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Henri Bosco
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"Mon père m'avait averti :
- Amuse-toi, va où tu veux. Ce n'est pas la place qui te manque. Mais je te défends de courir du côté de la rivière.
Et ma mère avait ajouté :
- À la rivière, mon enfant, il y a des trous morts où l'on se noie, des serpents parmi les roseaux et des Bohémiens sur les rives.
Il n'en fallait pas plus pour me faire rêver de la rivière, nuit et jour. Quand j'y pensais, la peur me soufflait dans le dos, mais j'avais un désir violent de la connaître." -
"Quelquefois, tapi sous la haie d'aubépine, je l'épiais, surtout le matin, à l'heure où les enfants sont le plus légers. J'étais ému de la voir courir çà et là, sans but apparent. Jamais elle ne regardait de mon côté. Quelquefois, essoufflée par l'ardeur de sa course, elle s'arrêtait, haletante, à deux pas de ma cachette. Et alors je la voyais bien, car je pouvais la regarder à loisir. Elle avait de grandes jambes nues, griffées par les ronces, deux yeux verts très foncés, et quelques taches de rousseur sur les bras, au cou. Je la trouvais laide et effrontée."
Prix Renaudot -
Il passa en faisant claquer ses petits pas d'âne léger sur les dalles du pont. Les couffins, qui bringuebalaient sur son dos, étaient pleins jusqu'aux bords de branches d'argélas en fleur. Cette plante, qui fleurit en février, est une sorte de genêt épineux. Le chargement de l'âne m'étonna. De loin je le suivis.
Il se dirigea tout droit vers le presbytère. Sans doute y était-il attendu, car l'abbé Chichambre en sortit aussitôt et transporta l'argélas dans l'église. Après quoi il dit quelques bonnes paroles à l'âne Culotte et lui donna une tape sur la croupe. L'âne vira de bord et repartit vers la montagne. -
"Eh bien, mon enfant, c'est à vous que je confie le soin de recommencer cette difficile aventure. Vous ferez, il le faut, en Malicroix, ce que Cornélius n'a pas pu faire. C'est le 16 juillet de l'an qui doit venir après ma mort que, seul, embarqué sur le bac avec le batelier aveugle, vous irez au milieu du fleuve pour y trancher le câble : et vous descendrez droit sur le Ranc, au milieu des tourbillons..."
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Hyacinthe a été enlevée et élevée par un mystérieux vieillard, dans l'isolement d'un Paradis qu'il essaie de recréer. Un jour, elle s'enfuit pour trouver l'homme qu'elle aime...
Ce livre est plus qu'un récit, plus qu'un roman, c'est une incantation qui reflète toutes les nuances du rêve. Le lecteur y retrouvera avec joie les personnages de L'âne Culotte. -
Dans le mystérieux Luberon, les habitants d'un village s'affrontent à propos du bassin de la Conque, une belle fontaine. Certains veulent le combler. Deux femmes, la Cherli, fille de la terre et des bois, et Laurence, la créole envoûtée, participent à ce combat. Le génie des eaux, retranché dans les grottes souterraines, abandonne le village, dont les habitants ruinés sont condamnés à l'exil. Après leur départ, la fontaine coulera de nouveau.
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C'est le récit d'une saison de vertige et de drame dans une grande maison solitaire, pas tout à fait hantée, mais imprégnée de souvenirs, parmi les arbres d'un parc redevenu sauvage, plein de fontaines d'eau vive et de volières d'oiseaux ; là, quelques personnages mystérieux se dissimulent et passent comme des fantômes.
C'est le récit de la possession d'un vivant par un mort, une plongée au coeur du royaume nocturne des ombres et des mythes, l'histoire d'une romance impossible entre deux êtres liés par l'omniprésence d'un disparu.
Pénétré de poésie, enraciné dans le terroir provençal, Un rameau de la nuit est une oeuvre sensible et envoûtante, d'une étrangeté qui, pour n'être pas rare dans l'oeuvre de Bosco, trouve ici une force saisissante. -
Pierre Lampédouze et Irénée : la fantaisie aux prises avec le caprice et l'amour. Capri, Naples, Ravello, la Sicile servent de décor. Mais le vrai décor de ce roman d'amour est intérieur.
Irénée se manifeste par des jeux, des inconséquences, des ruses, un sang vif qui se disperse, le goût de la lubie, de l'imprévu. Elle a la superstition de la perversité, malgré ses naïvetés et ses innocences. Et puis elle danse... Et en face, un danseur aussi, lancé sur les traces d'une ombre, l'Ombre même de son désir.
Comme fond, la mer. Comme ciel, quelques pans d'azur. Et partout, le souci secret de vaincre.
Ce roman qui parfois s'épanouit en poème est un de ceux qui ont fait découvrir Henri Bosco. -
Il a huit ans, l'âge de raison, mais encore l'âge des songes. Ses parents, obligés à de longues absences, le confient à des étrangers, qui demeurent très loin de sa maison des champs, dans une banlieue d'Avignon, banlieue sans grâce ; mais il y a une grâce pour les enfants et les jeux de leurs rêveries.
Antonin est d'abord, un temps, en pension, chez les Bénichat. Ce sont de pauvres gens. Le mari, bon colosse, est chef de train. Il emmène souvent Antonin en promenade. Il lui fait faire un réveillon de neige, en pleine campagne, dans la baraque de son ami l'aiguilleur, cependant que grondent, tout près, les rapides de nuit, merveilleux et terribles.
Antonin aura d'autres joies et aussi des peines. Il découvrira, puis perdra, la tendre et mystérieuse Marie.
Antonin apprendra à connaître ce qu'on peut connaître à son âge, des hommes, des arbres, des oiseaux, du ciel - et aussi de la vie et de la mort.
Antonin est l'oeuvre d'amour d'un grand écrivain, d'un magicien aussi, dont la magie reste invisible. -
Tout à coup, à deux ou trois mètres de moi, le fourré s'agita, une branche éclata, un choc brutal déchira le fourré et, du milieu des ronces, jaillit, avec deux formidables crocs d'ivoire, une tête énorme. Je ne vis que cela, la hure. Un peu de bave coulait le long des poils sur les babines noires. Les yeux étaient petits et sanglants. Ils me regardaient. Le souffle rude et chaud m'arrivait sur le visage. Il sentait l'herbe mâchée. Par derrière ce bloc brutal de crin et de chairs ramassées, le fourré broyé laissait voir comme un couloir creusé, au pied de la paroi, dans le roc.
Le sanglier ne bougeait plus. J'étais là, et c'est tout ce que je pouvais être.
La bête sortit du fourré. Alors je la vis vraiment. J'étais presque couché sur le dos, ma tête n'arrivant qu'à son poitrail. Elle me dominait et ses boutoirs, larges comme la main, se dressaient à un mètre de ma figure. Je serrai les mâchoires. -
"Maintenant, tu vas écouter ces Histoires d'animaux et certainement sans t'arrêter, car il se passe des choses merveilleuses, des choses étranges, des choses effrayantes, des choses extraordinaires... Les animaux de ces histoires vivent des aventures palpitantes et ils parlent ! Ils parlent comme des personnes, avec des qualités, des défauts, des sentiments. Cette histoire a été écrite par Henri Bosco, il y a longtemps déjà. Mais comme il n'avait pas eu le temps de la terminer, c'est moi qui ai écrit une fin pour pouvoir te la raconter telle qu'il l'aurait sans doute aimé. Alors ouvre bien tes oreilles et ne sois pas trop surpris : ces animaux vont te paraître étrangement familiers..."
Marie-Claude Frémeaux -
Les lecteurs de L'Âne culotte et de Hyacinthe retrouvent ici les mêmes personnages et les mêmes lieux. Cette histoire aussi se passe dans les montagnes du Lubéron. Un peu à l'écart du monde, les habitants de fermes et de hameaux trouvent une
indicible sérénité dans une vie rustique et dans le maintien des traditions. Familier de la nature, ils sont attentifs à des signes et vivent dans le respect de éléments.
Dans les ravins et les combes rocheuses, des visiteurs au visage ténébreux abritent leurs feux éphémères et leurs mystérieux desseins. Deux mondes s'affrontent et, dans cette lutte, la magie a parfois une tenace victoire...
Un soir de Noël, une gitane abandonne une petite fille chez les Guériton qui réveillonnent avec Frédéric Méjean, le narrateur de ce récit. C'est une enfant étrange, appelée Félicienne ; elle ne parle pas sans tomber en léthargie et ses yeux n'expriment rien.
Les gens du pays s'efforcent d'éclaircir le halo de mystère qui entoure Félicienne sans y parvenir ; d'autres événements insolites les troublent, mais ils ne peuvent les relier entre eux. Frédéric est lui-même victime de sortilèges : il aperçoit Félicienne dans une forêt peuplée d'animaux apprivoisés, tandis qu'une voix murmure 'Hyacinthe... Hyacinthe'. En proie au délire pendant plusieurs jours, terrassé par les forces malignes, il aura une vision de l'histoire de l'enfant... Mais on ne saurait se fier aux songes.
Il faudra la découverte d'un document magique. Il faudra surtout que Félicienne, devenue une jeune fille, puisse reconnaître la voix de celui qui, appelant 'Hyacinthe', saura
réveiller son âme endormie par un 'enchantement'.