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Jean Claude Pirotte
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Ajoie ; passage des ombres ; cette âme perdue
Jean-Claude Pirotte
- Gallimard
- Poésie/Gallimard
- 15 Février 2018
- 9782072768569
Dans l'oeuvre multiforme et démesurée de Jean-Claude Pirotte, Poésie/Gallimard a choisi de rassembler trois recueils qui offrent, pour les années 2008-2011, un parcours, une traversée, avec pour double décor le Jura et la mer du Nord. Dans Passage des ombres, on va de l'un à l'autre, plusieurs fois, le paysage semble une toile de fond pour ces ombres passantes, passagères. Station suivante, Cette âme perdue, il n'y a plus qu'un seul lieu, la mer du Nord qui envahit chaque page - une surprenante ode maritime en 88 poèmes, avec poissons, naufrages, noyés, marées, tonnerres sur la mer. Dernière station, Ajoie, "le pays de l'Ajoie", là aussi le paysage prend possession de chaque poème. La mer est remplacée par les monts du Jura, côté Suisse.
Le tryptique composé par ces recueils donne un tableau où les éléments finalement se fondent. Mer du Nord et Jura : le même ciel, la même terre. Une géologie sereine ou plus trouble, qui appelle inéluctablement la tempête, car le vent souffle à chaque page ou presque. Et puis il y a ce qui singularise Pirotte entre tous, ces légères traces d'ironie dans la mélancolie, qui souvent s'inversent en traces de mélancolie dans l'ironie... Selon les moments, cette poésie apparaîtra ludique, entièrement teintée d'humour, d'irrévérence, ou au contraire sombre, chargée de tous les désespoirs ambiants. En fait, c'est une parole qui se donne pour familière, aussi proche, affectueuse et intime que possible, comme si elle était là, toute proche, et murmurait depuis la pièce d'à côté. -
Un voyage en automne
Jean-Claude Pirotte
- La Table ronde (réédition numérique FeniXX)
- 31 Janvier 2019
- 9782710392842
« C'est partout, oui, partout la même mélancolie doucereuse, avec le clapotis de la pluie sur le ciment granuleux de la petite cour, la nuit d'automne, le chat perdu dans la contemplation de l'appareil électrique de chauffage, et ce concerto pour violon de Mozart en sourdine, troublé par les étranges quintes de toux du frigo, la lecture lente et triste, cher Antonio, de La Mort de Carlos Gardel où toujours l'enfance inassouvie rôde au coeur des quartiers dévastés de Lisbonne avec le souvenir des lauriers-roses, et puis le silence des mots que je trace et des pensées vagues et de la rua da Vitoria, le silence des maisons que l'amour abandonne au vent de novembre, puisque l'amour s'en va comme il vient, locataire fantasque et destructeur. »
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« J'aime le vin parce qu'il m'est étrange, parce qu'il m'est familier, parce qu'il est incompréhensible et fabuleux. J'aime le vin parce que je ne peux m'empêcher d'aimer les hommes.
Dans ma cave, il n'y a pas de vin. Il n'y a que d'heureuses espérances. »J.-C. Pirotte
Si l'ombre et la mort planent dans ce magnifique récit posthume, on n'y ressent nulle plainte, on est invité à la célébration du paysage et du souvenir chers à l'auteur. -
au début j'avais réussi à écrire quelques mots dans ma langue, ou plutôt les graver du bout de l'ongle sur un carton minuscule que j'avais trouvé dans le noir en tâtonnant, ils ont dit que j'avais écrit le nom d'Allah et que c'était de l'arabe, mais ils se trompaient, il n'y avait ni le nom d'Allah ni aucun mot d'arabe, c'était le prénom de ma fiancée turque, et d'autres mots griffonnés que j'ai oubliés après qu'ils m'eurent enchaîné les mains et les pieds, la main gauche au pied droit, la droite au pied gauche, et qu'ils m'eurent entouré le cou d'une laisse cloutée au moyen de laquelle ils me traînaient dans une galerie souterraine semée de tessons de bouteilles
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«J'ai cru reconnaître la jeune fille rêveuse aux belles épaules qui est entrée dans la taverne ce soir-là. Elle s'est assise à la table du coin, où je pouvais l'observer, et, lorsque le cabaretier s'est approché d'elle avec le falot, j'ai surpris dans son regard comme un éclat de larmes. Elle a penché le visage vers la lumière, et les traits étonnamment purs et doux de la Madeleine du Maître des Demi-Figures sont apparus dans un halo tremblant. Elle avait maintenant les yeux baissés du portrait, et ses longues paupières à la transparence bleutée. Le menton mince dessinait une ombre sous l'ovale de la joue, et la bouche petite à la lèvre inférieure légèrement gonflée se retroussait un peu dans une esquisse de sourire secret. Il y avait jusqu'à la raie médiane de la chevelure, et la boucle folle en forme d'anglaise, et l'élégance du chignon tressé qui dégageait la nuque et la courbe du col, et les épaules si pleines et si vivantes, il y avait tout cela qui faisait de la jeune fille, non la parente du modèle, mais le modèle même, absolument présent, merveilleusement inaccessible et miraculeusement offert.»
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mais l'île est-elle grosse
d'on ne sait quelle enfance
dont il ignore tout
bien que ce soit à lui
de dévoiler la charge
et les plis de mémoire
Une île ici est une suite de 189 poèmes, ou strophes - car certains sont très courts, à la manière de Guillevic. Cette suite à la forme très libre ne suit que la nécessité de l'émotion et compose un ensemble de variations autour du thème de l'île.
Jean-Claude Pirotte est l'auteur d'une cinquantaine de livres. Les critiques ont salué sa poésie du quotidien sensible et inspirée, à la tendresse parfois gouailleuse, mais aussi la magie de sa langue au parfum subtil de jadis qui par sa simplicité et sa gravité soudaine est incontestablement très moderne, car d'une grande liberté.
En 2012, Jean-Claude Pirotte a reçu le Grand Prix de Poésie de l'Académie française et le prix Goncourt de la Poésie pour l'ensemble de son oeuvre. Au Mercure de France, il a récemment publié Vaine pâture, en 2013. -
Je me transporte partout ; 5000 poemes inédits (2012-2014)
Jean-Claude Pirotte
- Le Cherche-Midi
- 1 Octobre 2020
- 9782749155449
" car il est dit que l'on comprend / le monde à l'instant de mourir / et que le passé le présent / se transforment en avenir " Jean-Claude Pirotte j'irai partout où me rappelle
ma mémoire du fond des temps
j'ai des souvenirs à la pelle
et les prochains je les attends
Le ciel se couvreCe livre est fait pour durer toute une vie. Dès l'instant où vous l'ouvrirez, vous ne pourrez plus vous en séparer. Vous le lirez d'une traite - une histoire en 5 000 poèmes, une " série " en 40 épisodes (40 recueils) -, ou bien vous prendrez l'habitude de l'ouvrir au hasard, et vous tomberez sur un poème destiné spécialement à cet instant de votre vie.
Si vous lisez un poème par jour, il vous faudra plus de treize ans. Mais vous ne lirez pas un poème par jour, vous tournerez page après page pour vite découvrir la suite, vous serez envoûté, troublé, bouleversé souvent, empli d'un indicible bonheur d'accompagner Jean-Claude Pirotte pendant les deux dernières années de sa vie.
Sylvie Doizelet -
Le narrateur, double de Pirotte, en proie aux métastases et à la chimiothérapie, se penche sur son passé. Celui-ci le rejoint dans un présent où sa mort approche, où d'anciens sentiments de culpabilité le rattrapent. Le jeune homme qu'il fut, entouré de poésie alors qu'il fréquente des voyous et semble leur prêter la main, ne cesse de se reprocher chacune de ses aventures, qui l'ont mené à un mariage obscur, une naissance, et la perte de ce qu'il se croyait en mesure de sauver d'une existence erratique. L'enchevêtrement des événements, dont ses carnets retrouvés font foi, conduit le lecteur à se poser, comme souvent, la question du rachat par la littérature, telle que se la posent l'auteur et le narrateur. La vie est un brouillard. La magie Pirotte est intacte dans ces pages vibrantes de vie où sourdent des musiques, de Schubert au blues de Billie Holiday. Un roman exceptionnel. À part. Au-dessus de la mêlée littéraire.
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Un écrivain majeur contre Nicolas Sarkozy.La maison de douane désaffectée, où séjourne Jean-Claude Pirotte, est un lieu enchanté. En contrepoint de la magie du paysage, un désespoir s'insinue peu à peu dans les pages de ces carnets tenus de mars 2010 à juin 2011. L'observation d'un pays aimé - la France -, avili par un certain Nicolas Sarkozy, mine l'écrivain. Alors que pour beaucoup le sarkozysme n'est qu'un épisode social et politique parmi d'autres, Jean-Claude Pirotte, jour après jour, l'associe à une perte irréversible de la dignité, qui prépare le terrain aux pires lendemains. La lecture de
Déposition, journal écrit par Léon Werth entre 1940 et 1944, lui inspire de troublants parallèles.
Visions graves ou notes plus légères,
Traverses est un diamant noir, étincelant au travers des fêlures d'un monde de moins en moins respirable. -
Un corps fait livre."La paralysie faciale a déformé ses traits. Pour parler de lui, il convient de trouver un ton objectif, ce qui n'est pas si facile. Il est sourd de l'oreille gauche, le préciser est déjà entrer en lui comme par effraction. Il n'est plus jeune, loin s'en faut, et son esprit commence à vagabonder."
Ni plainte ni complainte dans ce roman cru et nu où l'auteur fait corps avec son personnage pour tenir une chronique où le scalpel de l'humour noir découpe à vif humeurs et tumeurs.
Les mots contre les maux. "Les Livres sont des analgésiques", écrit Jean-Claude Pirotte. Ils survivront à cette humanité moribonde où le silence et la mort sont siamois.
La littérature comme remède. Les ouvrages des écrivains qu'il aime - sa famille élective - font rempart autour de lui. L'écrivain plonge en eux pour revenir à la source, à l'orgueil de finir debout.
Un chef d'oeuvre de la littérature clandestine, celle qui a pris le maquis et est entrée en résistance. -
Flash sur un reporter
Jean-Claude Pirotte
- Rageot (réédition numérique FeniXX)
- Bibliothèque de l'amitié
- 24 Novembre 2017
- 9782700262766
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Le journal moche
Jean-Claude Pirotte
- FeniXX réédition numérique (Luneau Ascot)
- 26 Février 2021
- 9782307167105
Roman, récit, recueil de nouvelles et de contes ? Ce livre est d'un genre douteux, qui allie tous les genres. Un journal, si l'on veut. Mais où la confession se refuse en s'affichant. Celui qui dit "Je", s'accommode aussi mal des choses que de lui-même. Romantique avec excès, destructeur avec jubilation, ironique et rageur jusque dans son lyrisme, il aborde des thèmes qui n'ont vraiment rien d'original : la mort, l'impuissance, la perte de soi, la difficulté de dire... Mais il y a le ton, provocant et pudique, sérieux et railleur, douloureux et ricanant. Comme on dit de quelqu'un qu'il a une "gueule", on dira de ces pages qu'elles révèlent une "voix", peut-être plus rêveuse que celle d'un Leiris, plus trouble que celle d'un Cioran. C'est une grande voix qui se lève, singulière et fraternelle. Son écho en nous durera longtemps.
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je ne suis pas complice de la démesure je demeure enseveli sous les jours obscursLe poète que l'on croyait disparu revient à nous, et une obsessionnelle et troublante mélancolie l'accompagne, désespoir teinté d'ironie que ses lecteurs connaissent bien.
Jean-Claude Pirotte, parti sur les traces de ce territoire qu'il n'avait jamais vraiment quitté - l'enfance -, se retrouve face à un présent sombre, déroutant. Ce sont des cailloux blancs, des ruisseaux, des forêts et des songes qui se réveillent et se révèlent cauchemars de l'histoire. Sous sa plume, la mort s'efface, les nuits se peuplent.
Une écriture intense, inoubliable.