Un « double Nelson », c'est une prise de soumission qui consiste, dans un match de catch, à faire abandonner l'adversaire. Mais on peut aussi s'en servir dans une relation amoureuse. Tout commence par une séparation. Luc et Edith ont vécu quelques mois d'un amour intense, jusqu'à ce que le métier de cette dernière - elle fait partie des forces spéciales d'intervention de l'armée - envahisse leur quotidien au point de le défaire. Sauf que quand, réchappée d'une mission qui a mal tourné, Edith le prie de la cacher chez lui le temps de tromper l'ennemi à ses trousses, c'est la vie de Luc qui bascule et son roman en cours d'écriture qui en prend un coup. Ces deux-là qui peinaient à vivre ensemble vont devoir réapprendre à s'apprivoiser, alors qu'autour d'eux la menace d'une riposte de mercenaires se fait de plus en plus pesante. Il faudra bien que certains se soumettent...
Nathan vit avec sa femme et, en face de chez lui, au bout du jardin, il y a sa belle-mère Gaby, une poétesse magnétique dont il ne rate aucune lecture publique. De puissants investisseurs convoitent un terrain qui serait parfait pour y construire un parc d'attractions, mais Gaby, sa propriétaire, refuse obstinément de le leur vendre. Le député du coin s'en agace fortement. Nathan apprend, peu après, la mystérieuse disparition d'une randonneuse. Il lui semble que tout - le député, la randonneuse, le terrain, Gaby - est lié. En tout cas, c'est ce qu'il pense, lui qui nous raconte cette histoire où les morts vont étrangement s'enchaîner. Mais est-ce bien raisonnable de croire Nathan ?
Un matin, Greg tombe sur un reportage vieux de dix ans sur le combat, en 2019, de "la jeune femme aux nattes". Lui se sent pris en étau entre Anton, son beau-frère, pour qui il vient de falsifier les résultats d'une étude sur un pesticide, et Lucie, sa nièce, engagée dans une lutte écologique. Quand elle lui présente Véra, sa vision du monde s'en trouve ébranlée.
Six personnages se croisent dans ce roman de légère anticipation. Que s'est-il passé pour qu'en dix ans le monde poursuive son travail de dégradation ? Est-ce par paresse, impuissance ou égoïsme que les membres de cette famille ont laissé s'abîmer leurs vies et le monde qu'ils habitent ?
Ils avaient annoncé des orages pour la fin de journée, mais le ciel restait bleu et le vent était tombé. Je suis allé jeter un oeil dans la cuisine pour vérifier que les trucs collaient pas dans le fond de la casserole, mais tout se passait à merveille. Je suis sorti sur la véranda armé d'une bière fraîche et je suis resté quelques instants avec la tête en plein soleil. C'était bon, ça faisait une semaine que je prenais le soleil tous les matins en plissant des yeux comme un bienheureux, une semaine que j'avais rencontré Betty.
'Décidément, c'est une malédiction, ce coin-là. Il faut s'estimer heureux de ne pas se prendre une balle.'
États-Unis, côte Est, non loin de Nantucket. À la mort soudaine de leurs parents, Joan revient s'installer avec Marlon, son frère autiste. Alors qu'ils apprennent à
cohabiter dans la maison, Howard, un vieil ami de la famille, surgit et cherche à les convaincre d'entreprendre de mystérieuses fouilles à la cave. Mais dans sa banlieue aux airs faussement tranquilles, le shérif ne voit pas d'un très bon oeil l'intrusion de cet ancien activiste, aussi
séduisant qu'inquiétant.
"Les femmes avaient quand même le don, elles avaient l'instinct, pas besoin de les briefer pendant des heures, songeait-il, elles savent reconnaître un homme blessé."
Depuis la mort de son mari survenue un an plus tôt, Diana vit avec Marc, son beau-frère, qui veille sur sa santé et sa sécurité. Mais quand ce dernier découvre trois paquets de drogue échoués sur la plage, il est bien décidé à revendre la marchandise avec l'aide de Joël, le frère aîné de Diana. Et les ennuis s'enchaînent aussitôt. Les couples se trahissent, les amitiés se défont, l'amour flirte avec le meurtre, et, au milieu de ce vaste dérèglement, naissent bientôt de nouveaux sentiments.
Décembre est un mois où les hommes se saoulent - tuent, violent, se mettent en couple, reconnaissent des enfants qui ne sont pas les leurs, s'enfuient, gémissent, meurent...
Oh... raconte trente jours d'une vie sans répit, où les souvenirs, le sexe et la mort se court-circuitent à tout instant.
Prix Interallié
Dan et Richard, deux vétérans de l'Afghanistan et amis d'enfance, vivent dans la même ville depuis leur retour des zones de combat. Encore gravement perturbés par ce qu'ils ont vécu, ils peinent à retrouver une vie normale.
Le cas de Dan est à peu près réglé - il s'oblige à une hygiène de vie très rigoureuse, travaille assidûment ; mais celui de Richard - bagarreur, récidiviste, infidèle - semble définitivement perdu.
L'arrivée de Marlène, la belle-soeur de Richard, va redistribuer les cartes. Jusqu'à la tragédie?
Condensé dans sa forme, nerveux, Marlène est un roman tout entier tendu par la brusque fuite en avant de ses héros.
Denis a la quarantaine. Le jour, il mène une vie tranquille d'écrivain et de critique fauché. La nuit, il s'appelle Denise et danse dans un cabaret - même sa femme Hannah ne trouve rien à y redire.
Jusqu'au jour où ses beaux-parents décident d'emménager juste en dessous de chez lui... Paul, son beau-père, révulsé par l'excentricité de son gendre, a bien l'intention de le faire changer. Et en bon mafieux, il croit savoir comment y parvenir. Quant à Veronica, sa belle-mère, c'est tout le contraire : il lui plaît beaucoup, un peu trop même.
Denis pourrait facilement tirer un roman de cet encombrant voisinage, mais pour l'heure, il va devoir surtout sauver sa peau...
- Tu vois à quoi ça ressemble un entonnoir ? il a demandé.
Comme je ne répondais pas, il en a dessiné un dans les airs.
- Quand tu auras mon âge, tu seras arrivé dans le petit bout, il a enchaîné. Tu verras qu'il ne te reste plus beaucoup de possibilités.
Depuis la mort de Betty, l'écrivain a le coeur malade. C'est l'infarctus et l'appel aux petites pilules. Malgré tout, sa ligne de vie s'accroche au fil de l'écriture. Le succès et le fric pointent le bout de leur nez, ce qui n'empêche pourtant pas sa vie de se compliquer ; imaginez seulement deux écrivains sous le même toit où les courants d'air ont le visage de deux femmes... Dans la continuité de 37°2 le matin, le manège infernal des âme seules se poursuit dans une fuite en avant fantasque et authentique.
Tout commence alors que Myriam est encore adolescente. Extrêmement introvertie, elle vit chez son père qui l'a élevée seul. La mort de leur voisine fait débarquer dans le quartier un homme d'une quarantaine d'années, Yann, qui très vite devient son premier amant.
Chronique d'une émancipation borderline, ce roman raconte une vie hors des codes, entièrement construite à la faveur de rencontres et de situations. On croit tout savoir de Myriam, mais peut-être nous a-t-on caché l'essentiel ?
"Répétons-le, Djian est un écrivain, un grand écrivain. La littérature n'en possède pas tant.
Une page de Djian, ça ne ressemble à rien d'autre de connu dans le passé proche ou lointain, si ce n'est à une autre page de Djian. Elle possède un rythme, des couleurs, un éclat, une palpitation (double: manifeste et secrète), une sagesse et une folie qui n'appartiennent qu'à lui. Une manière de branchement direct sur les pulsations du coeur et sur les élans de l'âme : une phrase qui vit, c'est infiniment rare. Celle de Djian échappe, comme spontanément, à tous les modèles.
Seule le style, cette façon d'inventer le monde en l'écrivant, peut dire le bonheur et la tragédie dans leur pureté et leur dénuement.
L'écriture de Djian est vraie, elle est généreuse et elle porte sur le monde - l'auteur y compris - un regard de pitié rageuse.
Plutôt qu'"écrivain romantique", écrivain vivant" lui conviendrait. Avec l'irréductible contradiction que les termes entretiennent l'un avec l'autre."
Pierre Lapape
"Le Monde"
Un matin, dans le métro, Marc ramasse une fille au bord du coma éthylique et la ramène chez lui. Quelques heures plus tard, elle a disparu.
Qui est-elle? Pourquoi a-t-elle tout cassé dans sa maison? Pourquoi éprouve-t-il, immédiatement, le besoin de la revoir?
Vengeances raconte l'histoire de cette collision imprévue... qui va se révéler ne rien devoir au hasard.
Daniel est un musicien accompli. À cinquante ans et quelques, sa carrière est faite, il est l'auteur de plusieurs gros succès, de plus d'une dizaine d'albums, et tourne dans le monde entier. Le public et la critique l'adorent, on le reconnaît dans la rue et le désordre de sa vie conjugale avec Rachel fait parfois la une de la presse people.
Mais ces derniers temps, l'industrie du disque a changé sans qu'il s'en aperçoive. Et, quand il remet à sa maison de disques ses nouveaux morceaux, le verdict tombe : pas assez commercial.
Renvoyé en studio, il doit d'urgence trouver l'inspiration, quand sa femme, qui l'avait quitté depuis huit mois, choisit justement ce moment pour revenir...
Des histoires qui racontent le blues des amours déçues ou ignorées. Et des hommes qui souffrent "l'ennui, le désespoir, le mépris, et l'infinie désillusion" que leur inspire la vie... Mais c'est parce que l'amour qui les hante se refuse à eux que les personnages de Djian se cuirassent d'indifférence ou de certitudes. Au fond d'eux-mêmes, ils sont comme les crocodiles, " des animaux sensibles sous leur peau dure ". L'univers de Djian, fait de rudesse, de violence et de tendresse enfouie, se retrouve tout entier dans ces cinq drames de l'ordinaire. Cinq portraits sur un thème unique :l'inadaptation des êtres face au quotidien.
«Je pensais pourtant m'être sorti de toutes ces histoires, l'âge venant. Je croyais avoir compris que ces histoires ne valaient plus la peine que l'on se donnait hier encore pour les vivre, je croyais avoir compris que l'on était parvenus à un niveau supérieur, que l'on pouvait ne plus jouer à ces jeux idiots, que l'on pouvait s'en dispenser et j'étais là, frissonnant au crépuscule comme un collégien, totalement désarmé, terrassé.»
Francis est un écrivain à succès, meurtri par l'existence. Sa femme et l'une de ses deux filles sont mortes devant ses yeux. À soixante ans, il est maintenant installé au Pays basque où il a mis de côté ses derniers remords en se remariant. Mais voilà que sa fille Alice, qu'il chérit plus que tout, disparaît brutalement et brise ce fragile équilibre.
De la forteresse mentale qu'il se construit pour ne pas s'effondrer, il va découvrir un monde sans pardon possible.
Une Fiat 500. Au volant, Marc. À côté de lui, sa plus jolie étudiante. C'est la nuit, ils foncent chez lui finir la soirée en beauté.
Au petit matin, son goût prononcé pour les jeunes élèves de son cours d'écriture va soudain lui passer.
À cause des routes de montagne ? Du néo-conservatisme ambiant ? Des crises de sa soeur ? Ou plutôt du charme des femmes mariées ? Marc ne saurait dire. Du moins, pour le moment...
Un prof de musique, Henri-John, père de deux grandes filles, est plaqué par sa femme, Edith, écrivain à succès.
Pour lutter contre la solitude, le stress qui monte, il part pour les Etats-Unis. Il loge chez son beau-frère, Oli, dans une vaste maison à véranda au bord de l'océan. Ce séjour face au ciel et à la mer sera l'occasion d'un monumental bilan.
Djian ne cesse de revenir sur son passé dans une France de Meudon inventée par Céline, avec moutards et tractions avant, grisaille et pauvreté, pavillons de banlieue et fins de mois difficiles. Heureusement, il y a l'Amérique, son bonheur matinal, ses breaks rutilants, ses grandes étendues liquides, ses maisons de bois aux couleurs lie-de-vin, ses joggers fluo...
Personne ne peut aimer une femme et écrire un roman simultanément.
Dans les vapeurs d'une vie d'écrivain, il y a la question omniprésente du style, le blues, les femmes, LA femme.
Il y avait pas de lumière, juste le ricanement des grillons mélangé au silence, la lune à côté d'eux dans une bassine d'huile de vidange et cette baraque en bois, la porte était noire et graisseuse autour de la poignée, des pneus transformés en pots de fleurs et un siège de bagnole défoncé sous la véranda... Henri faillit s'embrocher sur l'énorme cactus qui trônait à l'entrée, pendant que Ned cognait à la porte, il remarqua la grosse fleur ouverte au milieu des piquants.
Le cactus ne fleurit qu'une seule nuit dans l'année. C'est une fleur aux couleurs très pures et très tendres, entourée de piquants, comme ce roman d'amour caché au coeur de la haine et du sang, sous un ciel implacablement bleu, comme l'enfer.
Ce que l'on craignait est arrivé : Victor Sollens s'est pendu. Le niveau des eaux baisse, le fleuve retourne dans son lit, Irène est saine et sauve, mais le vieil homme n'a pas supporté d'être rejeté par les siens - pour une vague histoire de trahison dont il se serait rendu coupable. De son côté, David découvre que Josianne n'est pas enceinte, ce qu'il n'apprécie que moyennement puisque c'était la raison pour laquelle il l'avait épousée. Autant dire que pour certains les choses ne vont pas très fort. À présent, plusieurs mois ont passé. L'arrière-saison est magnifique, la nature étonnamment luxuriante. Et il y a un grand plaisir à écrire là-dessus, sur le cheminement des âmes aujourd'hui, sur ces choses que nous avons sous les yeux, étrangement belles et menaçantes.
Conscient du problème, résolu à devenir un honnête homme, Marc rejoint les Sexoliques Anonymes - et il était temps, car être Sexuel Dépendant n'est pas une vie - tandis que David en profite pour poignarder Joël, ce qui le conduit tout droit chez les fous. Le temps demeure incroyablement doux, cependant. Un couple de vautours est apparu en ville. D'autres se contentent d'une rage de dents. L'occasion, pour Paul, de se conduire très odieusement. Quant à Irène, que dire de l'hébétude où la plongent les agissements de son diable de mari ? Et quant aux différentes femmes de l'histoire, que dire de leur désarroi général, voyant à quel genre d'hommes elles ont affaire ? Personnellement, je pense qu'elles ne valent pas mieux. Et que le seul devoir d'un écrivain est de travailler son style. Ph. Djian
Lorsqu'ils avaient vingt ans, et sous les yeux effarés de leur mère, David et Marc Sollens ont failli s'entretuer pour Édith - laquelle, amoureuse des deux garçons, en a profité pour s'enfuir avec un troisième larron avant que les choses ne tournent encore plus mal. Ils ont aujourd'hui la quarantaine et elle revient. Aïe. Tout autour, la ville miroite et clapote. Édith, qui eut longtemps la phobie de l'eau, surmonte brillamment l'épreuve. Elle revient de loin. Elle revient de si loin que parfois elle se sent à bout de forces mais elle tient bon. Elle gère tout ça. Elle a même réussi à ne pas affronter sa fille, à échanger quelques mots avec Irène. Elle gère tout ça. Dans l'ensemble, il s'agit d'un équilibre précaire, assez étonnant, si branlant qu'il en acquiert une sourde fermeté - tout rompant qu'il s'affirme avec les lois les plus élémentaires de la physique des corps qui s'entrechoquent. Mais comme toujours, et une fois de plus, le seul problème est de trouver la bonne cadence pour la lecture, la bonne foulée. Sinon quoi d'autre ? Ph. Djian
À la fin de la saison 1 " Marc sauta avec Sonia par une fenêtre aux croisillons calcinés et ils roulèrent curieusement en contrebas avant d'atterrir dans un potager où Paul faisait pousser son herbe. Il resta allongé sur le dos un instant pour reprendre son souffle. Il n'avait pas lâché Sonia durant leur dégringolade et il la tenait contre lui. Elle respirait comme une forge. Le toit de la remise était sur le point de s'effondrer et le feu rugissait, éclairait la nuit comme la chute d'une comète. Et Marc se disait que sauver la vie de sa fille le jour où ils se rencontraient était un bon début. " Comme vous le découvrirez dans cette deuxième saison, rien n'est moins sûr...