Caïn n'est pas une tragédie classique, mais un "mystère" métaphysique, aux tonalités baudelairiennes, où dominent les thèmes de la révolte, de la faute et de la culpabilité. Caïn est le rebelle total, le négateur de Dieu et de la nécessité même de la vie. Lucifer pour le séduire engage avec lui un grand dialogue sur les misères de la condition humaine, et l'entraîne dans un voyage fantastique à travers l'espace et le temps. Caïn finira par tuer son frère Abel, figure de la soumission à Dieu. Cette pièce tourmentée, éclaircie par quelques moments idylliques, fut encensée par Goethe et Shelley, et au XXe siècle par Tomasi di Lampedusa.
Lord Byron (1788-1824) est la figure romantique par excellence. Sa vie sentimentale scandaleuse, son dandysme, son exil en Italie, ont un peu éclipsé son oeuvre même, aujourd'hui injustement méconnue en France.
Une rumeur gronde depuis les tombes du cimetière de Spoon River. C'est la voix des morts. Depuis l'au-delà, les habitants ensevelis retracent dans des mots taillés à la serpe la cause de leur décès.Règlement de comptes et autres aveux dépeignent une véritable fresque sociale. De la femme trompée au juge déwchu, le ressentiment se répand comme une traînée de poudre. Entre ses allées, le calme n'est qu'apparent, la rancoeur n'aura de cesse de perturber un repos éternel. Chef d'orchestre de ces voix, Edgar Lee Masters signe là un roman extrêmement original au ton férocement satirique, qui repose sur une mise en perspective des monologues au moyen d'échos et d'allusions croisées. Mais ce n'est pas tout : il compose du même coup de véritables poèmes en vers libres, qui tiennent de l'épigramme et prennent le contre-pied de l'éloge funèbre. Passions et rancoeurs animent ce microcosme, allégorie de toute l'Amérique, loin de tout cliché bucolique. Foudroyant.