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Nathalie Azoulai
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"On aurait voulu inventer ta vie, Théo, qu'on n'aurait pas osé, dit Léa. Tu auras passé la première moitié à vouloir être juif et la deuxième à vouloir être arabe.
- Et toi, à vouloir oublier que tu étais juive puis à t'en vouloir d'avoir voulu l'oublier, dit-il du tac au tac.
- Au moins, moi, je me débrouille avec ce que je suis. Mais qui sait, un jour, tu seras peut-être toi-même..."
À travers les yeux de Théo et la voix chaleureuse de Yoann Gasiorowski, le roman aborde le sujet délicat des unions mixtes et des amours qui font alliance contre le mal.
© P.O.L éditeur, 2025
Couverture : © Nadiiiya / Shutterstock -
Elle a dit, c'est génial finalement, considère qu'on est les deux filles d'une seule et même famille : l'une fera des maths, l'autre des lettres. Nos parents auront le sentiment d'avoir accompli une progéniture parfaite, qui couvre tout le spectre. Tu te rends compte, où qu'ils tournent la tête, nos parents, il y a toujours une de leurs deux filles pour savoir. Ce doit être extrêmement satisfaisant pour des parents, tu ne crois pas, d'atteindre ces extrémités, des confins qui se confondent ? Et puis, nous sommes des filles, ça ne s'est jamais vu. Il y a des tas de frères célèbres, avec un grand scientifique et un grand homme de lettres, les James, les Huxley, les Flaubert, les Proust, mais tu remarqueras, chaque fois, ce que retient la postérité, c'est l'écrivain. C'est injuste mais c'est comme ça, de nous deux, c'est toi qui resteras, pas moi.
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Titus n'aimait pas Bérénice alors que Bérénice pensait qu'il l'aimait.
Titus n'aimait pas Bérénice alors que tout le monde a toujours pensé qu'il n'avait pas le choix et qu'il la quittait contre sa propre volonté.
Titus est empereur de Rome, Bérénice, reine de Palestine. Ils vivent et s'aiment au Ier siècle après Jésus-Christ. Racine, entre autres, raconte leur histoire au XVIIe siècle. Mais cette histoire est actuelle : Titus quitte Bérénice dans un café.
Dans les jours qui suivent, Bérénice décide de revenir à la source, de lire tout Racine, de chercher à comprendre ce qu'il a été, un janséniste, un bourgeois, un courtisan. Comment un homme comme lui a-t-il pu écrire une histoire comme ça ? Entre Port-Royal et Versailles, Racine devient le partenaire d'une convalescence où affleure la seule vérité qui vaille : si Titus la quitte, c'est qu'il ne l'aime pas comme elle l'aime. Mais c'est très long et très compliqué d'en arriver à une conclusion aussi simple. -
« Les machines du monde tournent grâce à des programmes informatiques qu'on appelle le code. Cette révolution technique ressemble à celle de l'électricité à la différence près qu'elle se compose de langages, de grammaires, de traductions, toutes choses qui devraient nous concerner mais dont nous ignorons tout. Je suis une femme, j'ai plus de cinquante ans, je suis écrivain et, malgré tous ces handicaps, je veux apprendre à coder. Je veux comprendre ce qui se passe sous les doigts des jeunes codeurs qui pianotent jour et nuit, font défiler sur leurs écrans noirs des lignes de signes multicolores, véloces, écrites dans notre alphabet mais que nous autres ne décodons pas. Ils sont là, à côté de nous, silencieux et puissants, et nous ne les voyons pas.
Mes proches se moquent de moi, me rappellent que je panique au moindre bug et ils ont raison, alors que faire ? Par où commencer ?
Python est bien le nom d'un langage de programmation mais c'est surtout ici une autofiction écrite comme un conte initiatique, mythologique, au cours duquel je croise Boris, Chloé, Margaux, Enzo, des jeunes gens qui codent et tentent de m'expliquer comment ils font. Je n'y comprends rien, je laisse tomber, je n'ai plus l'âge, je retourne à mes livres, à quoi bon ? Mais Python m'obsède et je m'obstine. Je m'y remets, intriguée par ces bataillons de geeks tournés vers des fonds où ils descendent entre eux, entre hommes. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Que cachent-ils ?
J'enquête et Python s'écrit en images sur mon mur à coups de visages, de scènes, de mots, de tableaux, de films, comme dans la série Homeland. Et brusquement, le visage de mon suspect affleure. Je remonte le temps, je retrouve Simon qui, le premier, m'a guidée dans le monde des jeunes hommes entre eux, Simon qui planquait ses magazines porno sous mon lit de jeune fille... »
Python est le récit fascinant d'une séduction contrariée pour le « nouveau monde » informatique, son langage, la puissance et la jeunesse qui lui sont associées. L'enquête se fait progressivement plus intime et trouble, jusqu'à révéler une autre séduction. -
Une famille regarde, inquiète et médusée, une conférence de presse du Général de Gaulle à la télévision. En direct, le fils de treize ans comprend qu'on peut avoir à quitter son pays natal, sa langue, sa maison. Comme ses parents chassés de chez eux quelques années plus tôt. Bouleversé, il veut savoir comment ça s'est passé, quand et comment on décide de partir, ce qu'on emporte dans ses valises, ce qu'on laisse derrière soi. Mais à toutes ses questions, personne ne répond vraiment, comme si on lui cachait quelque chose.
En interceptant des récits qui ne lui sont pas destinés, l'enfant reconstitue les menaces, le départ, les adieux, et recoud les différents pans d'une histoire qui entrelace l'amour et le secret, l'exil et les films hollywoodiens, l'Orient et l'Occident... -
« Chaque matin, devant sa glace, Laure déplorait les effets de l'âge sur sa peau, ses cheveux, sa silhouette, et ce, malgré tous les efforts et le sport qu'elle pratiquait assidûment. Elle songeait aussi invariablement au corps parfait de Juvena Biel qui s'exhibait dans les films où elle se produisait et dont Pierre, son ex-mari, profitait avantageusement depuis qu'il avait épousé la jeune trentenaire.
Jusqu'au matin du 27 janvier où l'on annonça le vote de la nouvelle loi à la majorité parlementaire et où, en un instant, devant sa glace, Laure crut devenir la reine à laquelle le chasseur vient d'annoncer qu'il a tué Blanche-Neige dans la forêt. Un immense sourire lui mangea le visage. Et, comme dans une bulle de BD ou un néon dans la nuit, elle put lire l'énoncé qui motivait ce sourire : ENFIN VENGÉE. »
Cette loi du 27 janvier interdit aux hommes de la République de Juvenia de vivre avec des femmes de plus de vingt ans leurs cadettes : un raz-de-marée dans la vie des six personnages que Nathalie Azoulai fait se croiser dans une ronde drolatique et diabolique. Une jeune femme va-t-elle se retrouver hors-la-loi parce que le père du bébé dont elle est enceinte a le double de son âge ? Les ricanements des hommes envers les femmes qui vieillissent inexorablement vont-ils enfin cesser ? Et permettre à celles-ci de retrouver la confiance et le sens de l'avenir ? Les hommes de plus de cinquante ans s'en remettront-ils ? Et si cette loi réveillait un érotisme nouveau ?
Révolutions sentimentales, revirements cocasses, aventures ébouriffantes, déceptions en chaîne, guerre des sexes : cette satire est portée ici par un style voltairien aussi rapide qu'inventif.
Nathalie Azoulai observe notre société, s'amuse avec les codes du libertinage, joue avec nos craintes et nos fantasmes en romancière virtuose. -
C'est l'histoire d'un film, Clic-Clac, celui que veut tourner Claire Ganz à la mort de sa mère. Pour couper la tête à son mélodrame et à ce cinéma d'hommes qui ne montre jamais que des femmes éternellement transies d'amour. Comme on a sorti la scène d'adieu, on la range. Une scène pliable, clic-clac. Dire, c'est tout, fini, terminé. Cut.
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"Quelle que soit l'heure à laquelle j'arrive, vous êtes là. Vous surveillez la salle principale du musée. Vous devez suivre discrètement les visiteurs pour qu'ils ne s'approchent pas trop des oeuvres... Enfin, sur le papier, parce qu'en vérité, dans votre musée, il ne vient jamais personne.
À part moi." -
En 2002, Nathalie Azoulai publie Mère agitée, succès de librairie qui raconte la vie des jeunes femmes confrontées aux joies et aux angoisses de la maternité. Elle reprend aujourd'hui le fil et explore une nouvelle tranche de vie : l'adolescence.
Bien des scènes accrochent son oeil, chez le gynécologue, au téléphone, un soir de Noël, au retour d'Angleterre, ou au café. À la table du petit déjeuner, dans la salle de bain, devant les grilles du lycée. Il est question de féminité, de langage, d'amour, d'ambition ou encore de goûts que l'on partage. Mais qui dit partage dit transmission, le nerf de la guerre au temps de l'adolescence.
102 récits courts et incisifs, drôles et graves. Des instantanés qui racontent la vie des mères et des filles « agitées ». -
Anne, Virginie et Emmanuel se rencontrent au lycée. Ils ne viennent pas du même monde mais leur amitié semble alors capable de dépasser les différences - toutes les différences. D'un même pas, ils se retrouvent dans les grandes manifestations des années 80, celles du peuple de gauche et de l'antiracisme absolu. Rien ne peut les séparer.
Les années passent. Virginie se construit une famille. Anne vit seule avec son fils. Emmanuel s'installe à l'étranger. Dans les rues de Paris, les manifestations aussi ont changé, les slogans se font plus ambigus. Les amis ne fréquentent plus les mêmes cortèges. Anne se met à voir en Virginie sa pire ennemie, et s'isole dans cette conviction que désormais elle est seule. Emmanuel revient en France, et avec lui l'espoir renaît. Mais, face à la violence de l'Histoire, l'amitié suffira-t-elle ?
Avec une détermination sans faille, Nathalie Azoulai prend sa génération à bras-le-corps, bien décidée à lui faire cracher le morceau : sur l'amitié, le sexe, la famille, l'antisémitisme. Et le reste.
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"Ses enfants passent leur temps à l'appeler. Au nom de "maman", elle répond dix, trente, cent fois par jour. Et la plupart du temps, elle cueille les "maman ?" comme des fleurs des champs, ordinaires et miraculeuses, c'est son lot. Jusqu'à ce que le vase déborde... Alors parfois, sans crier gare, elle pose des yeux hagards sur l'un de ses enfants qui l'appelle ; elle est sourde et muette, elle voudrait qu'on la laisse tranquille, qu'ils se débrouillent sans elle."
C'est une mère comme tant d'autres, qu'on n'avait prévenu de rien. Entre biberons, boulot, copines et mari, elle se cherche et s'agite, explore les sentiments ambigus qui la traversent, fouille cet amour infini qui la dévore...
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C'est l'histoire d'une femme qui a un frere
Azoulai Nathalie
- Seuil
- Cadre rouge
- 25 Novembre 2013
- 9782021144567
C'est l'histoire d'une fille qui a un grand frère dont elle s'est sentie très proche parce qu'ils ont vécu comme des jumeaux. Pourtant, à mesure qu'il revêt ses habits d'adulte, le jeune homme s'enlise dans les méandres de l'histoire familiale, adopte une vie qu'on lui choisit et leurs chemins se séparent. Alors sa sœur cherche pour lui, d'abord ce qu'il est, ce qu'il pourrait être, puis, peu à peu, ce qu'il aurait dû être. De quel droit ?
Commence l'histoire d'une petite sœur qui se débat pour devenir uné femme, pour tuer le frère en elle. On lui dit que la féminité se construit sous le regard du père. Mais si c'était plutôt sous celui du frère, du grand frère ?
Après Mère agitée (Seuil, 2002), dans lequel elle fouillait la part d'ombre de sa maternité, Nathalie Azoulai poursuit ici l'exploration des ambiguïtés familiales.