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Grasset
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Vipère au poing est le récit, largement autobiographique, du combat impitoyable que livrent Jean Rezeau, dit Brasse-Bouillon, et ses frères, à leur mère, Folcoche. Jean Rezeau, que nous suivons de quatre à seize ans, n'est pas pour autant un enfant martyr. Il a beaucoup trop de combativité pour être de ceux qui subissent : la haine l'occupe comme d'autre la tendresse. N'avoue-t-il pas, à la dernière ligne : « Merci ma mère ! Grâce à vous, je suis celui qui marche, une vipère au poing ».
Cri de haine et de révolte, Vipère au poing, le premier roman d'Hervé Bazin, lui apporta la célébrité et le classa d'emblée parmi les écrivains français les plus lus de notre époque. -
Oedipe, Jocaste, Antigone et Créon: voilà les personnages de Sophocle au filtre de Cocteau, qui modernise ici un drame connu, et transforme les dieux en machines infernales apportant le malheur sur terre. Dans cette pièce publiée en 1934, Cocteau s'amuse et surprend par l'infernale diversité de son style.
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Gatsby le Magnifique
Francis Scott Fitzgerald, Victor Llona, Bernard Frank
- Grasset
- Les Cahiers Rouges
- 16 Mai 2007
- 9782246799436
Nous sommes au lendemain de la Grande Guerre. Le mal du siècle envahit les âmes. C'est l'époque de la Prohibition et des fortunes rapides. En 1922, Jay Gatz, devenu Gatsby, se retrouve fabuleusement riche. Personnage mystérieux, installé à Long Island dans une somptueuse propriété il est l'objet de mille légendes. A-t-il été étudiant à Oxford ? Est-ce un mafieux ? Elles n'empêchent pas les gens chics et moins chics, de venir en troupe boire ses cocktails et danser sur ses pelouses.
Gatsby cherche à séduire Daisy, la fiancée de Tom Buchanan, un millionnaire qui, contrairement à lui, a hérité sa fortune. Il cherche à l'éblouir, fait des dépenses folles. Mais c'est argent contre argent, vieille fortune contre parvenu?
L'ouvrage, publié aux Etats-Unis en 1925, est précédé d'une préface de Fitzgerald à une réédition de 1934, et suivi des trois préfaces mythiques à l'édition Grasset de 1962, par Antoine Blondin, Bernard Frank et Jean François Revel.
Cette nouvelle traduction de Jacques Tournier a été établie à partir des manuscrits, des corrections d'épreuves et des dernières révisions de Scott Fitzgerald.
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Tout le monde connaît le chef-d'oeuvre d'Oscar Wilde tel qu'il a été publié en volume en 1891. Cette version diffère considérablement du manuscrit qu'il avait soumis quelques mois plus tôt au Lippincott's Magazine où le roman devait paraître en prépublication. Le directeur, par pruderie, l'avait sérieusement raboté, ce qui ne l'a pas empêché de provoquer un premier soulèvement d'indignation. Par la suite, Wilde a augmenté et remanié son roman, estompant ses passages les plus audacieux. La critique instruisait déjà son procès en immoralité. Il a fallu attendre 2011 pour que, en Angleterre, des universitaires rendent disponible le texte initial, avant les censures successives. C'est cette version que les Cahiers rouges publient pour la première fois en France.
La trame reste inchangée. Dans le Londres fin de siècle, le peintre Basil Hallward tombe en adoration devant son modèle, le beau Dorian Gray. Leur chaste idylle commence, troublée par l'intervention d'un vieux camarade de Hallward, Lord Henry. Dandy hédoniste amoureux des bons mots, affichant avec insolence son homosexualité, il convainc Dorian de l'importance capitale de sa beauté. Un jour viendra où la vieillesse l'aura défiguré et plus personne ne le regardera. Horrifié, Dorian conclut un pacte faustien avec le portrait que Hallward a peint de lui : ce n'est plus lui que le temps abîmera, mais l'image du tableau. Le Portrait de Dorian Gray non censuré est encore plus délicieusement décadent et surtout plus ouvertement homosexuel. Le pouvoir érotique de Dorian est exacerbé, nombre de phrases rendent indubitable et intense la nature des sentiments de Hallward pour lui. On retrouvera bien sûr les saillies du spirituel Lord Henry, notamment le fameux :
« De nos jours on sait le prix de tout, mais on ne connaît la valeur de rien. » -
Lettres à un jeune poète
Rainer Maria Rilke
- Grasset
- Les Cahiers Rouges
- 25 Septembre 2002
- 9782246794516
Les Lettres à un jeune poète ont été écrites entre 1903 et 1908. Rainer-Maria Rilke, depuis sa rencontre avec Lou Andréas Salomé en 1897 à Munich, poursuit sa vie errante. Autrichien né à Prague en 1875, poète de langue allemande, il vivra presque toujours hors d'Allemagne. La lecture de Mir zur Feier (A moi pour me fêter, 1899) décide un jeune homme de vingt ans, Franz Xaver Kappus, élève du prytanée militaire de Sankt-Poelten, à lui envoyer ses premiers essais politiques. Rilke lui répond longuement et une correspondance s'engage. En 1929, trois ans après la mort de Rilke, Kappus publie les dix Lettres à un jeune poète.
« On assiste, en un mot, au spectacle extrêmement rare d'une formation par accomplissement intérieur. » Rilke a donc pu, dès 1903, faire de ses conseils à une jeune homme qui lui demande s'il doit se consacrer entièrement à l'écriture un véritable bilan, un « guide spirituel ». Les convictions de Rilke ne changeront jamais lorsqu'il s'agit des problèmes essentiels qui se posent à un poète. Il insiste avec passion sur la nécessaire solitude du créateur, celle qui permet de voir clairement le monde. Mais l'on doit répondre avec sincérité à la question primordiale : « Suis-je vraiment contraint d'écrire ? » Il faut être simple, s'approcher de la nature, savoir que la volupté de la chair « est une expérience sans limites qui nous est donnée, une connaissance de tout l'univers. » Avec une concision fulgurante, Rilke établit des règles de comportement, d'écriture et d'exercice littéraire. -
Sous le Second Empire, le mineur Etienne Lantier découvre à Montsou, dans le Nord, la misère, l'alcoolisme, les accouplements sordides, des crapules et des saints, toute une humanité en souffrance damnée par le capital. Il s'engage dans le combat socialiste mais la direction des mines contre-attaque. Une immense grève survient, affameuse et meurtrière. Au milieu de cet enfer, une lueur: l'amour qui le lie à Catherine. Il ne survivra pas... {Germinal }(1885) est le livre le plus noir, le plus violent de Zola.
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Falsifiant des ordonnances, Thérèse a tenté d'empoisonner Bernard, son mari, un homme respectable mais froid, buté. Pour préserver sa famille du scandale, ce dernier a déposé en faveur de sa femme; Thérèse a obtenu un non-lieu. Sur le chemin qui la ramène du tribunal vers son mari, la jeune femme fait défiler sa vie, les blessures qui l'ont poussée à commettre ce crime démoniaque. Peut-être la plus belle, la plus violente prière romanesque de Mauriac.
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Lors d'une nuit provençale où "les étoiles ont éclaté comme de l'herbe", Bobi le saltimbanque surgit sur le plateau. Pour le fermier Jourdan qui invite l'étranger chez lui, cette visite relève de la Visitation. Par ses incroyables paroles, Bobi s'annonce comme un personnage christique, gouverné par la joie, qui va bouleverser le "travail triste" des paysans du coin, leur révéler une vie plus authentique, plus risquée aussi, tant elle exige de confiance en l'homme et dépasse les égoïsmes. L'argent n'est plus utile ; on parle de mettre le blé en commun... Avec Aurore et Joséphine, deux fruits sensuels, l'utopie bascule dans le drame...
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C'est sur un paquebot trop confortable, en route pour l'Amérique du Sud, que Stefan Zweig eut l'idée de cette odyssée biographique. Il songea aux conditions épouvantables des voyages d'autrefois, au parfum de mort salée qui flottait sur les bougres et les héros, à leur solitude. Il songea à Magellan, qui entreprit, le 20 septembre 1519, à 39 ans, le premier voyage autour du monde. Un destin exceptionnel...
Sept ans de campagne militaire en Inde n'avaient rapporté à Magellan le Portugais qu'indifférence dans sa patrie. Il convainc alors le roi d'Espagne, Charles-Quint, d'un projet fou ; " Il existe un passage conduisant de l'océan Atlantique à l'océan Indien. Donnez-moi une flotte et je vous le montrerai et je ferai le tour de la terre en allant de l'est à l'ouest " (C'était compter sans l'océan Pacifique, inconnu à l'époque..). Jalousies espagnoles, erreurs cartographiques, rivalités, mutineries, désertions de ses seconds pendant la traversée, froids polaires, faim et maladies, rien ne viendra à bout de la détermination de Magellan, qui trouvera à l'extrême sud du continent américain le détroit qui porte aujourd'hui son nom.
Partie de Séville avec cinq cotres et 265 hommes, l'expédition reviendra trois ans plus tard, réduite à 18 hommes sur un raffiot. Epuisée, glorieuse. Sans Magellan qui trouva une mort absurde lors d'une rixe avec des sauvages aux Philippines, son exploit accompli.
Dans ce formidable roman d'aventures, Zweig exalte la volonté héroïque de Magellan, qui prouve qu'" une idée animée par le génie et portée par la passion est plus forte que tous les éléments réunis et que toujours un homme, avec sa petite vie périssable, peut faire de ce qui a paru un rêve à des centaines de générations une réalité et une vérité impérissables ". -
Paru en Italie en 1997 dans un volume d'essais intitulé Cinq questions de morale, traduit chez Grasset en 2000, Reconnaître le fascisme d'Umberto Eco est un texte d'une extrême actualité : le témoignage lucide et terrible d'un des plus grands intellectuels du XXe siècle, qui a grandi dans l'Italie de Mussolini.
Quatorze. Tel est le nombre des caractéristiques qui permettent de déterminer si une idéologie, un mouvement, une société sont fascistes, selon Umberto Eco. Il y a les plus évidentes : la haine de la culture, l'obsession du complot, le refus de l'étranger. D'autres, plus insidieuses, bénignes en apparence, aboutissent au même résultat si l'on n'y prend garde : la peur du langage complexe, l'idée d'un peuple doté d'une volonté propre, le fait de considérer les désaccords comme des trahisons.
Les sociétés démocratiques sont-elles à l'abri d'un retour du fascisme ? Non, dit Umberto Eco, qui nous met en garde contre le masque innocent que prendra le fascisme pour revenir au pouvoir. « Ce serait tellement plus confortable si quelqu'un s'avançait sur la scène du monde pour dire : "Je veux rouvrir Auschwitz, je veux que les chemises noires reviennent parader dans les rues italiennes !" Hélas, la vie n'est pas aussi simple. » Les clefs pour débusquer et combattre une idéologie mortifère. -
Après ses vies de Magellan, de Marie Stuart ou de Fouché, faut-il rappeler le génie de biographe de Stefan Zweig ? Marie-Antoinette (1933) rétablit la courbe et la vérité d'un destin obscurci par la passion ou la honte posthumes. L'auteur a fait le ménage dans la documentation, puisant dans la correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère, Marie-Thérèse d'Autriche, et dans les papiers de Fersen, grand amour de la reine.
Qui était Marie-Antoinette faite, l'année de ses quinze ans et par raison d'Etat, reine de France ? Une débauchée futile ? Une icône pour la Restauration ? Nous la suivons de la chambre de son époux, qu'elle appelait son « nonchalant mari », le falot Louis XVI, jusqu'au lit de la guillotine. Quel voyage ! Quelle histoire ! Le monde enchanté et dispendieux de Trianon, la maternité, le début de l'impopularité, l'affaire du collier, la Révolution qui la prit pour cible, la fuite à Varennes, la Conciergerie, l'échafaud...
Zweig s'est penché sur Marie-Antoinette en psychologue. Il ne la divinise pas : elle « n'était ni la grande sainte du royalisme ni la grande « grue » de la Révolution, mais un être moyen, une femme en somme ordinaire ». Il analyse la chimie d'une âme bouleversé par les événements, qui, sous le poids du malheur et de l'Histoire, se révèle à elle-même et se rachète, passant de l'ombre de la jouissance à la lumière de la souffrance. « A la toute dernière heure, Marie-Antoinette, nature moyenne, atteint au tragique et devient égale à son destin ».
Davantage qu'un livre d'histoire : un roman vrai. -
Un hameau provençal cerné de blé, de lavande, de genièvre. Le père Janet contemple cette nature depuis des années, il en connaît les sortilèges, et les secrets qui bruissent sur la colline. En montrant jadis où il fallait creuser pour capter l'eau, il a donné une fontaine, la vie, au village. Mais aujourd'hui Janet est vieux, couché près de l'âtre, il attend la mort en délirant. Ses paroles mystérieuses, menaçantes, inquiètent ses proches : c'est peut-être le signe qu'un danger plane sur le village. La fontaine tarit, une fillette tombe gravement malade, un incendie détruit les terres... Et si le vieux sorcier, se sentant finir, avait décidé de précipiter le village avec lui dans la mort ?
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Il existe des dizaines de traductions en français de Macbeth (1606), une des plus célèbres tragédies de Shakespeare. Celle de François-Victor Hugo, qui date du XIXe siècle et a longtemps été la référence, apparaît aujourd'hui datée. Depuis, la pièce a donné lieu à des multiples travaux scientifiques, réalisées par des universitaires, linguistes et grammairiens, qui ont privilégié l'exactitude plutôt que l'esthétique.
Voici enfin une traduction littéraire du chef-d'oeuvre de William Shakespeare par un des écrivains les plus imaginatifs de la littérature française : Marcel Schwob, également auteur, avec Eugène Morand (père de Paul Morand), d'une traduction de Hamlet parue en 1901. Son Macbeth, publié posthume en 1927, n'a jamais été réédité depuis.
Seuls les écrivains savent traduire les écrivains. Il fallait le sens poétique et l'imagination de Schwob pour retrouver, en français, la richesse, la finesse et l'énergie du texte de William Shakespeare. -
50e anniversaire de la mort de Jean Cocteau
Paru en 1929 aux éditions Grasset, acclamés par la critique comme le chef-d'oeuvre romanesque de Jean Cocteau, Les Enfants terribles racontent l'histoire d'un frère et d'une soeur, Paul et Elisabeth. Paul est blessé à la sortie du lycée Condorcet par une pierre que Dargelos, un de ses camarades de classe, avait dissimulée dans une boule de neige. Convalescent, il garde la chambre où Elisabeth le soigne. Cette chambre devient le théâtre de ce qu'ils appellent « le jeu », c'est-à-dire une histoire qu'ils s'inventent chaque soir et dont ils sont les héros. Leur rêve se confond dangereusement avec la réalité ; Paul veut quitter « le jeu » ; Elisabeth veut l'y maintenir. La comédie cesse, commence la tragédie...
Avec ce roman, Cocteau a montré qu'à l'enchantement de l'adolescence se mêlait le drame. En 1950, le livre a été adapté au cinéma par Jean-Pierre Melville. Gloire encore plus grande, le titre du roman est devenu une expression courante de la langue française. -
« Oui, dans ma vie, il y a eu beaucoup de chiens - mais il y a eu le chat », écrit Colette dans Les Vrilles de la vigne. Les chats n'ont pas seulement été ses compagnons préférés, ils ont constitué pour elle le lien entre le réel et l'imaginaire, l'autobiographie et la fiction. Les chats de Colette apparaissent dans la plupart de ses récits, mais aussi dans nombre de fictions. Plus-qu'animaux, ils sont des para-humains, porteurs de signes et de sens. D'ailleurs, ils parlent souvent de ces êtres étranges qui les entourent, les humains. Certains, magiques, se dédoublent : Kiki-la-doucette, vieux et fidèle compagnon de l'écrivain, prend la parole dans les Dialogues de bêtes et devient un personnage aussi snob que volubile qui dédaigne et sa maîtresse et le chien qu'elle a eu la maladresse de faire entrer dans son intimité : Colette n'était pas dupe de sa passion des chats, ni de leur ruse.
Les chats de ma vie rassemble les chats peuplant l'oeuvre de celle qui les aimait tant. Des gouttières aux boudoirs, des jardins aux chambres, imaginés ou authentiques, les voici, affectueux, intéressés, séduisants, pervers, ronronnant, griffant, libres. -
« Marlene Dietrich n'est pas une actrice, comme Sarah Bernhardt ; elle est un mythe, comme Phryné. » a écrit André Malraux. A-t-on jamais lu les mémoires d'un mythe ? Cette autobiographie est un trésor d'esprit et d'histoires : Marlene Dietrich raconte le Hollywood de l'âge d'or sur un ton ironique et mordant qui tranche avec l'habituel « légendaire » des récits hollywoodiens. Portraitiste de grand talent, elle nous présente von Sternberg, Chaplin, Gabin, Hemingway, Piaf, Fleming, Hitchcock, Orson Welles, Billy Wilder, Fritz Lang, Erich Maria Remarque, Stravinsky, Sinatra ou Nat King Cole. À propos de ce dernier, elle déclare, avec un sens de la formule et une intelligence qui traversent l'ensemble du livre : « Je crois que Dieu l'aimait, même s'il me semble impossible que Dieu aime ceux qui meurent jeunes. » Ses mémoires sont une plongée dans l'histoire culturelle de l'Occident et la rencontre avec une femme exceptionnelle. Dans l'avertissement, Marlene Dietrich dédie ce livre à ceux qui l'ont apprécié : « Peut-être riront-ils un peu avec moi » écrit-elle. C'est une certitude.
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Et tu n'es pas revenu
Marceline Loridan-Ivens, Judith Perrignon
- Grasset
- Les Cahiers Rouges
- 15 Janvier 2025
- 9782246841371
Et tu n'es pas revenu, de Marceline Loridan-Ivens, est un témoignage essentiel pour la mémoire de la Shoah et l'histoire de la déportation. Paru chez Grasset en 2015, ce livre, écrit avec Judith Perrignon, retrace le périple de Marceline Loridan-Ivens dans l'enfer concentrationnaire d'Auschwitz-Birkenau, Bergen-Belsen et Theresienstadt. Quatre-vingts ans après leur libération, les 27 janvier, 15 avril et 8 mai 1945, ces symboles des monstruosités du XXe siècle ne peuvent tomber dans l'oubli.
Le récit de Marceline Loridan-Ivens est construit comme une lettre d'amour à son père, Shloïme Rozenberg, déporté avec elle en 1944 et disparu peu après l'évacuation du camp. Elle lui raconte ce qui lui est arrivé depuis leur séparation devant Auschwitz : la survie quotidienne dans le camp, la faim, le froid, la brutalité, la déshumanisation, la crainte des chambres à gaz, les traitements monstrueux de Mengele et des SS ; puis le terrible voyage de camp en camp, au rythme de la déroute allemande, les convois traversant le Reich sous les bombardements, les nazis ensauvagés par la défaite ; et enfin, à la capitulation de l'Allemagne, les épidémies fauchant les rescapés, les marches interminables à travers l'Europe en ruine puis l'impossible retour à une vie normale.
Cette autobiographie d'une survivante, lauréate du Grand Prix des lectrices Elle et du prix Jean-Jacques Rousseau, s'ouvre sur le récit d'une tentative de reconstruction après l'indicible. La souffrance de l'après, le deuil et la culpabilité, l'insurmontable traumatisme, le corps marqué à vie et l'âme pour toujours prisonnière ont rarement été racontés de manière aussi poignante. La vie a repris, avec l'émancipation par la lutte politique, l'art et par l'amour. -
Reine d'Ecosse à la mort de son père, en 1542, alors qu'elle n'a que six jours et reine de France à dix sept ans, après son mariage avec François II, Marie Stuart est une des figures les plus romanesques de l'histoire.
Veuve en 1560, elle rentre en Ecosse et épouse Lord Darnley, avec qui elle ne s'entend bientôt plus. Elle devient la maîtresse de Bothwell - une liaison qui entraînera sa perte. Lorsque Bothwell assassine Darnley, l'horreur causée dans le pays par ce forfait est si grande que Bothwell est exilé : Marie Stuart doit se réfugier auprès de sa rivale Elisabeth Ier, reine d'Angleterre. Celle-ci la gardera captive vingt ans, jusqu'au jour où, tombant dans le piège d'une conspiration contre la vie d'Elisabeth, la malheureuse Marie est condamnée à mort.
Parée de mille grâces par les uns, peinte comme une criminelle par les autres, chacun reconnaît en Marie Stuart une victime, dont l'énergie dans l'épreuve et la fierté devant la mort furent admirables. Il fallait un esprit libre et l'immense talent de Stefan Zweig pour faire revivre en toute justice la femme et la reine si cruellement unies par le destin.
Sans négliger aucun des témoignages ni des travaux qui l'ont précédé, éclairant en grand psychologue les caractères des personnages de ce drame, reconstituant avec une minutieuse exactitude cette époque pleine de bruit et de fureur, Stefan Zweig a réussi pour Marie Stuart à concilier rigueur de scientifique et passion de l'artiste. -
La guerre de Troie n'aura pas lieu
Jean Giraudoux
- Grasset
- Les Cahiers Rouges
- 10 Novembre 2010
- 9782246786214
Cette tragédie réanime d'illsutres personnages de l'Iliade d'Homère et le thème en est connu : Hélène vient de se faire compliasamment enlever par Pâris, le prince troyen ; les Grecs attaqueront si elle ne leur est pas rendue. A Troie, ce fait-divers vaudevillesque déclenche les passions entre partisans de la paix (Hector, Andromaque) et bellicistes (le roi Priam et le poète Demokos). Dans le camp des Grecs qui crient vengeance, l'ambassadeur Ulysse semble bien seul...
Sur un casting mythologique, cette pièce de 1935 est très contemporaine, inspirée à Jean Giraudoux par la montée des périls en Europe. L'auteur s'engage pour la paix. Cette oeuvre n'est pourtant pas un manifeste. On y retrouve la langue de Giraudoux, son drapé, son esprit, sa causticité. Que valent tous ces talents face au destin ? En tenant "seulement compte de deux bêtises, celle des hommes et celles des éléments", Cassandre l'avait prédit : la guerre aura bien lieu. A Troie, et dans le monde. -
Joseph Fouché (1759-1820) a servi avec zèle la République, le Directoire, le Consulat, l'Empire et la Monarchie. Homme de l'ombre, disciple de Machiavel, Fouché aura survécu à tous les changements de régime sans jamais se départir de cette « absence de conviction » qui fascina Balzac autant que Stefan Zweig.
Elève chez les Oratoriens, il devint sous la Révolution un pilleur d'églises. Conventionnel modéré, il vota la mort du roi et participa activement au massacre des Lyonnais royalistes. Ambassadeur du Directoire à Dresde, il cambriola son ambassade. Ministre de la Police, à l'abri derrière ses fiches et ses mouchards, il tint tête à Talleyrand et à Bonaparte. Signataire du premier manifeste sur l'égalité, il meurt richissime, duc d'Otrante et sénateur.
Joseph Fouché, c'est l'art du reniement, la grâce du traître. Il n'y a pas de personnalité plus décriée que cet homme politique au sang froid. Stefan Zweig nous fait découvrir, à sa manière subjective, une figure cachée et essentielle de l'Histoire française. -
Albin avait raison : Louis, l'ouvrirer agricole venu de Marseille, se conduit mal avec les femmes. Le bellâtre a ensorcelé Angèle, la fille du fermier Clarius. Déshonorée, la honte au coeur, elle quitte le village de Baumugnes et sa famille pour suivre cet homme, un voyou qui va la prostituer. Elle revient fille-mère. Clarius humilié, l'enferme pour la caher aux yeux du monde. Il faut tout l'amour d'Albin pour braver le fusil d'un père suicidaire et la délivrer, elle et son enfant. L'auteur du Hussard sur le toit livre ici l'un de ses plus grands romans, avec ses phrases qui ont la "luisance d'une faux".
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« Je crois, d'abord et par-dessus tout, à la culture négro-africaine, c'est-à-dire à la Négritude, à son expression dans la poésie et dans les arts. Je crois également, pour l'avenir, à la francophonie, plus exactement à la Francité, mais intégrée dans la Latinité et, par-delà, dans une civilisation de l'Universel, où la Négritude a déjà commencé de jouer son rôle primordial. » Voici ce que, en 1988, Léopold Sedar Senghor présentait son essai dans la célèbre collection de Grasset, « Ce que je crois ».
Initié au mystère des langues et enraciné dans ce continent africain dont il fut l'un des plus éminents dirigeants, Léopold Sédar Senghor refait, dans cet ouvrage majeur, tout le chemin de sa vie et de sa mémoire. De la poésie à l'Histoire, de la biologie à la grammaire comparée, il arpente un paysage universel, où chacun pourra retrouver sa propre trace. -
Ces {Lettres, }écrites entre 1873 et 1890, sont le témoignage déchirant d'un homme sur sa peinture. Van Gogh en sa genèse, Van Gogh en ses couleurs, travaillant sans relâche. L'homme à qui s'adresse un tel déchaînement de lucidité se prénomme Théodore, marchand de tableaux "apôtre" qui envoie à son grand frère tubes, brosses, toiles et argent -- quand c'est possible.
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Zweig explore l'existence d'Erasme, les rapports secrets de son physique et de son génie, le combat inégal de l'humanisme serein et pacifiste contre le fanatisme révolutionnaire de Luther.