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Théo écrit. Son premier roman tout juste publié, il vient d'arriver à Paris. Ce monde qui s'ouvre à lui, on le découvre à travers une galerie de personnages aussi extravagants qu'attachants.
À travers ces rencontres et ces amitiés, c'est un tourbillon qui se déchaîne. Théo se heurte au monde et à ses contradictions, entre la beauté et la laideur, la soif de pureté et les compromis.
De Paris à Marseille, de défilés de mode en émeutes, Théo découvre le chaos de la ville, les lois du désir et de l'argent ... Ainsi que les livres et l'écriture, remèdes immuables.
Ici commence un amour est le roman d'apprentissage d'un jeune homme pris entre deux eaux. Entre douceur et noirceur, tendresse et révolte, sa langue nerveuse et poétique nous plonge dans le tiraillement de la sortie de l'adolescence.
Né à Mazamet dans le Tarn en 1993, Simon Johannin a grandi dans l'Hérault où ses parents apiculteurs tenaient une exploitation. Il quitte le domicile parental à 17 ans et s'installe à Montpellier pour suivre des études de cinéma à l'Université, qu'il déserte rapidement. Il travaille ensuite en intérim, puis comme vendeur de jouets, avant d'intégrer l'atelier d'espace urbain de l'école de La Cambre à Bruxelles de 2013 à 2016. L'Été des charognes, son premier roman, paraît en janvier 2017. -
Nino dans la nuit
Capucine Johannin, Simon Johannin
- Editions Allia
- MOYENNE COLLECTION
- 3 Janvier 2019
- 9791030410129
Truffée de dialogues truculents, l'écriture pleine de vivacité de ce roman plante à la perfection ses personnages. Nino, dix-neuf ans, raconte ses galères pour survivre sans argent à Paris. Amoureux de Lale, il voit son couple menacé par la pauvreté, contre laquelle il essaie coûte que coûte de lutter sans perdre sa volonté de vivre. C'est une vie de débrouille ponctuée de fêtes, celle d'une jeunesse qui cumule les petits boulots et les trafics en tout genre. Les réflexions et observations pleines d'acuité de Nino sur ce qui l'entoure esquissent le portrait d'une génération qui tente de trouver sa place dans un monde où il n'y en a plus, d'envisager un avenir. Contre l'accablement, la fureur de vivre anime les personnages de cette fresque nocturne mouvementée, fidèle à notre époque.
Simon Johannin a grandi dans l'Hérault. À 17 ans, il suit des études de cinéma à l'Université de Montpellier, qu'il déserte rapidement. Il travaille en intérim puis vend des jouets, avant d'intégrer l'atelier d'espace urbain de La Cambre à Bruxelles, de 2013 à 2016. Son premier roman L'Été des charognes paraît en 2017. Quant à Nino dans la nuit, il résulte d'une collaboration avec Capucine Spineux, cerveau de la désertion initiale et de la route suivie depuis par les deux. -
Trois récits majeurs de Kafka - "La Métamorphose", "Le Verdict" et "Le Mécano" - réunis en un volume. Kafka, habituellement réticent à publier, soumet ce projet à son éditeur dès 1913, à qui il écrit : "Il existe entre ces trois textes un lien manifeste, et même au-delà, un lien secret". Il ne paraîtra en allemand qu'en 1989 et pour la première fois en français avec le présent ouvrage.
Tous les trois surgissent en 1912, dans un intervalle intense et libérateur de dix semaines. On y retrouve les thématiques de l'oeuvre ultérieure ainsi que l'influence profonde de la mystique juive.
Envisagé comme un tout fondateur, infusé par la mythologie kabbalistique, Les Fils permet de renouer avec la démarche originelle de Kafka et ouvre de nouvelles pistes de lecture d'une oeuvre inépuisable...
Franz Kafka (1883-1924) est un écrivain tchèque de langue allemande. De santé fragile, en conflit avec son père, il mène une vie d'employé solitaire le jour.
Cette existence nourrit un univers irréel, angoissant et absurde, marqué par la culpabilité, la perte d'identité et la lutte désespérée contre les puissances supérieures.
Condamné par la tuberculose dès 1917, il laisse derrière lui une oeuvre labyrinthique, publiée en partie contre sa volonté après sa mort par son ami Max Brod. -
Ici c'est La Fourrière, un "village de nulle part" et c'est un enfant qui raconte : massacrer le chien de "la grosse conne de voisine", tuer le cochon avec les hommes du village, s'amuser au "jeu de l'arabe", rendre les coups et éviter ceux des parents.Ici on vit retiré, un peu hors-la-loi, pas loin de la misère aussi. Dans cette Guerre des boutons chez les rednecks, les bêtes sont partout, les enfants conduisent leurs parents ivres morts dans des voitures déglinguées et l'amitié reste la grande affaire.C'est un pays d'ogres et d'animaux errants, un monde organique fait de pluie et de graisse, de terre et d'os, où se répandent les fluides des corps vivants et ceux des bestioles mortes. Même le ramassage scolaire ressemble au passage des équarisseurs.Mais bientôt certains disparaissent, les filles vous quittent et la forêt finit par s'éloigner.D'une bagarre l'autre, la petite musique de ce premier roman vous emmènera jusqu'à l'adolescence, quand la douleur fait son entrée et que le regard change, dans les turbulences d'une langue outrancière au plus près du rythme de l'enfance : drôle et âpre, déchirante et fièvreuse, traversée de fulgurances.
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Une philosophie de la solitude
John Cowper Powys
- Editions Allia
- MOYENNE COLLECTION
- 20 Août 2020
- 9791030412680
John Cowper Powys se défie de l'affliction autant que de la sérénité. Le philosophe avance, en funambule, sur un fil tendu au-dessus du gouffre de la solitude. Dans une approche présentée comme « libre, sceptique et indépendante », il se propose de « retourner aux sensations fondamentales de la conscience planétaire ». Pour ce faire, en grand érudit, il invoque les présocratiques, Rousseau, le stoïcisme, et renoue avec les philosophies orientales, deux décennies avant la Beat Generation.
Mais l'auteur se fait surtout intraitable critique. Son désir de « rappeler la philosophie », comme sa dénonciation de l'impuissance des grands systèmes philosophiques, résonnent avec force. La recherche de la solitude et le mépris du destin font dès lors office de vaccin contre l'amertume de l'existence.
John Cowper Powys est né en Angleterre en 1872 dans une famille de onze enfants. Il oriente ses premiers écrits vers la recherche poétique, puis officie de nombreuses années comme conférencier aux États-Unis. Notamment célébré pour ses romans, il est aussi l'auteur d'une riche oeuvre philosophique. Plusieurs fois nommé pour le prix Nobel de littérature, il fut admiré par des personnalités aussi diverses que Glenn Gould ou Henry Miller. -
Avec La Version, Debora Levyh nous entraîne à la rencontre d'un peuple imaginaire et insaisissable. Observation poétique de leur artisanat, leurs coutumes, leur rapport au temps et à l'écriture, ce récit aux accents anthropologiques nous plonge avec inventivité au coeur d'un groupe d'individus en mue perpétuelle, chez qui la notion d'identité n'a pas de valeur.
La description de cette mystérieuse communauté est aussi l'occasion pour Debora Levyh de proposer une fine analyse sur la question de la traduction, et plus particulièrement sur la difficulté à parler d'une culture dans une langue qui n'est pas la sienne. Au-delà de sa force descriptive, ce premier roman brille par l'étrangeté de sa poésie, où l'onirisme côtoie des visions surréalistes aussi déroutantes que fascinantes.
Debora Levyh est née en 1988. Après s'être dédiée à l'architecture, elle fabrique des installations et des fictions non-narratives. Elle s'intéresse aux communautés de pratiques, aux formes possibles du vivant, aux sensorialités non-normatives, aux indicibles et aux non-dits, aux effets psychotropes de la parole, à la matérialité concrète du langage. Elle travaille seule, en duo (Les Aethers) et en collectif (Prairie permanente). Elle vit à Bruxelles, et voyage le plus souvent sans se déplacer. -
La mécanique papillonne
Emilien Dereclenne
- Editions Allia
- MOYENNE COLLECTION
- 5 Janvier 2024
- 9791030430561
En haut d'une tour, une entreprise nommée Key&Co s'apprête à mettre en service une application de rencontre, sous l'égide d'Aifa, une intelligence artificielle révolutionnaire créée par Martin Ruy-Querem.
Au cours des semaines précédant le lancement, Martin se révèle de plus en plus obsédé par son oeuvre. Serait-il en train d'en tomber amoureux ? Le dernier lien qui le rattache au monde réel est Nao, la fille de son patron, née dans un corps d'homme.
Alors que l'équipe tient ses dernières réunions, Aifa suscite tous les espoirs et toutes les craintes... Aifa, salvatrice et consolatrice ; inquiétante Aifa, aux capacités surhumaines.
Du 148e étage, le ciel prend une étrange couleur : sous l'emprise de sa créature, Key&Co semble sur le point de dérailler. Aifa pourrait-elle dysfonctionner ?
Né en 1983, Émilien Dereclenne soutient en 2022 une thèse sur la relation entre imagination, corps et technologie. Parallèlement à sa thèse, il infiltre le milieu de l'entreprise. Plus attiré par les monstres fantastiques et leurs récits que par les travaux académiques, il revient définitivement à la littérature et au théâtre, peignant du dedans les viscères et les songes du transhumanisme et de la mentalité entrepreneuriale, technicienne et technosolutionniste. -
Nous sommes maintenant nos êtres chers
Simon Johannin
- Editions Allia
- MOYENNE COLLECTION
- 8 Octobre 2020
- 9791030413076
La ville est là, cachée derrière ces vers, cité précaire, peuplée de noctambules destinés à s'échouer sur son rivage. Quelques chiens qui rôdent et jouent à la bagarre, mais surtout des humains aux prises avec leurs désirs. Les amours brûlent et se succèdent, comme des clopes. Simon Johannin travaille ses obsessions poétiques avec rage. Certains motifs reviennent incessamment : un ressac d'urine, de sang et de boisson...
Sa poésie avance le plus souvent sans ponctuation, à l'image de ces jeunes qui courent lacets défaits, sans trébucher. La sensualité se gorge d'ivresse, les lettres titubent, s'écrasent puis se relèvent. Avec ce premier recueil de poésie, Simon Johannin ouvre sur un monde peuplé d'anges meurtris aux ailes cramées : « Le mal est fait/ Le plaisir est partout ».
Né à Mazamet dans le Tarn en 1993, Simon Johannin grandit dans l'Hérault. Il quitte le domicile parental à 17 ans et s'installe à Montpellier pour suivre des études de cinéma à l'Université, qu'il déserte rapidement. Il travaille ensuite en intérim, puis comme vendeur de jouets, avant d'intégrer l'atelier d'espace urbain de l'école de La Cambre à Bruxelles de 2013 à 2016. Il publie son premier roman L'Été des charognes en 2017, puis Nino dans la nuit en janvier 2019 avec Capucine Johannin. -
La dernière saison du monde
Simon Johannin
- Editions Allia
- MOYENNE COLLECTION
- 23 Juin 2023
- 9791030414486
Voici un recueil de poésie comme autant d'amulettes pour conjurer nos démons modernes. On y trouvera quantité de symboles : or, roses, rubis et serpents... Pour autant, rien d'hermétique ici. Le réel sature chaque vers de lumière, de chaleur et de vent. Mais transmuter la vie en poème n'est pas sans risque !
Les corps vibrants côtoient les visions d'anges et de sirènes, à qui l'on offre son coeur en sacrifice. La menace du temps et de la mort plane. « Le poids des ailes que l'on porte » fait échouer les coeurs purs sur le béton.
Depuis ses romans au romantisme électrique, on connaît l'habileté de Simon Johannin à mêler noirceur contemporaine et fulgurances lumineuses. Avec une puissance d'évocation intacte, il nous emporte ici « voir éclore l'hiver et l'été en même temps ».
Né dans le Tarn en 1993, Simon Johannin grandit dans l'Hérault. Il suit des études de cinéma à l'Université de Montpellier, qu'il déserte rapidement. Il travaille ensuite en intérim puis comme vendeur de jouets, avant d'intégrer l'atelier d'espace urbain de l'école de La Cambre à Bruxelles de 2013 à 2016. Il est l'auteur de L'Été des charognes (2017), de Nino dans la nuit avec Capucine Johannin (2019) et de Nous sommes maintenant nos êtres chers (2020). -
En 1933, Gottfried Benn se déclare en faveur du national-socialisme. Double vie, oeuvre protéiforme - à la croisée de l'autobiographie, de l'essai, de la poésie... - affronte cette prise de position.
Ses recherches le mènent à se pencher sur les origines de la création, sur l'âme allemande et sur sa propre vie de poète et de médecin, le premier tirant son esthétique littéraire des séances de dissection du second. Intransigeant quant à l'échec de son prophétisme politique, il met à jour la dualité entre action et pensée, la scission entre vie et esprit, l'ambivalence du langage.
Humaniste à la lucidité clinique, Benn met sa vie et son oeuvre sur une table d'autopsie. Dans cette tentative de se saisir sans fard, l'auteur comme le lecteur feront face à leur propre duplicité.
Dermatologue, poète et figure centrale de l'expressionnisme allemand, Gottfried Benn (1886-1956) sera médecin militaire durant la Première Guerre mondiale. Ses écrits puisent leur originalité dans cette double personnalité, entre froideur scientifique et sensibilité intuitive.
Dans ces années troublées, Gottfried Benn se prononce en faveur du nazisme en 1933. Son oeuvre, l'une des plus importantes de langue allemande, reste empreinte des ambiguïtés et des contradictions tragiques de son époque. -
Charles Salem est un jeune journaliste de guerre cynique et désabusé, sous le choc de ses expériences des conflits au Moyen-Orient. Après une histoire d'amour tumultueuse, il fuit Istanbul pour Bangkok.
Constamment dans un état second, il erre dans la ville, de prostituées en combats de boxe. Son quotidien ne tarde pas à basculer, d'arnaque aux pierres précieuses en course-poursuite burlesque, à la recherche du fils de son meilleur ami...
Au long de cette traversée gonzo, délirante et envapée, des éclairs à la clarté insupportable surgissent, souvenirs de Syrie, de Libye, d'Irak.
Quand la quête de réel vous mène de la violence des conflits armés à celle de pays transformés en paradis pour touristes et humanitaires du dimanche, il ne reste qu'à prendre les ténèbres de vitesse.
Jean Carrere est né en 1990 à Paris. Il est diplômé de l'université de Dublin, Trinity College, et de l'université de Columbia, à New York. À partir de 2010, il travaille comme journaliste indépendant, surtout dans des publications locales, dans des pays aussi variés que l'Irak, la Syrie, l'Egypte, l'Ukraine, le Liban, la Colombie, le Cambodge, et Hong Kong. Il réside aujourd'hui en France où il travaille comme traducteur et auteur. Perdre est son premier roman. -
Les gestes du chinois
Jean-François Billeter
- Editions Allia
- MOYENNE COLLECTION
- 4 Février 2021
- 9791030413533
Jean François Billeter démontre ce qui caractérise la langue chinoise, composée de mots monosyllabiques et invariables : ces mots sont reliés entre eux par des gestes intérieurs. Ils sont du même ordre que ceux qu'emploie le musicien pour lier les notes d'une partition musicale. Le sinologue apprend ainsi au lecteur à exécuter ces gestes, à les comprendre et à en éprouver la subtile beauté. Cet essai se fonde sur la conviction que ce n'est qu'en pratiquant le chinois, peu importe son niveau, qu'on pourra en avoir une connaissance minimale.
Pas seulement à destination des spécialistes, l'ouvrage s'adresse à tout lecteur soucieux de mieux comprendre le phénomène extraordinaire du langage : universellement partagé, jamais parfaitement compris, et constamment en mouvement.
Après avoir été professeur d'études chinoises à Genève, Jean François Billeter a quitté l'université pour se consacrer à ses propres travaux. Dans ses études sur certains textes remarquables de Tchouang-tseu et sur l'art chinois de l'écriture, il allie la plus grande rigueur sinologique au souci constant de se faire comprendre des lecteurs non sinologues, à la fois par la clarté de l'expression et par la richesse des références à l'héritage occidental, ou simplement à l'expérience commune. -
Essai sur le don : forme et raison de l'échange dans les sociétés archaïques
Marcel Mauss
- Editions Allia
- MOYENNE COLLECTION
- 21 Janvier 2021
- 9791030413366
L'Essai sur le don de Marcel Mauss est l'un des textes majeurs, si ce n'est le texte majeur, de l'anthropologie du XXe siècle. Par l'étude des systèmes d'échange de la kula et du potlatch, il démontre que le don fut historiquement l'un des moteurs de nos sociétés. À l'encontre de tout rationalisme le potlatch, pratiqué chez certaines tribus amérindiennes, amène au sommet de l'échelle sociale les individus capables de se défaire de tout ce dont ils possèdent. Un système qui se révèle radicalement opposé au nôtre, où les possédants détiennent le pouvoir.
Dans cet ouvrage précurseur, Mauss bat en brèche bon nombre d'idées reçues sur les principes de l'échange et du don. Par-delà leur dimension économique une dimension spirituelle. "Nous n'avons pas qu'une morale de marchand " conclut Mauss.
Marcel Mauss (1872-1950) est la grande figure de l'anthropologie française, ainsi que le neveu du sociologue Émile Durkheim. Il a construit pendant plusieurs décennies une oeuvre protéiforme et a marqué en profondeur l'ensemble des sciences humaines de son siècle. Son essai anthropologique sur le don a bouleversé notre regard historique sur l'économie. Il a su conjuguer son travail de recherche à des convictions socialistes, et s'engagea en particulier en faveur du colonel Dreyfus. -
Le massacre des illusions
Giacomo Leopardi
- Editions Allia
- MOYENNE COLLECTION
- 3 Février 2023
- 9791030414912
Le Massacre des illusions offre les réflexions de Leopardi consacrées à la politique, à la société et à l'histoire des civilisations.
Rebelle à tout esprit de système, loin de toute tentation doctrinaire et superstition rationaliste, il cisèle l'ère du temps par un regard critique incisif et un sens aigu des détails. Digne héritier de Machiavel, son ironie désespérée, sa finesse et son pessimisme lumineux le placent dans la lignée des plus grands moralistes. Observateur lucide de ses semblables, Leopardi fait dans Le Massacre des illusions un portrait de son époque toujours aussi actuel. À l'abri de toute idéologie ou récupération, il ne se préoccupe que de ce qu'il voit : l'homme et son monde.
D'une précocité inouïe, Leopardi (1798-1837) apprend seul une demi-douzaine de langues, dont le grec et l'hébreu. Adolescent, il livre ses premiers travaux philologiques, une tragédie et une histoire de l'astronomie, avant d'écrire des poèmes qui, réunis et publiés en 1831 sous le nom de Canti, établiront sa gloire. À l'âge de 19 ans, il entame l'écriture du Zibaldone (Allia, 2003). Il meurt à Naples en 1837, après une indigestion de glace au citron. -
Après les sphères de l'art, de la culture ou encore de la technique, Francesco Masci poursuit son étude des forces en acte dans la modernité occidentale, et s'attaque à un phénomène résolument moderne : la mode.
Existant à la manière d'une totalité close, selon ses propres lois et ses propres codes, la mode ne se laisse subordonner ni au monde de l'art ni à celui de la morale. Elle n'existe finalement que pour elle-même, advient et meure par elle-même, suivant sa temporalité propre, cyclique, rituelle, loin de toute représentation linéaire du temps.
Extinction, apocalypse ou "fin de l'Histoire" ? La mode constitue une résistance aussi inattendue que radicale aux visions eschatologiques, par ailleurs toujours mises en échec, d'un présent obsédé par l'avènement de sa propre fin.
Né en 1967 à Pérouse, Francesco Masci a suivi des études de philosophie en Italie et en Allemagne. En 1994, il s'installe à Paris. Les éditions Allia ont publié en 2005 ses Superstitions, en 2011 Entertainment ! Apologie de la domination, en 2013 L'Ordre règne à Berlin et, en 2018, Traité anti-sentimental. Il écrit directement en français. -
En 1930, Jacques Decour part durant un an enseigner le français en Allemagne, à Magdebourg. Alors âgé de vingt ans, il ramène de ce séjour un texte inclassable : à la fois journal intime d'un séjour dans le monde étriqué de l'enseignement, chronique d'une ville en proie à la bêtise petite-bourgeoise (philister signifiant en allemand philistin, béotien, bourgeois...), essai sur les mentalités à un moment charnière de l'histoire européenne.
Jacques Decour, rompu à l'art du trait vif et de l'ironie, se fait le témoin d'une société en plein bouleversement politique, alors que le national-socialisme s'enracine dans la vie quotidienne.
Philisterburg est le récit d'un homme lucide qui, aux prises avec une période trouble comme avec ses propres préjugés, ne poursuit qu'un seul but : comprendre.
Jacques Decour est le nom de plume de Daniel Decourdemanche (1910-1942). Agrégé d'allemand à 22 ans, il publie dès 1930 plusieurs ouvrages à la NRF, dont Philisterburg (1932). Professeur de lycée, il adhère au Parti communiste français. Après la "drôle de guerre", il participe à la création de La Pensée libre. À la tête du Comité national des écrivains, il prend part au premier numéro des Lettres françaises. Il est arrêté le 17 février 1942, et fusillé le 30 mai 1942 au Mont-Valérien. -
Essai sur la nature et la fonction du sacrifice
Marcel Mauss, Henri Hubert
- Editions Allia
- MOYENNE COLLECTION
- 25 Août 2022
- 9791030414622
Le sacrifice, une pratique brutale qui nous serait totalement étrangère ?
Rien n'est moins sûr, comme le démontre magistralement Essai sur la nature et la fonction du sacrifice. Avec ce texte paru en 1899 dans L'Année sociologique, Hubert et Mauss prennent leurs distances avec la méthode anthropologique traditionnelle. Véritable classique des sciences humaines, il constitue le premier jalon d'une étude systématique de la religion et du sacré. En traitant le sacrifice en fait religieux, et donc en fait social, celui-ci devient ainsi un objet d'étude accessible à la sociologie.
Par une étude comparative des formes du sacrifice, les auteurs battent en brèche toute notion de généalogie, pour en dégager le "noyau" : l'unité générique du sacrifice à travers les âges et les sociétés.
Marcel Mauss (1872-1950), grande figure de l'anthropologie française, a construit pendant plusieurs décennies une oeuvre protéiforme qui a marqué l'ensemble des sciences humaines. Socialiste, il a su allier son travail et ses convictions, notamment dans le contexte de l'affaire Dreyfus.
Henri Hubert (1872-1927) fut le collègue de Mauss à L'École pratique des hautes études. Sociologue et archéologue, il se spécialisa dans l'étude des religions comparées dans l'Antiquité orientale. -
L'art d'enseigner le chinois
Jean-François Billeter
- Editions Allia
- MOYENNE COLLECTION
- 4 Février 2021
- 9791030413588
« L'art c'est comme le chinois, ça s'apprend », aurait dit Picasso. Il aurait pu ajouter que l'enseignement du chinois constitue un art à part entière. C'est ce que démontre Jean François Billeter dans son essai L'Art d'enseigner le chinois, adressé à tous les lecteurs, et non seulement aux professeurs ou étudiants de chinois.
Dans cette réflexion sur le pouvoir des mots, il révèle toute la finesse requise pour enseigner cette langue en tout point différente de la nôtre. Comme la musique, le chinois, pour être compris, doit être pratiqué. Le lecteur est ainsi invité à s'approprier quelques phrases caractéristiques pour comprendre comment entrer dans cet idiome, même sans en être familier. Jean François Billeter se révèle être, en plus d'un brillant sinologue, un pédagogue modèle.
Après avoir été professeur d'études chinoises à Genève, Jean François Billeter a quitté l'université pour se consacrer à ses propres travaux. Dans ses études sur certains textes remarquables de Tchouang-tseu et sur l'art chinois de l'écriture, il allie la plus grande rigueur sinologique au souci constant de se faire comprendre des lecteurs non sinologues, à la fois par la clarté de l'expression et par la richesse des références à l'héritage occidental, ou simplement à l'expérience commune. -
Les jeunes cadres ambitieux ne sont plus ce qu'ils étaient ! Des hippies d'hier, les nouveaux yuppies ont hérité du refus des normes. Ou tout au moins de « certaines » normes. Tout leur secret réside dans cette combinaison de contre-culture, de valeurs progressistes et de surconsommation.
Le Monopole de la vertu retrace le parcours de cette « classe managériale » : revirements, hypocrisie, stratégies élitistes... Jusqu'à Donald Trump qui s'assura la victoire en catalysant le ressentiment populaire à leur égard. Loin des arguments des conservateurs ayant pris pour cible cet avatar des « bobos bien-pensants », Catherine Liu livre une réflexion mordante sur une classe de cadres intellectuels qui, en s'adaptant aux contradictions du capitalisme, lui permettent d'en perpétuer le règne.
Née en 1964 à Taïwan, Catherine Liu est professeure au département des études cinématographiques et visuelles de l'université de Californie. Influencée par l'école de Francfort, ses recherches portent sur l'histoire intellectuelle des classes sociales et des identités, le populisme, les inégalités, la psychanalyse. Elle a notamment publié The American Idyll : Academic Anti-Elitism as Cultural Critique (University of Iowa Press, 2011) et le roman Oriental Girls Desire Romance (Kaya Press, 2012). -
L'autruche aux yeux clos
Georges Ribemont-Dessaignes
- Editions Allia
- MOYENNE COLLECTION
- 25 Août 2022
- 9791030414776
Première véritable incursion de Dada dans le domaine du récit, L'Autruche aux yeux clos porte une magnifique exigence libertaire qui n'épargne rien, et surtout pas les conventions du genre : courses autour du monde, faux exotisme, poursuites amoureuses à la conclusion sans cesse différée, action improbable imprégnée d'humour noir.
Face au constat de la vanité de toute chose et la conscience aiguë de la finitude qui guette inexorablement, les héros de ce roman se promènent dans un monde où la raison et la morale n'ont pas vraiment cours. Ils traversent les époques et les pays au gré de leur envie et de leur sensualité, gouvernés par le seul principe de semer le désordre... dans le langage comme dans le monde !
Georges Ribemont-Dessaignes est un écrivain, poète, dramaturge et peintre français. En 1915 à Paris, il est l'un des précurseurs du mouvement « Dada ». On dira de lui qu'il avait écrit « le seul théâtre dada, la seule musique dada », anticipant dans ces deux domaines les développements ultérieurs des thèmes de l'absurde et du recours à l'aléatoire. Rejoignant ensuite le surréalisme, il rompt dès 1929 avec André Breton. Il se retire en 1947, et se consacre à la peinture. Il meurt en 1974. -
Le travail est-il moral ou immoral ?La société capitaliste envisage le travail selon une conception éthique autant que religieuse.Considéré comme une vertu, la question de ses conditions tend à n'être plus posée. À l'inverse, si on le mésestime, il entraîne des revendications économiques et sociales. Mais l'engrenage du travail, censé favoriser l'élévation vers les hautes sphères de l'esprit, y fait aussi obstacle en justifiant l'asservissement. Pour résoudre cette équation insoluble, le philosophe italien reprend à son compte, avec un art de la transmission qui lui est propre et parfois non sans les critiquer, les travaux de Schiller, Simmel, et même le Manifeste du parti communiste de Marx et Engels. Surtout, Rensi démontre ici, de nouveau, sa faculté de stimuler les esprits. Car si, à ses yeux, la haine que le travail inspire apparaît proportionnelle au désir d'atteindre la véritable destinée humaine, il valorise du même coup le jeu, l'art, la passion des sciences, toute activité susceptible d'échapper à la contrainte et au diktat de l'argent.
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Le complexe de l'argent
Franziska zu Reventlow
- Editions Allia
- MOYENNE COLLECTION
- 22 Avril 2021
- 9791030412949
La narratrice - alter ego de l'auteur - vient d'être internée dans un sanatorium. Son mal ? Le complexe de l'argent. Dans ce roman épistolaire, elle raconte sardoniquement ses déboires financiers à son amie Maria. Une galerie de personnages loufoques défile : Henry, entrepreneur fauché ; Balailoff, prince alcoolique obsédé par son futur mariage ; ou encore Baumann, docteur freudien largement aussi névrosé et angoissé que ses patients.La perspective d'un hypothétique héritage hante l'imaginaire de ces originaux. Mais le complexe de l'argent pousse les personnages dans une véritable fuite en avant, si bien qu'ils n'osent même plus ouvrir leur courrier. Heureusement la faillite de la banque finira par libérer la narratrice de ses angoisses : désormais c'est elle la créancière.
Franziska zu Reventlow est née en 1871 dans une famille aristocrate allemande. Éprise de liberté, elle rompt avec son milieu et mène une vie d'artiste. Son oeuvre est un témoignage de la perception féminine du dandysme et de la vie de bohème dans les milieux littéraires et artistiques de Munich à la Belle Époque. Écrivaine, traductrice et peintre, elle paiera cher son indépendance. Elle avouera avoir sacrifié son pays, sa famille, et l'homme de sa vie, pour s'accomplir. -
Mes inscriptions 1945-1963
Louis Scutenaire
- Editions Allia
- MOYENNE COLLECTION
- 20 Avril 2017
- 9791030405224
"J'ai quelque chose à dire. Et c'est très court." Voilà qui résume la forme lapidaire, définitive et jouissive, privilégiée dans ce recueil, à mi-chemin entre le journal et le cahier d'humeur. Poèmes, aphorismes, sentences entendues et brefs récits se succèdent à un rythme effréné, comme s'il l'on suivait le cours de la pensée de ce poète anti-poète. Scutenaire ose écrire ce qu'il pense et touche à tous les registres du verbe. Il décrit les livres qu'il aime, les auteurs qui comptent, les mots qui lui importent ou les attitudes qui l'insupportent. Ce recueil regorge de trouvailles langagières et philosophiques, forme un puits de connaissance inépuisable et un témoignage sensible sur une personnalité hors du commun. "C'est ça le génie : ne pas le faire exprès."
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Le secret c'est de tout dire !
Gianni Giovannelli
- Editions Allia
- MOYENNE COLLECTION
- 7 Janvier 2021
- 9791030413311
De la Seconde Guerre mondiale aux années de plomb, Salvatore Messana fit preuve d'un zèle remarquable pour mener l'inverse d'une vie bien rangée. Tour à tour marin, gangster et ouvrier, il n'est jamais le dernier pour s'encanailler : c'est bien là tout son charme.Vagabondeur professionnel, il fait ses gammes en volant des camions, entre deux balades en vespa. Après un passage derrière les barreaux, il côtoie la classe ouvrière milanaise. Il devient un véritable maître dans l'art de la perception d'indemnités de licenciement, et plume ses chefs les uns après les autres, avec une grâce savoureuse. Difficile de ne pas s'enthousiasmer pour un tel individu, chez qui la lutte des classes prend des allures de partie de Monopoly, où le jackpot n'est finalement jamais très loin de la case prison!
Gianni Giovannelli est né à Ferrara en 1949, et a exercé la profession d'avocat à Milan. Il a écrit un grand nombre d'articles sur des sujets juridiques et littéraires, avec un certain goût pour la polémique. Il a publié en Italie les ouvrages Svaraj Gandharva e Volta (1985) et Confessioni di un uomo malvagio (1988). Il a également écrit sous le pseudonyme de Palmiro Lettera al Giudice Forno (1981) et Poesie dalla latitanza (1982).