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Larry Tremblay
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Librement inspiré de la vie du peintre Francis Bacon, Tableau final de l'amour fait le récit d'une quête artistique sans compromis, viscérale, voire dangereuse. Dans une Europe traversée par deux guerres s'impose la vision d'un artiste radical dont l'oeuvre entière, obsédée par le corps, résonne comme un cri. S'adressant à l'amant qui lui a servi de modèle - ce « petit voleur inexpérimenté » qui, en pleine nuit, s'est introduit dans son atelier -, le narrateur retrace les errances de leur relation tumultueuse. Avec ce roman, rappelant l'érotisme de Bataille ou de Leiris, Larry Tremblay poursuit son oeuvre de mise à nu de l'être humain.
Il ne fallait pas peindre la surface des choses, mais ce qu'elle cachait. Ne pas peindre l'espace, mais le temps. Ne pas peindre ton corps, mais sa mort. -
Prix des lycéens Folio.
Les jumeaux Amed et Aziz auraient pu vivre paisiblement à l'ombre des orangers. Mais un obus traverse le ciel, tuant leurs grands-parents. La guerre s'empare de leur enfance. Un des chefs de la région vient demander à leur père de sacrifier un de ses fils pour le bien de la communauté. Comment faire ce choix impossible ?
Conte moral, fable politique, L'orangeraie maintient la tension jusqu'au bout. Un texte à la fois actuel et hors du temps qui possède la force brute des grandes tragédies. -
D'enfers et d'enfants propose cinq tableaux de l'âme humaine sous la forme d'histoires saisissantes. Un homme rencontre une jeune fille qui joue de l'orgue sous la glace d'une rivière gelée et revisite son passé. Un autre sombre progressivement dans une rumination paranoïaque et conspirationniste qui le mènera au pire. Un couple se déchire jusqu'au drame autour de l'identité de genre de son enfant. Un fils tourmenté confesse ses crimes sur la tombe de sa mère. Un garçon malmené devient le petit chien qu'il a rêvé de posséder.
Une question tenace traverse ces textes : Pourquoi arrive-t-il qu'enfance et enfer se partagent la même saison ? Dans cette collection de fictions mettant en scène des femmes et des hommes pris dans des engrenages glaçants, Larry Tremblay scrute sans jugement des détresses contemporaines et des abîmes universels. Une écriture au plus près des tremblements souterrains du corps. -
Samuel ne sait rien de la femme qu'il va épouser. Depuis des années, son père n'a ménagé aucun effort pour rendre son fils attirant, pour l'engraisser comme une volaille en vue du grand jour. La famille se réjouit, Madame est riche et les problèmes financiers se régleront bientôt. Samuel doit simplement se donner du temps pour l'aimer.
Sur l'île où habite Samuel, l'homme obéit à sa femme. Gare à celui qui tente de s'émanciper, car des vigiles armés surveillent les rues. Marié, il devra satisfaire les désirs de Madame et se taire. Que peut un homme facilement remplaçable dans un monde où les femmes dominent toutes les sphères de la société??
Avec toute la finesse et l'audace qui caractérisent son oeuvre, l'auteur de L'orangeraie nous livre une fable romanesque, miroir déformant qui ébranle nos préjugés et nos aveuglements volontaires, traversée par la question brûlante de la domination des sexes. -
Edgar est un trentenaire timide et asocial qui a toujours vécu dans l'ombre de sa mère, décédée depuis peu. Une nuit, dans un cimetière, il assiste à la violente agression d'une jeune femme que quatre cavaliers de l'Apocalypse laissent à demi morte. Edgar décide de recueillir chez lui la victime inconsciente. Il en fait le serment :
il sera son sauveur.
Mais que sait véritablement le jeune homme, hanté par le souvenir de sa mère, de la personne qu'il a recueillie ? De son identité, de son passé ? Au fil des jours, une étrange relation fusionnelle s'installe entre les deux êtres, pour le meilleur et pour le pire.
Servi par une écriture nerveuse et teintée d'une singulière humanité, Le Christ obèse est un roman implacable sur les racines du Mal et de la Bonté. Une oeuvre forte signée par l'un de nos dramaturges les plus étonnants, qui déploie ici une redoutable maîtrise des mécanismes du suspense. -
La romancière à succès Alice Livingston est morte.
Elle laisse derrière elle des lecteurs éplorés, un manuscrit inédit, un fils qui cherche à refaire sa vie le plus loin possible de son père, et son mari Antoine, incapable de pleurer sa mort et qui n'a jamais apprécié son oeuvre. Pourtant, le roman posthume de sa femme va le bouleverser et le contraindre à faire face à ses souvenirs. Et inévitablement à ses démons enfouis. Car la fiction parfois tisse entre les lignes une toile vengeresse.
Variation d'une franchise radicale autour de la manipulation des êtres et de la fragilité des idéaux, L'impureté déploie tout l'arsenal de l'auteur de L'orangeraie et du Christ obèse. -
Cinq personnages au crépuscule de leur existence vieillissent devant nous par à-coups et occupent comme ils le peuvent un temps circulaire, parfois sensibles à l'époque, parfois en guerre contre elle. Mille détails - l'origine d'une expression, la tombée de la pluie, un souvenir déformé, une mésentente passagère - infiltrent leur discours, mille agitations fugaces les animent.
Leur souffrance physique, leur drôlerie innée, leur malaise existentiel les traversent pêle-mêle, frappés qu'ils sont par l'étrangeté du monde et soucieux de continuer à y participer. Sous le regard énigmatique d'un clown muet, leurs « coups de vieux » successifs les transforment peu à peu en pantins décatis tandis que résonne leur parole claire et tranchante, légère comme une ritournelle, tragique comme l'imminence de la fin. -
Trente-sept courtes scènes, trente-sept meurtres. Trente-sept interactions, parfois très brèves, entre des personnages qui surgissent de nulle part et qui s'évanouissent tout aussi rapidement, le temps de prononcer quelques phrases, de se contredire et, absurdement, de mourir. Dégoût, envie, soif de pouvoir, désoeuvrement, tout, ici, est une raison de tuer, comme si la violence ainsi banalisée pouvait résoudre n'importe quel conflit.
Cette suite de vignettes où personne n'arrive à entrer en relation avec l'Autre manie la drôlerie et la métaphore existentielle avec une dextérité de fer. Faite pour être jouée par autant d'interprètes que l'on veut, écrite dans une langue économe aussi affûtée que les situations, une pièce sur l'humain : si secret, si bouffon, si inquiétant. -
Christophe Langelier a succombé au charme d'Anna et l'ivresse ne veut pas disparaître. Éconduit par ce fantôme de quatre lettres, il tente désespérément d'exorciser son obsession maladive en s'enfuyant au Mexique. Sous le soleil brûlant du Yucatán, où il espère éteindre l'incendie qu'Anna a allumé sous sa peau, il fait la rencontre de Rita, de qui il s'éprend aussitôt et qui l'initiera à de sombres rites aztèques. Le jeune homme n'a pas fini d'être ébahi.
C'est un Larry Tremblay enfiévré qui enchaîne les mésaventures dans cette comédie des apparences fulgurante et crue, où la langue, comme un feu d'artifice, explose en mille couleurs splendides. -
Dans une narration poétique, empreinte de sensibilité et d'humanité, une souffleuse dévoile sa hantise de blesser les petits marmots de la rue de la Colline. Douze enfants frondeurs, turbulents et curieux qui n'ont peur de rien, surtout pas du chasse-neige. Mais un beau matin de tempête, après avoir fait un rêve étrange, la souffleuse sort dans la rue habitée par un horrible pressentiment.