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PUF
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Procédant par analyse de moments ou d'oeuvres-clé, cet essai met en lumière la portée critique du jazz : critique esthétique des formes littéraires et musicales installées mais critique sociale aussi, dans la mesure où ces musiques sont portées par des gens qui, par leur « manière d'être dans la vie » (Ph. Soupault), incarnent un type de relation au corps, à la loi... alternatif à celui qui a cours dans la France d'après 1918 : ceux qu'Aragon appelait « les nègres de jazz ».Les héros de ce livre sont donc des individus célèbres ou inconnus, intempestifs ou attendus, écrivains ou musiciens : Michel Leiris et Vance Lowry, René Crevel et Eugene McCown, Cocteau et Dan Parrish, Maurice Sachs et Snakehips, Shakespeare, Céline, Louis Armstrong, Georges Perec, Mac Orlan, Alain-René Lesage, Paul Whiteman, Pierre Reverdy, Mazie Mullins, Duke Ellington, Jean Vilar, Johnny Hudgins, Beckett ou Bechet.
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Le pastiche est mal considéré dans le monde des Lettres parce qu'il va à l'encontre de l'esthétique de l'originalité qui domine depuis le romantisme, et qu'il a souvent été lié avec les genres "bas" (comique et burlesque) heurtant le "bon goût". Ce livre s'attache à en réévaluer l'histoire en considérant le pastiche, non plus seulement comme une tournure d'esprit individuelle ou une éphémère transgression ludique des grands modèles, mais comme une attitude constante dans la vie littéraire française. On découvre alors des pratiques qui perdurent depuis la Renaissance ou, plus exactement, depuis que des auteurs "modernes" sont devenus la cible de leurs contemporains. Le pastiche touche à des questions essentielles concernant l'art, le style, les transformations d'un texte, le statut social des auteurs, l'identité des écrivains. Un sujet transversal, aussi passionnant que peu abordé.
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La biographie joua pendant longtemps le rôle de bouc émissaire dans les grandes théories littéraires de la modernité préoccupées par la définition même de la littérature. Ce livre reprend cette question pour accorder à la biographie des capacités d'intervention active dans le champ littéraire - héritées des « vies » de la période prémoderne. Mettant l'accent sur la dimension « pragmatique » de la biographie, qui a d'ailleurs pour effet de gommer la distinction entre biographie et autobiographie, cette étude retrace l'histoire des relations entre littérature et biographie en France, depuis Rousseau jusqu'à Jacques Roubaud, en passant par les hauts lieux de l'écriture biographique depuis le XVIIIe jusqu'au XXIe siècle. Il propose une histoire culturelle et littéraire de la biographie dans ses relations avec la littérature, comprenant dictionnaires biographiques, critique littéraire, recueils poétiques, autobiographies modernes et récits de vie contemporains, avec des analyses en profondeur de textes clés.
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Ce livre montre comment l'Europe des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles inventa le « je-ne-sais-quoi » en tentant de mettre en mots tout ce que la relation humaine a de proprement énigmatique. Il tente de retrouver la dynamique de cette énigme en traçant l'histoire du je-ne-sais-quoi et de son lacis de significations à travers différents contextes, linguistiques, littéraires et philosophiques, dans la période de son apogée. Contrairement à ce que l'on pense d'ordinaire, le champ d'application du je-ne-sais-quoi ne se limite pas au discours littéraire ou esthétique, mais il couvre également les domaines discursifs des passions humaines, de la nature, de la culture et de la théologie. C'est ce que montre l'analyse détaillée de textes littéraires et philosophiques très divers, dont certains (Corneille, Descartes, Pascal et Leibniz) sont bien connus des lecteurs d'aujourd'hui, tandis que d'autres restent à redécouvrir. Enfin, pour esquisser une manière de sauver le je-ne-sais-quoi du déclin auquel le voue sa propre histoire, ce livre se tourne vers l'amont pour s'intéresser à la « préhistoire » du je-ne-sais-quoi qui se donne à lire chez Montaigne et Shakespeare. C'est là une manière de détacher le « je-ne-sais-quoi » de son histoire dans l'espoir de rester fidèle à l'énigme humaine qu'il est censé désigner.
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De San-Antonio, personnage et signataire en cinquante ans (1949-2000) de près de 200 romans d'aventures policières, on a souvent répété qu'il était l'écrivain que lisent même ceux qui ne lisent pas et qu'il passionnait toutes les classes de la société, « du clochard au président de la République ». On a dit aussi que son succès avait fait des éditions du Fleuve Noir un fleuve d'or. Qu'il était provocateur, drolatique et grossier, inventif et burlesque, obscène et cocasse. Qu'il avait créé 20 000 mots nouveaux, la plupart énergiques et crus ; on a vu en lui tantôt l'anti-Simenon et tantôt le nouveau Rabelais. Tout cela est largement vrai. Mais ce phénomène a fait de l'ombre à l'autre versant de l'oeuvre de son créateur Frédéric Dard (1921-2000). Or les écrits de ce dernier, véritable continent immergé, révèlent une diversité étonnante. Des centaines de romans, nouvelles, articles, pièces de théâtre, scénarios de films s'ajoutent à la série San-Antonio, pour fournir l'une des bibliographies les plus considérables de l'histoire de la littérature française. En en reliant les deux versants, on mesure mieux sa cohérence et son originalité. Ce livre, la première monographie consacrée aux multiples facettes de Frédéric Dard, resitue cette carrière unique dans son contexte éditorial et critique. Dix ans après la mort de Frédéric Dard, il offre ainsi une vue sans équivalent sur cet auteur « double » et la littérature de son temps.
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L'homme et l'oeuvre ; contribution à une histoire de la critique
José-Luis Diaz
- PUF
- Littéraires (Les)
- 31 Décembre 2015
- 9782130791805
Histoire conjointe des pratiques biographiques et de l'interprétation biographique des oeuvres littéraires, le livre prend pour centre la période romantique au sens large, où l'« homme » s'installe au coeur de la littérature.Après les résistances de l'Âge classique et du début des Lumières, viennent trois phases successives d'émergence de la curiosité biographique au cours du XVIIIe siècle. La critique biographique que fonde Sainte-Beuve s'inscrit, en le modifiant déjà, dans le paradigme biographique qu'impose l'âge romantique. La période suivante est contradictoire : culte de l'« impersonnalité » d'une part, triomphe de la biographie dans l'édition et l'enseignement de l'autre. Entre Proust et Barthes, le livre s'achève sur une vision synoptique du XXe siècle, celui de diverses « morts de l'auteur » puis de retour du « biographique ».
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Les fictions de jeunesse privilégient l'aventure et mettent à profit les ressources immersives des médias pour en faire une expérience vécue. Elles participent à la construction identitaire de leurs consommateurs en les introduisant dans un monde périlleux sur les pas d'un guide, à la suite d'une catastrophe ou à la faveur d'un simulacre. Ces façons d'entrer dans l'aventure en déterminent le sens ; elles donnent au récit un tour qui peut être initiatique, nostalgique ou ludique. Du point de vue de la création, ces productions se caractérisent par un constant renouvellement de stéréotypes, de décors ou de personnages qui, au fil du temps, s'émancipent de leurs créateurs pour acquérir une vie propre, favorisée par la diversification des supports. Elles sont aussi l'occasion d'une réflexion sur la fiction et ses rapports à la réalité. Du point de vue de la réception, elles reflètent et alimentent les représentations du monde auxquelles adhère leur public, et mettent en place un système de valeurs à travers une série d'oppositions entre jeunes et vieux, filles et garçons, hommes et animaux. Elles contribuent à l'émergence d'une culture mondialisée et intermédiatique, concurrente de la culture scolaire.
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On ne peut pas tout réduire à des stratégies
Nicolas Schapira, Dinah Ribard
- PUF
- Littéraires (Les)
- 24 Janvier 2023
- 9782130806714
Ce livre rassemble des historiens, des sociologues et des spécialistes de la littérature qui explicitent la manière dont se nouent les rapports entre les écrits et la vie de leurs auteurs. Comment faire leur juste place à ces écrits et les interpréter dans l'analyse des parcours de ceux qui les ont composés, conservés ou publiés ? Les réponses sont ici présentées en reprenant des cas concrets de recherche : on rencontrera des écrivains patentés des époques moderne et contemporaine, mais également des jésuites rédigeant des lettres pour partir aux Indes, des fanatiques religieux, des littérateurs qui font aussi une carrière militaire sous la Révolution, des juristes du temps de Louis XIV, un petit noble tenant journal, un secrétaire auteur, un prince factieux écrivant des manifestes.
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De La Fontaine à Rameau, des "fêtes galantes" organisées à Versailles aux Fêtes galantes de Watteau, un large courant esthétique parcourt la France de l'Ancien Régime. Il construit l'idéal du galant homme à la fois homme d'honneur et compagnon agréable. Cette dynamique liée à l'essor de nouvelles élites domine alors la France et l'Europe. Présente dans tous les arts et tous les aspects des moeurs, elle érige en valeurs cruciales l'esthétique de la sensibilité tempérée et l'éthique du respect. Pour autant elle n'est pas exempte de contradictions et de querelles, les dévots la combattent tandis que certains galants la dévoient en libertinage. Cette enquête passionnante et originale revisite des pans entiers de l'histoire littéraire et culturelle, elle ressaisit les façons de penser et de sentir d'une époque, celle du temps où la France était galante et met en lumière la modernité d'un idéal dont les échos hantent toujours le devenir de notre culture.
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Anthony Glinoer explore dans ce livre l'histoire et les enjeux de la littérature frénétique (également appelée noire, d'horreur, gothique) en France. Après avoir situé ce genre dans le cadre des débats sur la littérature industrielle, la première partie du livre retrace l'histoire du genre dans la littérature française du XVIIe au XXe siècle (Rosset, l'abbé Prévost, Sade, Nodier, Hugo, Dumas, le théâtre du Grand-Guignol, l'avènement du cinéma fantastique, Jean Ray, la littérature gore). Revenant à l'époque romantique, le livre se penche dans sa seconde partie sur le développement d'un roman frénétique hérité du gothic novel anglais dans la littérature française. Histoire de l'édition, histoire de la critique, analyse des discours sont mobilisés pour étudier les conditions de production et de reconnaissance de la littérature à cette époque et pour répondre à cette question : pourquoi et comment le frénétique a-t-il subi un tel dénigrement en France ?
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Dans son ensemble, la littérature européenne semble faire peu de cas des objets du réel ; en revanche, il y est souvent question de carrosses, coches, fiacres et divers types de véhicules utilisés pour les déplacements mais aussi comme lieux d'intimité, de méditation ou de conversations. Ces dernières fonctions semblent proprement littéraires et sont le sujet de cet ouvrage. Celui-ci se divise en deux parties : l'une, historique, qui traite de l'évolution des voitures hippomobiles et de l'état du réseau routier et des relais ; l'autre, analytique, qui suit de près l'évolution et l'homogénéité du fonctionnement de ces "voitures littéraires" dans une série d'oeuvres européennes du XVIIe au XXe siècle. Une analyse très originale de la fonction du carrosse (l'auteur justifie l'emploi de ce terme et non celui de voiture) en littérature.