongeant ou en nous émerveillant. La collection IDÉE FIXE donne l'occasion à tous les écrivains d'énoncer sans détours le secret dont ils ont nourri jusqu'ici sournoisement leurs livres. Aucun risque d'appauvrir leur inspiration en vidant leur coeur et leur sac : l'idée fixe a de la ressource et qui croit l'épingler ne fait que lui donner du lustre. A nous donc les essais brillants issus d'humeurs talentueuses et longtemps refoulées. "Pour tout vous dire..." il n'est pas de meilleure promesse aux lecteurs désireux d'en savoir toujours davantage.
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Le chevalier, la mort et le diable
Jean Cau
- La Table ronde (réédition numérique FeniXX)
- 31 Janvier 2019
- 9782710393900
Au coeur de la forêt allemande, les oiseaux se taisent. Les daims, derrière les halliers, tremblent, pétrifiés, sur leurs pattes de verre et, dans le miroir humide de leurs larges yeux aux cils ras, vogue le chevalier de fer et d'effroi. Ils ne bougent pas. La fuite est impossible quand vibre trop aigu - jusqu'à son effilement dans le silence absolu - le cri de cristal de la terreur. Un lièvre aussi le regarde passer dont le coeur tonne plus sourd et cogne plus vite. Un bloc de vie prêt à jaillir. Une peur qui se ramasse pour mieux exploser. L'oiseau, le daim, le lièvre, toutes créatures de panique, tassées au creux de la forêt, regardent passer le chevalier solennel. Le vent lui-même s'est arrêté de souffler et les arbres sont attentifs de toutes leurs feuilles, de tous les noeuds de leur tronc et certainement de toute leur sève qui dans leurs veines se glace. La forêt est cette foule silencieuse qui s'ouvre sur le passage du grand criminel s'avançant vers l'échafaud dressé sur la place, là-bas. Au pied duquel le bourreau et ses aides attendent, bras croisés. Et ils étaient appelés, au XIXe siècle, je ne sais pourquoi : « Les hussards de la veuve »... La foule qui s'ouvre aussi comme marche le héros.
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Le maréchal Pétain et le président du Conseil Paul Reynaud, le généralissime Weygand et le président de la République Albert Lebrun, Hitler, Mussolini et Churchill, Rommel et bien d'autres encore, enfin jetés dans un roman en même temps qu'un lieutenant de vingt-trois ans aux nostalgies de gloire balayées par le désastre, un vieux paysan, une jeune infirme. Tels sont les personnages de Mon lieutenant, livre où l'auteur, bousculant les règles traditionnelles du roman, mêle le récit d'une histoire singulière aux terribles événements d'une époque - le mois de juin 1940 - qui vit la France plongée dans l'une des plus sombres tragédies de son histoire. Alternant magistralement les rythmes, faisant surgir des faits enfouis ou effacés par pieuse amnésie, dessinant au burin d'impitoyables, ou tendres, ou douloureux, ou bouffons « croquis » sur le mode de « choses vues », Jean Cau évoque, remobilise nos mémoires et donne à revivre un réel exact et romanesquement recréé. En contrepoint de la tragédie, qui sert de fond de fresque, monte, comme une romance à la musique retenue, l'histoire particulière du lieutenant Valentin, oublié par la défaite dans un coin de France perdu, où il rencontrera un étrange amour et, à la fin, le sacrifice.
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Une nuit à Saint-Germain-des-Prés
Jean Cau
- Julliard (réédition numérique FeniXX)
- 8 Octobre 2019
- 9782260053958
Saint-Germain-des-Prés : c'était un royaume, clos par une invisible muraille, où nous avons vécu notre après-guerre. Saint-Germain-des-Prés : c'est un champ de ruines couvert de colonnes rompues, de temples détruits et de stèles aux inscriptions à demi effacées. Je m'y suis promené au cours d'une longue nuit et j'y ai suivi la trace d'une étrange créature, faite de chair et de rêves, qui m'a entraîné dans son sillage tout phosphorescent de souvenirs. Alors, je suis devenu le chasseur nocturne d'une proie-fantôme à laquelle ce roman donne le nom de Pierre Montcel, vieil et illustre écrivain auquel je prête un passé où se brouillent les fascinations de cette Iliade que fut notre après-guerre et un présent en forme d'Odyssée dont il est le héros enchanté de mensonge, de secret et de gloire. Et ce fut une longue poursuite qui prenait parfois les allures d'une procession ; et ce fut une obscure corrida au cours de laquelle le toro déchira mon habit. Mais j'ai voulu, avec ce monstre imaginaire, lier une série de passes, une nuit, en plazza de Saint-Germain-des-Prés. Quant à l'estocade, ce n'est rien qu'une tache d'encre qu'elle laisse sur le sable. Rien que ce roman. Enfin, comme le voyageur odysséen, Pierre Montcel s'appelle Personne et, d'ailleurs, ainsi que vous le savez, tous les toros nobles se ressemblent : ils sont noirs.
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Les écuries de l'occident
Jean Cau
- La Table ronde (réédition numérique FeniXX)
- 10 Mai 2019
- 9782710394365
J'ai voulu, dans ce livre écrit par élans et par éclairs, diagnostiquer les raisons du désastre, du désordre et du désespoir qui plie les genoux d'un Occident à bout de souffle, de mythes, de style et de morale. Longtemps j'ai moi-même pensé à l'unisson de notre décadence et j'y ai trouvé toutes les délices et toutes les facilités. Après tout, se laisser rouler par les vagues, même si la mer est polluée, procure d'évidents plaisirs. Un bel avenir de mouton intellectuel bêlant les utopies moralistes du temps m'était ainsi promis. Encore faut-il, au long de ses réflexions, pouvoir se supporter en étranglant chaque matin, à l'aube, des lucidités toujours renaissantes. Le siècle est fou. Fou de lâchetés, de démissions, de mensonges, d'impostures et de laideur, et ce qu'on y appelle « crise de civilisation » n'est en vérité que le refus apeuré de toute hauteur. Je n'en pouvais plus. J'ai voulu témoigner. Il faut tout de même - lorsqu'un temps à venir s'étonnera de nos débâcles - que nos petits-neveux sachent que quelques soldats refusèrent de jeter les armes et de lever les bras.
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La grande prostituée
Jean Cau
- La Table ronde (réédition numérique FeniXX)
- 4 Février 2019
- 9791037102478
Les Dieux (entendez les passions qui nous donneront force non raisonnée de vivre) ne viendront que si nous les méritons. Dans l'état sinistre où nous sommes, je ne peux me demander - et vous demander, à vous, petit nombre - qu'une disposition à les accueillir. Ne pas succomber. Ne pas rompre. Ne pas plier les genoux. Ne pas accepter la défaite qui en nous s'installe. Récuser la laideur qui nous lèche, en vue de jouissances immondes, de sa langue tiède. Dire non pour sauver l'éclat de notre oui. Notre courage, pour l'heure, est solitaire en cette forêt. Que faire ? Défricher. Tracer un sentier et, là-bas, au loin, qui vers nous s'avancera ? Je ne le sais pas. Personne en tout cas si nous ne nous efforçons pas d'ouvrir la voie. Quelqu'un, peut-être, si nous avons battu le sentier et si nous sommes quelques-uns à le garder ouvert afin que les jungles toujours recommencées ne l'engloutissent. Et si nous sommes toujours obligés de tailler et d'élaguer, qu'importe ! J. C.
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Le choc de 1940
Jean Cau
- FeniXX réédition numérique (Paris-Match - Fixot)
- 23 Octobre 2020
- 9782307445173
10 mai 1940. La « Blitzkrieg » jette, sur les routes de France, huit millions d'hommes, de femmes et d'enfants, en un Exode pitoyable et vain. 18 juin 1940. L'espoir renaît : de Londres, le Général De Gaulle vient de lancer l'Appel qui redonne foi aux vaincus.
La « Drôle » de guerre, le drame de Dunkerque, le sabordage de Mers el-Kébir, l'instauration du régime de Vichy et, de Londres, l'Appel qui permettra la création des Forces Françaises Libres...
Jean Cau, dans un texte concis et bouleversant, nous fait revivre les moments forts de ce choc historique, de la Débâcle à l'espoir.
Une exceptionnelle collection de documents photographiques, dont beaucoup d'inédits, ainsi que des témoignages français et allemands, font revivre « ces temps qui furent ceux de notre malheur misérable, mais aussi ceux qui, au coeur de la nuit, virent s'allumer la flamme fragile de l'espérance ». -
Dans la cellule d'une prison - pas plus située géographiquement que dans le temps - se trouvent réunis quatre hommes qui tous ont commis un ou plusieurs crimes : le Docteur, qui est épileptique, doit avoir tué sa femme ; Alex une prostituée ou un de ses amis catcheurs ; Eugène sa femme ou l'amant de celle-ci (ou peut-être ni l'un ni l'autre) ; Match sa mère ou peut·être son beau-père. Chacun des prisonniers évoque des souvenirs et raconte ses "crimes" - qui peuvent être autant de mensonges que de vérités. De plus, il y a une cinquième voix qui raconte, de temps à autre, tel épisode de la vie commune des prisonniers : voix anonyme, inquiétante et froide, sorte de témoin collectif de toutes les tendresses et de toutes les misères rassemblées entre ces quatre murs.
Les prisonniers parlent, se confessent, fabulent, inventent d'étranges jeux. Ils imaginent par exemple des communiqués de nouvelles délirants, prophétiques. Ils
finissent dans une espèce d'osmose. Tout est échangeable - les crimes vrais ou faux, les culpabilités secrètes - et ils arrivent à confondre leur personnalité et leur vie.
L'auteur communique jusqu'à l'angoisse, jusqu'au malaise, et parfois en ayant recours à un humour terrifiant, les sentiments de ses héros. Héros qui ne sont ni innocents, ni coupables, mais victimes à la fois coupables et innocentes de "passions" qui sont, transposées, celles de l'âme et de l'homme moderne en train de tourner en rond dans ses folies. Irresponsables, soumis à la seule "pitié de Dieu" mais tous liés par la solidarité des damnés ou (peut-être) des élus.
Prix Goncourt 1961 -
'Qu'est-ce qu'un adulte sinon l'héritier d'une enfance? Qu'est-ce qu'un adulte sinon le traître et le meurtrier d'un enfant? L'enfant qu'il a été
c'est ce qu'il y a de mieux chez un adulte. L'âge adulte c'est de l'enfance pourrie. Voilà ce que j'ai essayé non pas de décrire ou d'expliquer, mais de dire, en allant tout simplement à la pêche de quelques anciennes émotions, en promenant mon pendule sur quelques sources enfouies, en évoquant, avec la mémoire du coeur, les passions, les élans et les fois dont il a bien fallu que je devienne le traître et l'assassin.'
Jean Cau. -
'Ce livre est l'expression d'un sentiment et d'une idée fixe : tout amour est reflet, mascarade et nostalgie d'absolu. Trois êtres, un homme, une femme et un adolescent (leur fils bâtard) tournent en rond dans la fosse de l'amour impossible. La femme va se dissolvant dans une très lente et très raisonnable folie. L'homme plaide son impossible cause et l'adolescent ne comprend pas comment s'est brisé le miroir entre cet homme et cette femme.
Il arrive qu'un livre se déterre du coeur. Si possible en allant au plus profond, tantôt à coups de pioche sourds et tantôt, pour ne rien briser de la statue enfouie, avec des gestes si légers qu'ils donnent des crampes à la main qui
s'avance, rôde et touche enfin la tête décollée. Le Spectre de l'amour est ce que j'ai ramené d'une fouille au cours de laquelle j'ai gratté et creusé avec beaucoup d'instruments mais, le plus souvent, avec les ongles.'
Jean Cau. -
Trois personnages : Barbara, milliardaire droguée, a épousé en quatrième noces Gottfried, ancien champion automobile dont la virilité s'est dégradée - lorsqu'il a abandonné la course - dans l'enfer des amours maudites. Et, entre Barbara et Gottfried, il y a un jeune Italien, Dino. Gottfried a décidé de 'manipuler' Dino afin de l'amener à assassiner sa femme. Pour des raisons sourdes, mais aussi afin, par cette sorte
de meurtre rituel, de lier à lui le jeune homme. Dino n'accomplira pas le meurtre et, au contraire, se laissera 'posséder' sexuellement par Barbara. Dino n'a pas été digne de l'épreuve qui lui a été infligée, et Gottfried, impitoyable, l'envoie à la mort.
Les Yeux crevés sont une tentative de mise à jour du mythe d'OEdipe en 1968. Dino, jeté à toutes les amours et à tous les meurtres, réels ou
symboliques, marche vers son destin avec la lucidité d'un héros tragique aux yeux morts. -
La Grande Maison
Jean Cau
- FeniXX réédition numérique (Le Pré aux Clercs)
- 17 Décembre 2015
- 9782402005333
Intellectuel surdoué, Romain Lemord, héros de La grande maison, décide un jour de se retirer avec son épouse au fond d'une obscure campagne pour y écrire un livre définitif. « Le Livre ». Hélas, surdoué en tous domaines, il se met aussi en tête de restaurer la maison et, armé de théories irréprochables, se transforme en bâtisseur de ruines, en véritable fou du bricolage que rien n'assouvit et qui détruit tout au fur et à mesure, dans un délire froid et systématique. En même temps, cette possession fait s'effondrer en lui la possibilité d'écrire « Le Livre ». Et des aventures s'ensuivent, qui auront pour terme échec et tragédie. Roman « sur-réel » et donc hors des modes du réalisme dit « vécu », parabole, comédie aux couleurs soudain violemment burlesques, satire ironiquement implacable des impuissances troubles de l'orgueil intellectuel face à l'humble réalité, La grande maison est un éblouissant miroir où se reflète la folie tragicomique de l'homme contemporain.
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Pendant plus de vingt ans, à « Paris Match », Jean Cau a pratiqué son métier avec passion. Il passait dans les couloirs, la démarche souple des gens du Midi, le fume-cigarette pointé comme un doigt, balançant, avec l'accent de Carcassonne, d'éblouissantes improvisations. Son grand rire sonnait comme une salve d'artillerie. Les boulets tombaient dru sur les marionnettes du temps. Ce fou d'Espagne et de corrida plantait ses banderilles avec une sûreté de maestro. C'était un journaliste exceptionnel qui savait mettre son immense culture au service d'une langue drue, directe, maniée comme une flamberge. Voici un choix de ses meilleurs articles. Les portraits de Noureev, Delon, Belmondo, Jacques Chirac, Louison Bobet, les soeurs Papin, Coco Chanel... Les faits divers, les colères, les imprécations de Jean Cau. Le talent y est si fermement présent qu'on renonce à faire la classique distinction entre l'écrivain et le journaliste. Jean Cau, l'orgueil des mots.
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Lettre ouverte aux têtes de chiens occidentaux
Jean Cau
- FeniXX réédition numérique (Éditions Albin Michel)
- Lettre ouverte
- 19 Novembre 2018
- 9782402279796
Il n'est pas facile, par les temps qui courent, de se faire l'esprit libre et la voix claire. Naguère, les impostures de l'intelligence et les sottises du coeur pouvaient être facilement démasquées. Elles ne s'enveloppaient pas des nuages philosophiques et politiques que dégage la logorrhée contemporaine. Je dis que nous vivons, à gauche, une sorte de terreur intellectuelle (à-bas les profs !) faite d'un subtil mélange de pathos humaniste, de dévergondage philosophique, de moraliste rengorgé, d'avant-gardiste sourcilleux et de passéisme répugnant. Je dis que l'intellectuel de gauche est terrorisé. Il a peur de tout : du fascisme, de Roland Barthes, des sous-développés, de Lacan, de Maurice Duverger, des femmes, des ouvriers, des jeunes, de tout et de son ombre. Il a peur d'être pris en flagrant délit de pensée libre et claire et comme sa lucidité devrait payer le prix de quelque solitude il veut bien risquer une idée mais à condition de la truffer d'abord des conformismes, des timidités et des conforts intellectuels de l'heure ! J'ai voulu, dans cette « Lettre Ouverte » essayer de prouver qu'on pouvait écrire en liberté. Je ne doute pas d'être mal lu par certains. Qu'ils soient assurés, en tout cas, de ma bonne foi. Je leur souhaite la même. Jean Cau
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Lettre ouverte à tout le monde
Jean Cau
- FeniXX réédition numérique (Albin Michel)
- Lettre ouverte
- 28 Avril 2017
- 9782402166720
On connaît mon impatience et mon esprit prophétique : il y aura bientôt de cela une bonne dizaine d'années que je prêchai dans le désert une Parole tout à fait incongrue. J'osais « attaquer » le Monde ! Mes amis tremblèrent pour mon courage. Mes non-amis se réjouirent de mon suicide. Comme j'ai, dans le crime, l'esprit de récidive, je décidai de batifoler autour du Monde et de planter à cet animal d'amusantes banderilles. Comment ? Eh bien en écrivant des lettres à n'importe qui (au Roi d'Espagne, à des petites filles, au Pape, à ma concierge, etc.) en prenant bien soin de jouer les obsédés et d'avoir un leitmotiv présent dans toutes mes lettres et qui serait le journal le Monde. Comme un bonheur n'arrive jamais seul, j'en avais depuis trois mois terminé avec mon exercice et déjà déposé mes fléchettes chez mon éditeur, lorsque Michel Legris expédia sur l'orgueilleux vaisseau amiral de la presse française une héroïque salve (le Monde tel qu'il est) qui sema la panique sur le pont et fit trembler ses mâtures. Partout, dès lors, ce fut comme un grand soupir et l'on entendit même des applaudissements. Enfin le Monde était secoué. Enfin Le Monde vulnéré n'était pas invulnérable. Enfin le désert ou je prêchais naguère se peuplait. Il ne me restait plus qu'à rappliquer avec mes « lettres » et qu'à danser, comme un garnement, autour du Leviathan blessé. Voici mes entrechats et mes pointes. Je danse mon époque, ses moeurs, ses mines, ses modes et ses manies en m'amusant à toujours retomber sur mes pieds. Ou, plutôt, vieil obsédé que je suis, sur les pieds du Monde. Jean Cau
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À Naples, peu après l'entrée des Américains, un soldat nègre, Bimbo, boit dans un café. Sa Jeep est arrêtée au bord du trottoir, chargée du cadavre d'une femme. Et la mémoire embrumée du nègre commence à reconstituer l'histoire... Maria, jeune Italienne, est tombée amoureuse du nègre Bimbo : amour blanc sur fond noir, jamais accordé, immense orgie de chair pressée et froissée, toute molle de tendresse et de peur. Mario, le frère de Marie, aime sa soeur, mais a décidé qu'elle sera à son copain Angelo. Angelo dénonce à Mario les amours de Maria et de Bimbo, et Mario tue sa soeur d'un coup de couteau. Bimbo découvre le cadavre, l'emporte, le jette dans sa Jeep et va boire dans le café... Quand il sera saoul, Bimbo, riant aux éclats, jettera sa Jeep dans le vide pour mourir avec le cadavre de Maria... Ordonnance logique, chronologique, bons et mauvais sentiments, coups de théâtre, intrigue, tout cela n'a aucune importance : le passé est là, comme un chaos. Il suffit de le remuer, de fouiller dedans, et, par lambeaux, d'en extraire, comme fait Bimbo, une 'histoire' à l'étrange visage de puzzle.
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Réflexions dures sur une époque molle
Jean Cau
- La Table ronde (réédition numérique FeniXX)
- 31 Janvier 2019
- 9782710391227
Ce qui importe, et doit occuper l'attention de chacun, c'est de connaître la vie et les moeurs des premiers Romains, de savoir quels sont les hommes, quels sont les arts qui, dans la paix comme dans la guerre, ont fondé notre puissance et l'ont agrandie ; puis de suivre, par la pensée, l'affaiblissement insensible de la discipline et ce premier relâchement des moeurs qui, bientôt entraînés sur une pente tous les jours plus rapide, précipitèrent leur chute jusqu'au temps présent où nous ne pouvons plus supporter ni nos vices ni leurs remèdes.
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'Ce sont des histoires de "vrais petits garçons" qui m'ont été soufflées par mes enfances... En ce monde simple, chacun avait ses royaumes. Pour avoir peu fréquenté celui des fillettes, je ne parle ici que de celui des garçons. Vous verrez qu'il s'agit d'un royaume d'épopée. Vous verrez que je parle des temps barbares, rudes, forts, courageux, naïfs, féodaux et héroïques. je ne sais pas comment sont les enfants en 1975 ; mais je sais que, lorsque j'étais petit - dans mon milieu, ma province, mon sexe et mon royaume -, nous étions, ô Parsifal, frères et compagnons en la chevalerie de l'enfance. Nous étions, je m'en souviens, comme je nous chante dans ce livre.'
Jean Cau. -
L'esprit d'enfance inspire les trente-quatre courtes nouvelles de ce recueil. On y trouve donc beaucoup d'histoires d'école, et encore plus d'école buissonnière. Un enfant se fait passer pour orphelin alors qu'il ne l'est pas. Un autre apprend à nager pour humilier le meilleur nageur, qui d'ailleurs se noie dans la rivière. Il y a des amours enfantines, avec des gosses du Midi, batailleurs, menteurs, voleurs, vaniteux, mais aussi généreux et tendres. Plusieurs histoires ont trait à la période de l'Occupation et de la Libération : un enfant qui parle à tort et à travers provoque le départ des derniers soldats allemands de Perpignan. Des résistants sont sauvés par leurs enfants. Le narrateur se demande si la belle boulangère, revue tant d'années après, a toujours des croix gammées tatouées sur les fesses, punition qui lui fut infligée à la Libération. Parfois aussi, ces nouvelles présentent d'anciens enfants, qui ont gardé leur innocence : un commandant de paras, retour d'Indochine, retrouve son vieil instituteur gâteux qui l'interroge sévèrement sur les dates d'histoire et les départements. Enfin, Carcassonne n'étant pas loin de la frontière, plusieurs de ces nouvelles se situent en Espagne.