Seuil
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Un fils apprend au téléphone le décès de son père. Ils s'étaient éloignés : un malentendu, des drames puis des non-dits, et la distance désormais infranchissable.
Maintenant que l'absence a remplacé le silence, le fils revient à Trappes, le quartier de son enfance, pour veiller avec ses soeurs la dépouille du défunt et trier ses affaires. Tandis qu'il débarrasse l'appartement, il découvre une enveloppe épaisse contenant quantité de cassettes audio, chacune datée et portant un nom de lieu. Il en écoute une et entend la voix de son père qui s'adresse à son propre père resté au Maroc. Il y raconte sa vie en France, année après année. Notre narrateur décide alors de partir sur les traces de ce taiseux dont la voix semble comme resurgir du passé. Le nord de la France, les mines de charbon des Trente Glorieuses, les usines d'Aubervilliers et de Besançon, les maraîchages et les camps de harkis en Camargue : le fils entend l'histoire de son père et le sens de ses silences. -
En 2022, en pleine crise de l'hôpital, Camille Cambon, médecin légiste vaillante et brillante, reçoit un mail énigmatique. Il y est question du peintre Goya et de son crâne volé après son inhumation à Bordeaux en 1828, et dont on a depuis perdu la trace. D'abord portraitiste officiel de la cour, aimé des puissants, le maître espagnol devint, à la suite d'une maladie, l'observateur implacable et visionnaire des ténèbres de l'âme humaine.
Les parents de Camille et son parrain, neurologue, se sont passionnés pour l'oeuvre de Goya, avant de devenir des scientifiques de renommée internationale.
Camille part rencontrer à Bordeaux sa mystérieuse correspondante, une ancienne directrice de théâtre qui a bien connu ces trois-là, alors étudiants en médecine, dans les années 1960, et semble tout savoir de leur obsession partagée pour Goya. Une quête effrénée, entre passion scientifique et déraison, où chacun a pris toutes les libertés et tous les risques, au point de s'y brûler les ailes.
Du siècle des Lumières à la création d'une société secrète de médecins, Les Alchimies est une fresque captivante sur l'origine du génie, les amitiés qui ressemblent à l'amour, les pouvoirs obscurs et merveilleux de l'art.Sarah Chiche est écrivaine. Après Les Enténébrés (2019) et Saturne (2020), qui l'ont révélée à un large public, Les Alchimies est son cinquième roman. -
Un matin de la Grande Guerre, le capitaine Armand siffle l'attaque contre l'ennemi allemand. Les soldats s'élancent. Dans leurs rangs, Alfa Ndiaye et Mademba Diop, deux tirailleurs sénégalais parmi tous ceux qui se battent alors sous le drapeau français. Quelques mètres après avoir jailli de la tranchée, Mademba tombe, blessé à mort, sous les yeux d'Alfa, son ami d'enfance, son plus que frère. Alfa se retrouve seul dans la folie du grand massacre, sa raison s'enfuit. Lui, le paysan d'Afrique, va distribuer la mort sur cette terre sans nom. Détaché de tout, y compris de lui-même, il répand sa propre violence, sème l'effroi. Au point d'effrayer ses camarades. Son évacuation à l'Arrière est le prélude à une remémoration de son passé en Afrique, tout un monde à la fois perdu et ressuscité dont la convocation fait figure d'ultime et splendide résistance à la première boucherie de l'ère moderne.
Né à Paris en 1966, David Diop a grandi au Sénégal. Il est actuellement maître de conférences à l'université de Pau.
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"Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d'entendre ma mère dire Qu'est-ce qui fait le débile là ? Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J'étais déjà loin, je n'appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait. Je suis allé dans les champs et j'ai marché une bonne partie de la nuit, la fraîcheur du Nord, les chemins de terre, l'odeur de colza, très forte à ce moment de l'année. Toute la nuit fut consacrée à l'élaboration de ma nouvelle vie loin d'ici."
En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Très vite j'ai été pour ma famille et les autres une source de honte, et même de dégoût. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre.
Édouard Louis a 21 ans. Il a déjà publié Pierre Bourdieu: l'insoumission en héritage (PUF, 2013). En finir avec Eddy Bellegueule est son premier roman.
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« Un rêve de livre vous habite et vous suit partout, mais il vit sa vie et vous la vôtre. Un jour vous le tenez, le suivant, il n'est plus là. Cette folie, d'avoir voulu défier la réalité avec pour toute arme une pauvre épée de papier ! »
Attentive aux questions de ses lecteurs, Irène Frain réfléchit sur sa pratique depuis des années. En animant des ateliers d'écriture, elle a découvert qu'elle ne pouvait pas donner de conseils aux apprentis écrivains sans leur apprendre comment apprivoiser les peurs qui précèdent nécessairement tout acte créatif.
À leurs blocages, les manuels de « trucs et ficelles » ne répondent pas, alors qu'il est des chemins pour retrouver la créativité spontanée et l'imagination qui nous habitaient pendant notre enfance.
Plutôt que de livrer de mythiques « secrets d'écriture », Irène Frain a préféré partager son expérience au fil de récits où elle se remémore la naissance de son propre désir d'écrire. Elle illustre son propos d'exemples concrets et de références littéraires universelles. D'où un livre au ton unique, drôle, incisif, accessible, qui invite tous ceux qui aiment lire à vivre enfin l'inégalable aventure de l'écriture.
Irène Frain s'est illustrée par une trentaine de romans et biographies salués par la critique et le public pour leur souffle narratif, et certains sont devenus des classiques : Le Nabab, Secret de famille, Devi, Les Naufragés de l'île Tromelin, Sorti de rien, Marie Curie
prend un amant. Son roman, Un crime sans importance (Seuil, 2020), a reçu le prix Interallié. -
« Souviens-toi, maman : nous étions tes enfants. »
C.K.
C'est l'histoire d'une grande famille qui aime débattre, rire et danser, qui aime le soleil et l'été.
C'est le récit incandescent d'une femme qui ose enfin raconter ce qui a longtemps fait taire la familia grande.
Camille Kouchner, 45 ans, est maître de conférences en droit. La Familia grande est son premier livre. -
« Une question s'est imposée au centre de ma vie, elle a concentré toutes mes réflexions, occupé tous les moments où j'étais seul avec moi-même : comment est-ce que je pouvais prendre ma revanche sur mon passé, par quels moyens ? J'essayais tout. »
É. L.
Édouard Louis est l'auteur de plusieurs livres autobiographiques. Il est également un des traducteurs de la poétesse canadienne Anne Carson. -
Entre 1942 et 1944, des milliers d’enfants juifs, rendus orphelins par la déportation de leurs parents, ont été séquestrés par le gouvernement de Vichy. Maintenus dans un sort indécis, leurs noms transmis aux préfectures, ils étaient à la merci des prochaines rafles.
Parmi eux, un groupe de petites filles. Mireille, Jacqueline, Henriette, Andrée, Jeanne et Rose sont menées de camps d’internement en foyers d’accueil, de Beaune-la-Rolande à Paris. Cloé Korman cherche à savoir qui étaient ces enfants, ces trois cousines de son père qu’elle aurait dû connaître si elles n’avaient été assassinées, et leurs amies.
C'est le récit des traces concrètes de Vichy dans la France d’aujourd’hui. Mais aussi celui du génie de l’enfance, du tremblement des possibles. Des formes de la révolte.
Cloé Korman est née en 1983 à Paris. Son premier roman, Les Hommes-couleurs (Seuil, 2010), a été récompensé par le prix du Livre Inter et le prix Valery-Larbaud. En 2013, elle a publié, toujours au Seuil, Les Saisons de Louveplaine, puis Midi en 2018, et Tu ressembles à une juive en 2020. -
Casablanca la bruyante océanique, Tanger la rêveuse méditerranéenne et Fès la spirituelle septentrionale forment le triangle d’or du nouveau livre de Tahar Ben Jelloun. C’est dans ce plus beau pays du monde que l'auteur situe ses histoires, terribles ou au contraire légères, baladant son lecteur à travers les siècles, les langues et les deux rives de la Méditerranée. Il nous rappelle la richesse d’un Maroc polyglotte et multiculturel et invente des personnages qu’un hasard bouscule, venant transformer le cours de leur vie : une femme qui décide de vous ruiner, des imbroglios administratifs qui vous rendent l'existence infernale, un amour de jeunesse qu’il n’aurait pas fallu revoir, les convives d’un dîner aux prises avec le poids des traditions... D’une médina à une mégalopole, d’une paillote à un hôtel luxueux, d’une corniche maritime à un palais merveilleux, l'écrivain déploie sa narration en célébrant l’humanité sensible qui compose le Maroc.
Tahar Ben Jelloun est un écrivain franco-marocain à la carrière internationale. Il a publié la majeure partie de son œuvre au Seuil dont L’Enfant de sable, La Nuit sacrée (prix Goncourt en 1987) ou encore Le Racisme expliqué à ma fille. -
Un jour d'août 1853, une goélette jette l'ancre dans un port californien. À la couleur de sa grand-voile, les habitants comprennent que son capitaine a réussi l'impensable : capturer la « Femme Solitaire », ultime représentante d'un peuple immémorial, abandonnée dix-huit ans plus tôt dans une île sauvage située au large de Los Angeles et Santa Barbara.
Elle parle une langue énigmatique et, contre toute attente, irradie une joie extraordinaire. Un nouveau venu dans la région, le Dr Shaw, noue avec elle un lien très fort. Pendant qu'il tente de déchiffrer sa langue, il s'interroge : qu'a-t-elle vécu dans l'île ? Les clans de la
ville se reforment et menacent la survie de la Femme Solitaire. Le Dr Shaw prend fait et cause pour elle - un combat pour la vérité.
Tel est le ressort de ce magnifique roman choral fondé sur un fait divers authentique. On y retrouve la passion d'Irène Frain pour les héroïnes confrontées à l'adversité, les peuples opprimés, les langues perdues, l'océan, les horizons lointains.L'oeuvre d'Irène Frain est riche d'une trentaine de romans et biographies salués par la critique et le public pour leur souffle narratif et leur documentation sans faille. Certains sont devenus des classiques : Le Nabab, Secret de famille, Devi, Les Naufragés de l'île Tromelin, Sorti de rien, Marie Curie prend un amant. Son dernier roman, Un crime sans importance (Seuil, 2020), a reçu le prix Interallié. -
Pendant une grande partie de sa vie ma mère a vécu dans la pauvreté et la nécessité, à l'écart de tout, écrasée et parfois même humiliée par la violence masculine. Son existence semblait délimitée pour toujours par cette double domination, la domination de classe et celle liée à sa condition de femme. Pourtant, un jour, à quarante-cinq ans, elle s'est révoltée contre cette vie, elle a fui et petit à petit elle a constitué sa liberté. Ce livre est l'histoire de cette métamorphose.
É. L. -
« Trois mois. D'après maman, ça fait précisément trois mois aujourd'hui qu'on est enterrés dans ce fichu camp. Et ça fait presque quatre ans que j'ai quitté l'école Jacques-Prévert de Sarcelles. »
R. B.
Fabien est un petit garçon heureux qui aime, le football, la poésie et ses copains, jusqu'au jour où ses parents rejoignent la Syrie. Ce roman poignant et d'une grande humanité raconte le cauchemar éveillé d'un enfant lucide, courageux et aimant qui va affronter l'horreur. -
Dans le Paris des Trente Glorieuses, une enfant assiste aux réunions des femmes de la famille organisées au domicile de sa mère, Lucie, dans un immeuble haussmannien. On parle chiffons et on s’échange les potins du jour. L’ambiance est joyeuse. Plus agitée, aussi, quand il s’agit d’évoquer, à mots voilés, le passé de Lucie, ce grand amour qu’elle aurait connu, pendant la Seconde Guerre mondiale, avant de se remarier.
Qui est Lucie ? Qu’a-t-elle fait précisément, avant ?
De fil en aiguille, perçant les mensonges et les non-dits de cette mère énigmatique, l’enfant, devenue adulte et historienne de profession, met à nu la part d’ombre de Lucie et de toute une partie de sa famille. Les masques tombent, et l’histoire de cette femme, collaboratrice zélée, en France, sous l’Occupation, se révèle en plein, à l’image d’un passé collectif dont on n’a, aujourd’hui encore, pas fini de faire l’inventaire. La Propagandiste jette un regard sans concession sur la France de la collaboration et son empreinte sur notre mémoire collective.
Née à Paris en 1957, Cécile Desprairies est germaniste et historienne de l’Occupation en France. Elle a publié de nombreux ouvrages sur les images de propagande, les lieux et les lois de cette période, notamment Paris dans la collaboration (Seuil, 2009). La Propagandiste est son premier roman. -
" L'histoire de ton corps accuse l'histoire politique. "
Édouard Louis a publié deux romans, En finir avec Eddy Bellegueule et Histoire de la violence, qui ont été traduits dans une trentaine de langues.
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Un enfant se souvient de sa grand-mère, Pià Nerina, et de la dernière fois qu'il l'a vue, soir fatidique où devant ses yeux, elle s'est jetée par la fenêtre de leur grand appartement près de la place de l'Étoile. Point de départ d'un huis clos infernal raconté par l'unique survivant, ce petit garçon devenu grand.
De Naples à Paris en passant par la Riviera se dessine alors une quête pour remonter aux origines. Qui était Pià Nerina ? Par quels moyens, Napolitaine sans le sou mais jeune femme flamboyante, a-t-elle réussi, sans un diplôme, sans travail déclaré, à constituer ce patrimoine dans les beaux quartiers de Paris ? Fausses dates de naissance, fausses adresses, faux mariage : l'auteur découvre une vie aventureuse où les fuites succèdent
aux mensonges. Où plane l'ombre d'un homme dont il faut coûte que coûte dissimuler l'identité. Où la folie d'une fille idolâtrée, sa violence deviennent le prix à payer pour s'être affranchie des lois et des codes. Prisonnières à tout jamais, l'une et l'autre, de l'Hôtel de la Folie. -
« Je n'arrive pas à croire à ce qui vient de m'arriver. Coincé sur la banquette arrière entre Mohamed et Ali qui tentent de me réconforter, Randal à la manoeuvre de cette R30 aux amortisseurs foutus, nous traversons telle une boule de billard trempée dans l'huile ces avenues aux noms de héros communistes. J'ai envie de pleurer mais une boule de chagrin dure comme un kyste m'en empêche. Je veux retrouver ce rêve presque achevé, je veux m'asseoir à nouveau dans le noir pour lui donner forme et vie, je veux retrouver mon film. »
Hippolyte Girardot est comédien, scénariste et chroniqueur à la radio. De 1977 à 1982, il animait un atelier de films en Super 8 dans un centre culturel de la banlieue parisienne. En se plongeant dans le labyrinthe de sa jeunesse à la recherche d'un film perdu, il s'interroge sur ses illusions et celles de cette époque. -
« Pourquoi, Monsieur, expliquez-moi pourquoi, vous moquez-vous de votre Quichotte lorsqu'il ne s'accommode pas de ce qu'on appelle, pour aller vite, la réalité ? »
Une femme d'aujourd'hui interpelle Cervantes, génial inventeur de Don Quichotte, dans une suite de quinze lettres. Tour à tour ironique, cinglante, cocasse, tendre, elle dresse l'inventaire de ce que le célèbre écrivain espagnol a fait subir de mésaventures à son héros pourfendeur de moulins à vent.
Convoquant ainsi l'auteur de toute une époque pour mieux parler de la nôtre, l'autrice de Pas pleurer brosse le portrait de l'homme révolté par excellence, animé par le désir farouche d'agrandir une réalité étroite et inique aux dimensions de son rêve de justice.
Un livre-manifeste, autant qu'un vibrant hommage à un héros universel et à son créateur. -
J'ai rencontré Reda un soir de Noël. Je rentrais chez moi après un repas avec des amis, vers quatre heures du matin. Il m'a abordé dans la rue et j'ai fini par lui proposer de monter dans mon studio. Ensuite, il m'a raconté l'histoire de son enfance et celle de l'arrivée en France de son père, qui avait fui l'Algérie. Nous avons passé le reste de la nuit ensemble, on discutait, on riait. Vers six heures du matin, il a sorti un revolver et il a dit qu'il allait me tuer. Il m'a insulté, étranglé, violé. Le lendemain, les démarches médicales et judiciaires ont commencé.
Plus tard, je me suis confié à ma sœur. Je l'ai entendue raconter à sa manière ces événements.
En revenant sur mon enfance, mais aussi sur la vie de Reda et celle de son père, en réfléchissant à l'émigration, au racisme, à la misère, au désir ou aux effets du traumatisme, je voudrais à mon tour comprendre ce qui s'est passé cette nuit-là. Et par là, esquisser une histoire de la violence.
E. L.
Édouard Louis a publié En finir avec Eddy Bellegueule (Seuil, 2014) et, sous sa direction, Pierre Bourdieu. L'insoumission en héritage (PUF, 2013). Il a créé la collection " Des mots " aux Presses universitaires de France.
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Solange est une jeune femme mal dans sa peau, taraudée par un problème d’enfance, un doute qu’elle n’a jamais eu le courage d’éclaircir. Ce malaise, profondément refoulé, l’a amenée à rompre avec sa famille, non sans en éprouver une sourde culpabilité dont elle fait injustement payer le prix à son charmant mari…
Au détour d’un voyage à Nîmes organisé avec ses collègues de travail, Solange rencontre, au pied des arènes de la ville, une fabuleuse clocharde qu’elle est persuadée avoir connue brillante et libre femme d’affaires alors qu’elle-même était adolescente. Commence alors pour Solange, guidée par un mystérieux instinct, en compagnie de cette femme hors norme et de deux compagnons bateleurs, des « seigneurs de la rue », une aventure humaine et folle de trois jours qui va bousculer sa vision du monde et changer le cours de sa vie.
Porté par des personnages aussi attachants que surprenants, le nouveau roman d’Anny Duperey est l’histoire d’une rédemption inattendue – une psychanalyse sauvage en forme de conte !
Anny Duperey est comédienne de théâtre et actrice de cinéma. Elle est l’auteur, au Seuil, de romans à succès, dont Le Nez de Mazarin, L’Admiroir (couronné par l’Académie française), Allons voir plus loin, veux-tu ?, Une soirée, et d’ouvrages plus autobiographiques comme Le Voile noir, Je vous écris, Les Chats de hasard, Le Poil et la Plume ou encore Le Rêve de ma mère. -
Automne 1977 : Harry, trente-quatre ans, meurt dans des circonstances tragiques, laissant derrière lui sa fille de quinze mois. Avril 2019 : celle-ci rencontre une femme qui a connu Harry enfant, pendant la guerre d'Algérie. Se déploie alors le roman de ce père amoureux des étoiles, issu d'une grande lignée de médecins. Exilés d'Algérie au moment de l'indépendance, ils rebâtissent un empire médical en France. Mais les prémices du désastre se nichent au coeur même de la gloire. Harry croise la route d'une femme à la beauté incendiaire. Leur passion fera voler en éclats les reliques d'un royaume où l'argent coule à flots. À l'autre bout de cette légende noire, la personne qui a écrit ce livre raconte avec férocité et drôlerie une enfance hantée par le deuil, et dévoile comment, à l'image de son père, elle faillit être engloutie à son tour.
Roman du crépuscule d'un monde, de l'épreuve de nos deuils et d'une maladie qui fut une damnation avant
d'être une chance, Saturne est aussi une grande histoire d'amour : celle d'une enfant qui aurait dû mourir, mais
qui est devenue écrivain parce que, une nuit, elle en avait fait la promesse au fantôme de son père. -
PRIX INTERALLIE 2020
« Les faits. Le peu qu'on en a su pendant des mois. Ce qu'on a cru savoir. Les rumeurs, les récits. Sur ce meurtre, longtemps, l'unique certitude fut la météo. Ce samedi-là, il a fait beau. Dans les commerces et sur les parkings des hypermarchés, on pointait le ciel, on parlait d'été indien. Certains avaient ressorti leur bermuda et leurs tongs. Ils projetaient d'organiser des barbecues dans leur jardin.
L'agresseur, a-t-on assuré, s'est introduit dans la maison de l'impasse en plein jour. On ignore à quelle heure. Pour trancher, il faudrait disposer du rapport du policier qui a dirigé les investigations. Malheureusement, quatorze mois après les faits, il ne l'a toujours pas rendu. »
Face à l'opacité de ce fait divers qui l'a touchée de près - peut-être l'oeuvre d'un serial killer -, Irène Frain a reconstitué l'envers d'une ville de la banlieue ordinaire. Pour conjurer le silence de sa famille, mais aussi réparer ce que la justice a ignoré. Un crime sans importance est un récit taillé comme du cristal, qui mêle l'intime et le social dans des pages tour à tour éblouissantes, drôles ou poignantes. -
« Si on lui faisait le récit d'une fête donnée en ces lieux, il voulait savoir ce qui s'y était bu, quelles drogues
avaient circulé. Tout en lui l'emmenait à New York. Il s'épuisait à en rêver. » C. G.222 Bowery, sud-est de Manhattan. L'adresse a abrité, dit-on, l'atelier de Fernand Léger pendant la guerre. Mark Rothko y a peint des toiles décisives pour la suite de son oeuvre. Dans les années 1960, le poète John Giorno y a organisé des soirées extravagantes où la bohème se pressait autour de William Burroughs. Le mage de la Beat Generation, après des années d'errance, s'était en effet installé dans l'entresol sans fenêtres surnommé le Bunker.
Le 222 revit ici au gré des déambulations du passant du Bowery, narrateur énigmatique et fasciné qui, pièce par pièce, étage après étage, nous entraîne avec une nostalgie fougueuse dans la douceur enfiévrée des nuits et des jours de cet immeuble tout aussi méconnu que mythique.
Clément Ghys est rédacteur en chef adjoint de M le magazine du Monde. -
Comment se faire un nom ?
Comment émerger de la masse ?
Comment s'arracher à son insignifiance ?
Comment s'acheter une notoriété ?
Comment intriguer, abuser, écraser, challenger ?
Comment mentir sans le paraître ? Comment obtenir la faveur des puissants et leur passer discrètement de la pommade ? Comment évincer les rivaux, embobiner les foules, enfumer les naïfs, amadouer les rogues, écraser les méchants et rabattre leur morgue ? Comment se servir, mine de rien, de ses meilleurs amis ? Par quels savants stratagèmes, par quelles souplesses d'anguille, par quelles supercheries et quels roucoulements gagner la renommée et devenir objet d'adulation ?Lydie Salvayre a écrit une douzaine de romans, traduits dans de nombreuses langues, parmi lesquels La Compagnie des spectres (prix Novembre), BW (prix François-Billetdoux) et Pas pleurer (prix Goncourt 2014). -
Quelque part entre la banlieue et la campagne, là où leurs parents ont eux-mêmes grandi, Jonas et ses amis tuent le temps. Ils fument, ils jouent aux cartes, ils font pousser de l'herbe dans le jardin, et quand ils sortent, c'est pour constater ce qui les éloigne des autres.
Dans cet univers à cheval entre deux mondes, où tout semble voué à la répétition du même, leur fief, c'est le langage, son usage et son accès, qu'il soit porté par Lahuiss quand il interprète le Candide de Voltaire et explique aux autres comment parler aux filles pour les séduire, par Poto quand il rappe ou invective ses amis, par Ixe et ses sublimes fautes d'orthographe. Ce qui est en jeu, c'est la montée progressive d'une poésie de l'existence dans un monde sans horizon.
Au fil de ce roman écrit au cordeau, une gravité se dégage, une beauté qu'on extirpe du tragique ordinaire, à travers une voix neuve, celle de l'auteur de Fief.
David Lopez a trente ans. Fief est son premier roman.