Chaque danse a un nom, un pas, une histoire, un chant et une symbolique. Chez les Indiens d'Amérique, l'expression musicale, jouée ou entonnée, épouse le domaine du surnaturel. Il y a des chansons pour soigner des malades, d'autres pour générer la pluie, d'autres encore entendues en rêve. Quasi toutes sont dotées de pouvoirs magiques. La musique est une langue secrète, connue des seuls initiés. La rareté des mots en attestent, comme la prolifération des vocalises au son de la flûte, du tambour ou des crécelles. L'auteur décrit l'organisation sociale de chaque tribu, les croyances, les cérémonies et les instruments fabriqués dans le bois, la corne ou la carapace de tortue. Une civilisation entière apparaît sous nos yeux, avec ses rites secrets, ses incantations et ses danses.
La version pdf de cet ouvrage contient de nombreuses illustrations noir et blanc.
Quel touriste étranger n'associe pas La Vie en rose à la France, qui ne s'est pas imaginé à Rome en écoutant Ti amo ou en Espagne avec La Macarena ? Ces mélodies populaires sont tellement ancrées dans l'imaginaire collectif qu'elles ne sont plus les icônes du répertoire de leur interprète, celui-ci se dissolvant au profit d'une voix nationale, mais deviennent le symboles de la nation, son porte-parole. À travers trois chansons issues de la folk américaine, Greil Marcus lève le voile sur trois facettes d'une seule nation. Selon lui, elles permettent de définir la mentalité américaine. Par ces trois morceaux on découvre non seulement trois manières de parler des USA, mais aussi trois nations à l'intérieur de ceux-ci, chacune avec son histoire secrète, ses traditions et sa culture oubliées.
Greil Marcus est le plus célèbre rock critic américain. Spécialiste de la pop culture outre-atlantique, il est l'auteur d'ouvrages qui mettent au jour les liens souterrains unissant les mouvements artistiques et musicaux et les événements, parfois séparés de plusieurs siècles. Collaborateur régulier à Rolling Stone Magazine et Creem, cet intellectuel mélomane est également un conférencier aux quatre coins du monde. Il est l'auteur de Lipstick Traces (Allia, 1998) et de Dead Elvis (Allia, 2003).
Ce texte inclassable a d'abord été l'un des plus fulgurants manifestes dada, dont Tristan Tzara s'est inspiré pour son Manifeste Dada (1918). Or, quand il le republie en 1927, Serner le transforme en manuel de savoir-vivre... pour voyous de haute volée ! Ce guide burlesque regorge de conseils avisés en toutes circonstances, que ce soit en charmante compagnie, en voyage ou encore dans l'habillement. Face à une époque de paranoïa aiguë, il s'agit d'instruire l'homme de cour moderne, à savoir l'escroc. Et en somme, de faire l'éloge du cynisme. Serner inflige une thérapie par électrochocs à une humanité dont la folie ne trouve plus de contrepoint que dans la sagesse de l'aigrefin : « Le monde veut être trompé, c'est certain. D'ailleurs, il deviendra sérieusement méchant, si tu ne le fais pas. »
Né en 1899 à Carlsbad et mort au camp de Theresienstadt en 1942, Walter Serner a d'abord été l'une des plus brillantes figures du mouvement Dada. L'originalité de ses romans, publiés au début des années vingt et devenus des classiques de la littérature moderne, lui a valu le surnom de "Maupassant du crime" et de "Choderlos de Laclos des bas-fonds".
Le code de conduite du parfait homme de cour est au coeur des conversations de gentilshommes lettrés à la cour d'Urbino. Traduit dès le XVIesiècle dans toute l'Europe, ce manuel de bonnes manières a marqué la culture occidentale. Or, le présent volume s'attache au livre III, le plus original et le plus délicieusement digressif. Cinq hommes et, fait exceptionnel, deux femmes, dont la duchesse d'Urbino, participent à la joute verbale. Le sujet se révèle épineux : les usages qu'une dame de palais se doit d'observer. Tous se disputent in fine sur les mérites prêtés à la femme en général. Quand les misogynes s'opposent aux défenseurs de la gent féminine, l'un prône une égalité entre l'homme et la femme. Mais le champion de ces dames ne s'en forgerait-il pas une image conforme à ses désirs ?
L'écrivain Baldassare Castiglione (1478-1529) fut ambassadeur auprès de Louis XII puis de Léon X. Il se lia d'amitié avec Raphaël et rencontra les personnalités réunies autour de la duchesse Élisabeth de Gonzague et sa belle-soeur Emilia Pia : Pietro Bembo, Julien de Médicis, Ottaviano, Federigo Fregoso et autres lettrés qui figureront dans sa grande oeuvre Il Cortegiano, parue en 1528. Après la mort de sa femme en 1520, il entre dans le clergé et gagne la cour de Charles-Quint. Il meurt à Tolède.
Que penser de Cronos dévorant ses enfants ? D'Athéna sortie de la tête de Zeus ou de Persée décapitant la Méduse ? se demande d'emblée Walter F. Otto. L'invraisemblance de ces mythes tend à maintenir une distance avec ce qu'ils entendent illustrer. Pourtant, le mythe est constitutif de notre être, il gît dans l'ombre quand la raison se déploie dans la lumière, comme le jour cède à la nuit. Il est aussi un garant de la poésie. Que l'on songe à Dante, Homère ou Goethe. Dynamique, le mythe apparaît créateur et appelle l'action. Avec passion, Otto révèle son essence et, par là, nous invite à comprendre ce qui, fondamentalement, nous anime, voire nous enthousiasme, au sens propre.
Le philosophe et historien des religions Walter Friedrich Otto (1874-1958) est l'auteur de deux chefs-d'oeuvre, Les Dieux de la Grèce (1929) et Dionysos, le mythe et le culte (1933). Aux côtés de Karl Reinhardt, il est l'une des grandes figures de la philologie allemande. Son approche originale du paganisme et des mythes a permis de renouveler la connaissance de la civilisation grecque.
Héritier par adoption de la couronne du royaume de Numide, le jeune Jugurtha n'hésite pas à corrompre les dirigeants romains pour éliminer tout rival et s'emparer seul du trône. Mais bientôt la grogne se lève au sein du peuple de Rome, indignation de la plèbe qui se révolte contre les massacres en chaîne et les manoeuvres de la noblesse. Obligée, par crainte d'une guerre civile, de combattre le roi barbare, celle-ci l'emporte grâce à Marius, général aux origines modestes. Cette victoire marqua l'entrée dans les hautes sphères politiques de personnalités issues des classes populaires. Par une attaque sévère contre l'aristocratie romaine, vénale et corrompue et le récit de la première victoire du "parti populaire", Salluste écrit l'une des toutes premières luttes des classes de l'Histoire.
Né en - 86, Salluste fut un homme politique, militaire et historien proche de Jules César et de Clodius. Après une courte carrière au Sénat, il accompagna César en campagne et franchit avec lui le Rubicon en - 49. Après l'assassinat de ce dernier, il se consacra au récit complet des épisodes les plus mémorables de l'histoire romaine. Son souhait novateur d'expliquer les causes des événements et de comprendre les motivations des protagonistes le consacrèrent "premier des historiens de Rome".
Rolland Poe a enfin trouvé la recette pour cloner les stars hollywoodiennes. L'événement défraie la chronique et donne lieu à un rapport, matière du récit : « L'affaire des doubles de Hollywood et de la folie de M. Rolland Poe, alias docteur XYZ ». Poe est parvenu à dupliquer toute personne ayant au préalable été filmée. Bientôt, le clone de Greta Garbo s'éveille, suivi par ceux d'autres vedettes du cinéma : Joan Crawford, Norma Shearer, Joan Bennett ou encore Rodolfo Valentino. XYZ délaisse très vite ses investigations scientifiques pour se laisser bercer par les douceurs des romances sentimentales susceptibles de naître sous pareil climat. La société de production Metro-Goldwyn-Mayer s'inquiète cependant de voir dédoublées ses stars les plus cotées. Une opération d'enlèvement s'élabore...
Fils de l'écrivain péruvien Ricardo Palma, auteur de Traditions péruviennes, Clemente Palma (1872-1946) appartient à l'oligarchie libérale, nourrie de littérature française et nord-américaine. Auteur de recueils de contes et d'essais, il a aussi dirigé des revues littéraires et des journaux, a été consul à Barcelone puis député. Exilé à Santiago du Chili, il entame l'écriture d'XYZ.
Une rumeur gronde depuis les tombes du cimetière de Spoon River. C'est la voix des morts. Depuis l'au-delà, les habitants ensevelis retracent dans des mots taillés à la serpe la cause de leur décès.Règlement de comptes et autres aveux dépeignent une véritable fresque sociale. De la femme trompée au juge déwchu, le ressentiment se répand comme une traînée de poudre. Entre ses allées, le calme n'est qu'apparent, la rancoeur n'aura de cesse de perturber un repos éternel. Chef d'orchestre de ces voix, Edgar Lee Masters signe là un roman extrêmement original au ton férocement satirique, qui repose sur une mise en perspective des monologues au moyen d'échos et d'allusions croisées. Mais ce n'est pas tout : il compose du même coup de véritables poèmes en vers libres, qui tiennent de l'épigramme et prennent le contre-pied de l'éloge funèbre. Passions et rancoeurs animent ce microcosme, allégorie de toute l'Amérique, loin de tout cliché bucolique. Foudroyant.
Roman philosophique et humoristique, tant sérieux que parodique, Bayamus narre les aventures d'un mutant à trois jambes, dont l'une équipée d'un patin à roulettes, qui désire créer et propager une nouvelle espèce. Cheminant vers le Théâtre de la Poésie Sémantique dans un Londres fantastique, notre héros croise la route de prostituées sémanticiennes, de monstres fervents de poésie en vers, une étrange femme à sept doigts ou encore des policiers rubiconds adeptes de la traduction instantanée. Car si l'humour est au centre de cet ouvrage, il fraie une voie royale à une réflexion sur les rouages et les absurdités du langage. L'auteur se joue des mots, de ses personnages mais aussi des lecteurs, les malmène et les distord. Car c'est la force des génies d'être sérieux sans en avoir l'air !
Vraie fausse biographie du père anonyme de Guillaume Apollinaire, un ecclésiaste passionné de poésie qui proclame la Réalité de l'Âme et de l'Oignon et prêche le plätüonisme, Le Cardinal Plätüo est une oeuvre aussi scandaleuse que drôle. Tel un funambule en équilibre sur la corde sensible du blasphème et de l'humour loufoque, Themerson détourne le genre biographique en une fiction subversive d'une intelligence rare et d'un humour décapant. Au détour des pages, on croise les frères Goncourt, Karl Marx, Anatole France ou encore Berkeley. Que du beau monde ! Entre les formules mathématiques prouvant l'existence de trois réalités, des sophismes à en perdre la tête, les chants d'un ivrogne ou la mystérieuse Règle de la Main Droite, quand il est question d'absurde, il y en pour tous les goûts !
Épopée romantique, Obéron s'inspire d'un poème du XIIe siècle, relatant la geste du chevalier Huon de Bordeaux. Au lieu de lui donner la mort pour avoir malencontreusement retiré la vie de son fils, l'empereur Charlemagne charge Huon d'une périlleuse mission : il exige qu'il lui rapporte des poils de la barbe du calife de Bagdad ainsi que quatre de ses molaires. Mais ce n'est pas tout : il doit aussi décapiter l'homme assis à la gauche du sultan et embrasser la jeune femme à sa droite pour en faire son épouse. En route, Huon traverse des situations toutes plus extraordinaires les unes que les autres. Et la plus merveilleuse d'entre elles est l'apparition soudaine d'Obéron, roi des Génies, d'une beauté angélique. Huon se voit remettre de ses mains une corne d'ivoire et un calice d'or et commande en son honneur une danse voluptueuse, à laquelle Huon résiste, ayant vu en rêve une femme à qui il désire rester fidèle. Rézia, la fille du Calife, a de son côté rêvé d'un chevalier aux cheveux d'or... Obéron, incarnation de la pureté amoureuse, exige d'eux chasteté jusqu'à ce que le pape bénisse leur union... Goethe encensa cette fresque féerique, riche en péripéties, cette histoire d'amour fou, qualifiant Obéron de "chef-d'oeuvre de l'art poétique".